de vudeloin » Dim 13 Mar 2011 23:35
Au moins il y a une chose de sûre, c'est que le cadavre bouge encore, si l'on peut dire !
N'en déplaise à baudoin, je n'ai pas de fascination particulière pour la faucille et le marteau, mais je constate, en restant courtois ( c'est le cas de le dire ) que la simple évocation de certains faits et un jugement sur ces faits suffisent à hérisser le poil de ceux qui se demandent comment un parti comme celui ci peut encore exister.
Tout simplement parce que nous sommes en France, aussi étrange que cela puisse paraître...
N'en déplaise à ceux qui s'en accommodent un peu vite, les communistes français n'ont effectivement pas attendu le 22 juin 1941 pour résister à l'occupant nazi, même s'il faut se situer dans les conditions de l'époque...
Allez faire vivre une organisation politique dans les années 39 – 40 quand votre parti est purement et simplement interdit et que ses adhérents et militants sont tout simplement passibles de la prison ou, au mieux, du bataillon disciplinaire au front...
Aujourd'hui, n'importe qui peut militer dans un parti politique, puisque nous sommes dans un pays libre et démocratique, et on ne peut de toute manière pas oublier que cette liberté et cette démocratie, quelque part, doivent beaucoup à l'engagement direct des Résistants communistes des années noires...
Comme de Pierre Brossolette le socialiste, de Jean Moulin le radical; d'Honoré d'Estienne d'Orves le chrétien ou de Jean de Lattre de Tassigny le monarchiste...
Revenons à nos jours d'aujourd'hui, comme dirait l'autre...
Le PCF, grandi par la Résistance, au contraire du Parti Radical dont le déclin s'est accéléré à la Libération, s'est trouvé confronté aux problèmes sérieux nés de la révélation du rapport Khroutchev et du retard qu'il a constitué au regard de certaines évolutions de la société française...
Il eut une attitude que j'estime louable sur les enjeux de la décolonisation, au contraire par exemple de la SFIO qui connut quand même quelques sérieux soubresauts à l'occasion de la guerre sans nom, celle d'Algérie.
Mais le Parti n'a pas plus pris le temps de réfléchir et d'agir sur les évolutions de la société française, marquant notamment un retard significatif sur les questions essentielles de l'évolution des moeurs et de la place de la femme dans la société, les vers d'Aragon ne pesant pas toujours d'un grand poids à certains moments face aux affirmations péremptoires de Jeannette Vermeersch...
Deux enjeux stratégiques se posent toutefois pour le PCF : est il devenu comme une sorte d'astre mort, une Lune de la gauche qui serait toujours dans le paysage mais qui brillerait que par la réverbération du Soleil ?
Ou est il encore une étoile, qui, comme toutes les étoiles, a une énergie à dépenser pour rayonner ?
Premier enjeu, prendre la juste mesure des évolutions de la société, et notamment des nouvelles formes de l'exploitation de l'homme par l'homme ( le marxisme est en la matière bien loin d'être une grille d'analyse dépassée ), des rapports que l'individu travailleur entretient avec le travail, avec le procès de production, avec même les centres de pouvoir dans l'entreprise et au delà ...
La classe ouvrière, n'en déplaise à Aurélie Filippetti, n'est pas morte dans ce pays, et elle connaît même aujourd'hui des formes fort diverses, qu'on pourrait un peu vite résumer dans la formule « intellectualisation de la production industrielle, prolétarisation des activités de service «.
D'ailleurs, si la classe ouvrière n'existait pas, chers amis lecteurs, nous n'aurions probablement pas eu le 29 mai 2005 et nous n'aurions pas cette controverse permanente pour savoir pour qui elle vote...
En Région Ile de France, la première profession, sur un plan statistisque, c'est ' ouvrier d'une société de nettoyage ', si vous voyez ce que je veux dire...
Deuxième enjeu, décisif pour la suite de l'affaire et le continuum de la vie du PCF, sa propre capacité à tirer parti de ses potentiels pour pleinement prendre place dans le paysage politique de notre pays et couvrir notamment le champ quasi naturel de la gauche de transformation sociale profonde qu'il est censé pouvoir occuper...
Résumons nous.
Le PCF est encore celui des partis disons institutionnels de notre pays qui dispose d'une telle présence dans les milieux les plus divers, et singulièrement dans le monde du travail, parmi les militants du mouvement syndical, de l'associatif, dans les mouvements de défense des locataires, dans les associations de parents d'élèves et j'en passe...
Pour ces cantonales 2011, n'importe quel département de province compte plus de candidats communistes issus du syndicalisme que les quelques adhérents égarés sur les listes du Front National !
Mais c'est là un potentiel qui me semble encore aujourd'hui insuffisamment mis en valeur, un peu comme si le grand intellectuel collectif que doit constituer n'importe quel parti politique peut constituer s'était assoupi sur des slogans, des certitudes et avait fait l'économie de l'approche critique.
Si le PCF parvient à remettre en route sa capacité de réflexion, et d'action, alors, il pourra jouer à nouveau un certain rôle dans la société française.
C'est d'ailleurs, Ã mon sens, l'une des exigences qui se posent aujourd'hui, pour tout de suite comme pour l'avenir, avec la constitution du Front de Gauche.
Le PCF ne peut, sous peine de s'y dissoudre, en tirer parti qu'en prenant le temps nécessaire, les initiatives et l'audace pour poser les bases d'un projet de société qui lui serait propre et qu'il serait ensuite amené à confronter à l'opinion.
Quelque chose me dit, pour connaître suffisamment de gens passés par bien des partis politiques autour de moi, et celui ci comme d'autres, que c'est là un exercice qui rompt quelque peu avec le « prêt à penser « si commode qu'on utilise bien souvent, et pas seulement au PCF, mais notamment au PCF...
N'oublions jamais la fameuse parabole du romancier allemand Volker Braun, qui faisait de la ligne ondulante et hésitante l'expression de l'orthodoxie politique et de la ligne droite et claire celle de la déviation ( le schéma se lit fort bien dans « Libres propos de Hinze et Kunze », dialogue impertinent entre l'esprit ouvert et le conformiste apparatchik ).
Là dessus, quelque chose me dit que les prémisses de ce projet figurent, en creux, si l'on peut dire, dans les positions de plus en plus nettes qu'il a du affirmer face aux lois et textes mis en oeuvre depuis 10 ans par les gouvernements de droite.
Et quelque part, le PCF peut s'être enfin affranchi des obstacles qu'il s'était lui même imposé entre 97 et 2002, à la grande époque de la gauche plurielle...
Faire la somme de ce qui fit opposition aux politiques mises en oeuvre par les gouvernements Raffarin, Villepin et Sarkozy – Fillon, c'est déjà tracer les lignes d'une autre manière de concevoir la société française.
Si j'avais un conseil à donner aux communistes aujourd'hui, ce serait celui là ....