de cevenol30 » Dim 17 Mai 2015 23:23
C'est qu'il n'y a pas tant que ça d'élections dans la seconde partie de l'année (entre les vacances d'été et celles de fin d'année, disons). Il y a aussi eu, on l'oubliait, le référendum (encore!) sur le traité de Maastricht en 1992, qui a davantage mobilisé les foules à cause de l'enjeu (de fond certes mais c'est plus complexe que le quinquennat, mais surtout de score avec un résultat incertain).
Ce n'est pas pour rien sûrement que les élections ont généralement lieu au printemps. Certes, pour la présidentielle et par suite les législatives, c'est lié au décès de Pompidou en 1974, il n'empêche que ça arrange tout le monde. A mon avis, c'est moins lié au climat (des municipales ou cantonales en mars impliquent des distributions de tracts en février...) qu'à la fraîcheur des listes électorales.
Surtout pour la Nouvelle-Calédonie, on avait à l'époque invoqué la multiplicité des tours de scrutin* la même année. S'agissant d'un problème soulevé depuis plusieurs années et rappelant un peu la guerre d'Algérie, cette faible participation fut une vraie surprise pour ceux qui s'intéressaient à la politique. Il faut dire aussi que le RPR avait appelé à l'abstention.
*C'est d'ailleurs selon la théorie voulant qu'il ne faut pas trop empiler les scrutins qu'on a décalé des scrutins locaux (municipales en 2008 alors que les précédentes étaient en 2001 p.ex., pour éviter d'être la même année que les présidentielles et législatives).
Là , il est vrai qu'on ne votera pas en septembre mais en décembre, avec donc une campagne commençant avant les vacances d'été (incluant les suspenses sur les alliances de premier tour parfois), se poursuivant un peu pendant et durant après... ça va même être long, assez pour que les électeurs en aient bien entendu parler.
Par contre le côté inédit sera la proximité des fêtes et des courses sur le salaire de décembre, à un moment donc où il est devenu habituel que les magasins soient ouverts le dimanche, ce qui tendra à être encore plus le cas si la loi "Macron" est promulguée d'ici là . Symbole d'une société où la consommation supplante la politique et tout le reste...
Les autorisations d'ouvertures de magasins et les extensions d'horaires d'ouverture de bureaux de vote seront un enjeu concret de la période pré-électorale, pouvant prêter le flanc à des soupçons de manipulation (par les mairies et/ou les préfectures) y compris a posteriori. En particulier, certaines communes accueillent en grandes surfaces une clientèle majoritairement extérieure. Il peut être tentant de laisser rester tard les clients et les salariés habitant des communes d'un autre bord... de sorte que l'abstention différentielle favorise un peu la "bonne" liste...
Alors certes bien d'autres choses joueront. Et on dira que les électeurs "n'ont qu'à " prévoir de voter avant ou après leurs courses. Et que les salariés "n'ont qu'à " ne pas se porter volontaires (le sont-ils tant que ça? comme par hasard, ils sont toujours en nombre suffisant) sur des horaires incompatibles avec leur devoir électoral (une journée de 8h+45min de pause avec des bureaux ouvrant 8h-18h, en habitant en zone rurale à plus de 35 min du boulot, ça peut coincer)?
Bref, il semblerait préférable que les magasins soient fermés le dimanche (au moins l'après-midi), même si ça peut aussi déclencher des polémiques.
La préoccupation de la "course aux courses" perturberait néanmoins certains électeurs, les moins intéressés, et ça jouera négativement sur la participation. Ceci sera plus ou moins compensé par la longue campagne électorale. A quel point, c'est toute la question. Le risque est que la campagne mobilise mal à force de passer à côté des enjeux, sans parler du désintérêt lié à l'impuissance du politique.
En chiffres, je dirais une participation entre 1/2 et 2/3; les inconnues liées à la date atypique, aux ouvertures de magasins et de bureaux de vote, à la campagne... étant fortes.