D'après
le direct du Monde, Masseret déclare être là pour gagner. Avec des colistiers qui ont voulu se retirer (les 71 validés par la préfecture et d'autres qui ne l'ont pas fait dans les formes, les 95 n'étaient pas loin), ça ne l'est pas, gagné.
Sur le fonctionnement des partis (pas seulement le PS loin de là), il est effectivement assez "jacobin" au sens où ce qui définit une section ou fédération c'est le rattachement au national, qui souvent est décisionnaire quitte à déléguer en partie au local (ex. sélection des candidats au FN -allez voir le fil-: les places éligibles au national, les suivantes au local). Donc il faut voir à quoi on s'engage et l'intérêt que ça a (indice: Saurel a fait 5%).
Là, le souci est -que la décision n'a pas été tout à fait prise à l'avance "pour ne pas casser la campagne du premier tour", tout en ayant été pré-annoncée "on ne fera rien qui fasse gagner le FN" -que le score en tête n'est pas celui prévisible au moment du dépôt de la liste pour le 1er tour: si Masseret était prévu 3e, c'était Richert qui était censé arriver devant Philippot dans une région ayant quelques ancrages à droite, autrement dit la question ne devait pas se poser -le cas est un peu tangent, il n'est pas impossible que Richert gagne dans la configuration actuelle. Bref, c'est l'improvisation, les deux lignes (maintien/retrait) ont un nombre significatif de partisans et sont incompatibles, il y a conflit de légitimités et on arrive à ce qu'il y ait une liste déposée avec une petite moitié des colistiers qui ne veulent plus y être. Et le risque est de cumuler les inconvénients des 2 options.
Malgré tout, je ne trouve pas très cohérent d'être dans un parti pour avoir son label au premier tour et de s'en détourner dès que ça n'arrange plus.
Il ne faut pas oublier que la décision s'inscrit dans un ensemble national prenant en compte les autres régions. Le fait que dans un cas la décision ne soit pas suivie tend à "tout casser" et à pouvoir cumuler les inconvénients. Arithmétiquement, le cas ALCA était plus tangent qu'en PACA et NPDCP. Un cas encore moins net, c'est la région BFC où Dufay se maintient malgré les vagues remontrances de Solférino (qui n'a pas autant insisté parce que ça se justifiait moins), il est probable que l'affaire lui amène un bonus (pas forcément à juste raison mais c'est un constat).
Sur le fond: -même la droite dit que le FN est d'extrême droite, cf. les récentes déclarations du président de l'ex-UMP (et ex-président UMP),
pas forcément mathématiquement exactes par ailleurs, ou la polémique JMLP/Estrosi sur leurs pères respectifs (v. direct Le Monde déjà cité)
-il est permis de penser que l'extrême-droite, ce n'est pas anodin, bien au contraire. Et que son accession au pouvoir serait une horreur (surtout à elle seule) et pas une banale péripétie. Là, la droite même modérée n'est pas nécessairement de cet avis (je pense à Reynié).
-dans l'immédiat et tactiquement, éviter les configurations où l'on fait gagner le FN tout en étant sûr de perdre est tout de même logique, dans la mesure où on le trouve particulièrement problématique. La fameuse phrase (de Zanetti) "La démocratie, c'est de savoir exprimer, non pas ce qu'on ne veut pas, mais un choix pour construire son avenir" me plaît bien, oui, mais en l'état actuel il faut remplacer "c'est" par "ce serait". En pratique, vouloir le meilleur amène parfois par arithmétique électorale en scrutin majoritaire, à se récupérer le pire: vu de gauche c'est une des leçons possibles du 21 avril 2002. La conséquence/alternative en est morose: dès le premier tour, on est conduit à "voter utile" c'est-à-dire à se rabattre sur un candidat "mieux placé" avec qui on est moins d'accord afin d'éviter la victoire d'un autre "bien placé" qui mènerait où il ne faut pas.
Un changement de mode de scrutin pourrait être une bonne idée. Il faut cependant se rappeler qu'il y a toujours un fait majoritaire à un moment, même avec une élection purement proportionnelle: il faut bien une majorité pour adopter le budget, etc... L'idée semble bonne d'élire les conseillers régionaux, pour les 3/4 (à ajuster peut-être) des sièges qui sont à la proportionnelle, dès le premier tour, on éviterait un certain nombre de soucis de fusion, de maintien au second tour juste pour avoir des élus minoritaires etc... et un second tour opposant ceux qui ont une chance de gagner la prime majoritaire (quitte à avoir des systèmes d'apparentements pour qualifier ensemble et fusionner automatiquement des listes s'étant préalablement déclarées apparentées: PS, EELV et FdG, UDI et ex-UMP, SIEL et FN même...). Autre possibilité, tirer au sort des citoyens soit pour former tout ou partie (typiquement, proportion déterminée par les votes blancs/ nuls/ abstentions) des assemblées soit pour valider (ou pas) leurs décisions "par mini-référendum"...