ALAL2 a écrit:Etonnant les régions citées par Lagarde, je ne sais pas s'il est un fin analyste de la carte électorale, mais force est de constater que la Bourgogne/Franche-Comté est une des régions où le "Centre" réalisait les moins bons scores aux européennes.
En Haute-Normandie, de même, difficile de dire que c'est une région porteuse pour l'UDI, tandis que dans le Centre-Val de Loire, je n'imagine pas une seconde l'UMP perdre, dans cette région qui lui est acquise.
Ce n'est pas la première fois que j'entends cet argument. Il n'est certes pas erroné en soit, même si les régions concernées ne sont pas non plus les moins favorables aux Centristes (Languedoc-Roussillon même fusionné à Midi-Pyrénées, PACA, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la Corse voire la Champagne-Ardenne étant des régions davantage défavorables à des candidats centristes).
Cependant, je soulignerai qu'il faut pas se limiter aux résultats électoraux à d'autres échéances (et généralement sans la présence des candidats proposés par l'UDI comme têtes de listes aux prochaines Régionales) pour établir la force ou la faiblesse de ces candidatures, ainsi que leur légitimité, et éventuellement leur pouvoir de nuisance s'il n'y a pas d'accord global à droite.
En effet, la question qui se pose avant tout est est-ce que les personnes investies par l'UDI dans ces 3 régions sont les plus à -même de rassembler la droite et le centre dans leurs territoires ?
On remarquera en premier lieu que les 3 candidats UDI mentionnés sont loin d'être les plus chauds partisans d'un "centrisme indépendants", Hervé Morin et François Sauvadet étant même très proches politiquement des Républicains.
Ensuite, on soulignera qu'Hervé Morin ne fait l'objet de quasiment aucune contestation à droite en Normandie, que ce soit en Haute ou en Basse-Normandie. Bruno Le Maire s'était même rallié à lui très rapidement, trop rapidement probablement car 2 élues lui ont soufflé l'investiture des Républicains en raison de l'accord informel entre Morin et Le Maire... mais ces 2 élues ne pèsent en réalité pas grand chose face à Morin.
Pour Philippe Vigier dans la région Centre c'est à peu près la même chose. Après le retrait d'Hervé Novelli, il est d'ailleurs vu par beaucoup comme le vrai chef de file de l'opposition dans la région, n'en déplaise au nouveau arrivant Guillaume Peltier, qui a d'ailleurs reconnu récemment dans les médias qu'il se rangerait sans souci derrière Vigier si les Républicains le lui demandait. Il n'est en tout cas un mystère pour personne que Vigier est bien plus rassembleur que Peltier, qui est d'ailleurs loin de faire l'unanimité dans son propre parti.
Enfin, pour évoquer véritablement le sujet, c'est-à -dire François Sauvadet, on soulignera qu'il est soutenu par un grand nombre d'élus républicains de Bourgogne (et en premier Arnaud Danjean et Guillaume Larrivé) et qu'il est vu depuis de nombreuses années comme le principal chef de file de l'opposition dans la région. D'ailleurs, même en Franche-Comté, plusieurs élus républicains d'importance le soutiennent (et notamment le successeur local de Joyandet, le député-maire de Vesoul Alain Chrétien, mais aussi Jacques Pélissard, député-maire de Lons-le-Saunier). Sauvadet est par ailleurs partisan depuis de nombreuses années d'accords de premier tour entre la droite et le centre, on peut dire d'ailleurs qu'à l'UDI il agace beaucoup de monde en raison de ses positions très Républicains-compatibles et son opposition à tout rapprochement avec le MoDem. Il est cependant soutenu par tous les principaux élus UDI de Bourgogne comme de Franche-Comté. Par ailleurs, Sauvadet dispose d'un réel ancrage local. A cet égard, je vous inviterai à consulter les résultats des Régionales de 2004 (qui commencent certes à dater, mais qui sont les dernières où le centre uni a présenté des listes indépendantes dans la quasi totalité des régions) : François Sauvadet avait recueilli 12,98% des suffrages à ses élections, soit le 4ème meilleur score d'une liste UDF indépendante à l'époque, après Bayrou en Aquitaine, Santini en Ile-de-France et Jacqueline Gourault dans la région Centre (ah mince alors je croyais que la région était très défavorable aux candidatures centristes), faisant de bien meilleurs scores que ne l'avaient fait alors les candidats UDF en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Basse-Normandie, des régions pourtant historiquement très favorables aux idées centristes. Comme quoi le nom d'une tête de liste et son implantation locale compte !