de vudeloin » Dim 24 Avr 2011 17:38
Revenons au sujet et parlons un peu du Parti socialiste, parce que, mine de rien, c'est tout de même ce parti qui a gagné les élections présidentielle et législatives du printemps 1981.
Nous rappellerons pour aller un peu vite que le 10 juin 1971, François Mitterrand, avec ses amis de la Convention des Institutions Républicaines, petit groupement politique de moins de 10 000 supporters, adhère au Parti socialiste en phase de constitution, sur la base du Nouveau Parti socialiste lancé deux ans avant au Congrès d'Issy les Moulineaux par Alain Savary et de la dissolution de l'ancienne SFIO de Guy Mollet...
Le même jour ou presque, dans les salons de l'hôtel « Duc d'Enghien « situé à peu de distance du gymnase Léo Lagrange d'Epinay où se déroule le Congrès de l'unité des socialistes, François Mitterrand reçoit l'accord de Pierre Mauroy, patron des socialistes du Nord et de la Fédération Léo Lagrange, de Gaston Defferre et de sa puissante fédération des Bouches du Rhône et du CERES, le club de réflexion et d'audace intellectuelle des jeunes loups du socialisme comme Jean Pierre Chevènement, Georges Sarre ou Didier Motchane pour devenir le lendemain le Premier secrétaire du nouveau Parti Socialiste.
Un homme politique, quelque peu expérimenté, se retrouve hors jeu dans cette affaire là : c'est Robespîerrot, c'est à dire Guy Mollet, dont la démarche politique va être nettement battue en brèche par un nouveau PS dont l'Union de la gauche constituera à la fois l'outil et la fin de l'action politique à venir.
La signature du Programme Commun de gouvernement, avec le PCF, rejoint ensuite par le Mouvement des Radicaux de Gauche, mais aussi par des organisations syndicales comme la CGT ou la FEN, constitue une première étape dans ce processus.
Le résultat encourageant des élections législatives de 1973, la performance du candidat unique de la gauche, François Mitterrand, en mai 1974, les succès aux cantonales de 1976 et aux municipales de 1977 ont constitué les jalons de l'avancée électorale pour le moins du Parti.
Pour autant, le PS a aussi connu un renforcement de son organisation, fondé en particulier sur l'adhésion massive de militants syndicaux et politiques venus d'ailleurs lors des Assises du socialisme en 1974.
Et singulièrement le ralliement d'une grande partie du PSU, en particulier de personnalités comme Michel Rocard ou encore Robert Chapuis.
Ces adhésions et ce renforcement ont conduit, pour ceux qui l'auraient oublié, à la structuration de courants divers au sein du Parti socialiste, dont l'émergence du « rocardisme « à la fin des années 70 et, spectaculairement, lors du Congrès de Metz en 1980, traduisent aussi des différences d'appréciation sur les voies politiques à mener pour parvenir au pouvoir ou les contenus à donner à l'alternative politique représentée par la gauche.
La montée en puissance du courant rocardien ( incarné par l'intéressé lui même, devenu maire de Conflans Sainte Honorine et député des Yvelines, mais aussi par des hommes comme Jean Pierre Sueur ou encore Alain Richard, ainsi qu'une bonne partie des adhérents et responsables socialistes de l'Ouest ou de l'Est de la France ) se traduit par un score relativement élevé de la motion Rocard lors du Congrès de Metz, où se pose même; de manière un peu insidieuse peut être, la question de la validité de la candidature de François Mitterrand pour 1981.
Point d'orgue de cette évolution : Michel Rocard annonce, depuis sa mairie de Conflans Sainte Honorine, sa candidature à l'élection présidentielle.
Mais rien n'arrête la volonté mitterrandienne qui annonce sa candidature, malgré tout, et emporte évidemment l'adhésion majoritaire des socialistes.
Notons aussi, en attendant la suite, que le candidat PS publia alors, pour constituer autant de réponses aux attentes présumées de l'électorat un ensemble de 110 propositions dont quelques unes sont devenues emblématiques de l'alternance politique ( abolition de la peine de mort ) et d'autres ont attendu un peu plus longtemps pour devenir réalité ( trente cinq heures par exemple )...
Mais on peut toutefois penser que sa victoire procède d'abord et avant tout d'avoir été le produit de l'émergence et du renforcement d'une organisation politique pour le moins mal en point jusqu'alors et dont le déclin avait été une réalité entre 1956 ( dernière année où la France avait voté en faveur d'un Premier ministre socialiste ) et 1971, le point le plus bas étant marqué par les 5,01 % de la candidature Defferre de 1969.
Peut être que l'aggiornamento du PS, épousant plus précisément ce qui montait dans l'opinion publique, cultivant notamment les champs idéologiques ouverts par les évènements de 1968, avait constitué l'élément principal du succès de 1981 et donné la preuve que, même tombé au plus bas, un parti, dès lors qu'il représente un courant d'opinion durablement présent dans les mentalités collectives, peut fort bien rebondir...