L’UDMF n’a pas réussi à présenter une dizaine de listes comme elle l’annonçait, je n’en ai trouvé que deux, souvent sous l’étiquette « Agir pour ne plus subir », parfois sous des titres plus discrets (comme « Eco-citoyens » à Asnières).
- Asnières (92) : 3,74% (5ème sur 6) ; ça fait quand même plus de 720 voix, et connaissant la disparité de la ville, le score doit être important dans certains bureaux du nord.
- Clichy (92) : 3,15% (4ème sur 7, devant le RN, LO et le POID)
- Joué-lès-Tours (37) : 2,64% (4ème sur 5)
- Annecy (74) : 2,07% (6ème sur 7)
- Nanterre (92) : 2,05% (5ème sur 8)
- Châtellerault : 1,36% (dernier sur 7)
- Toulouse : 0,13% (dernier sur 12)
- Paris 5ème : 0,12% (dernier sur 13) ; là ça ne fait pas recette (12 voix)
Mais en fait même si le caractère de liste communautaire (sous-entendue, ethnico-religieuse, en l’occurrence musulmane) est assez difficile à définir et surtout à prouver, ce ne sont pas les listes de l’UDMF qui ont fait un carton, mais des listes plus discrètes dans leur affichage et leur composition.
On pourrait les classer en trois catégories.
• Les islamistes d’obédience diverse :
Les deux cas les plus emblématiques, et les plus inquiétants, sont dans le Val d’Oise :
- A Garges-lès-Gonesse, l’ancien fondateur du CCIF S. Debah, qui avait été battu par Pupponi au deuxième tour des Législatives 2017 mais était en tête sur la ville de Garges, est devancé par le candidat de l’équipe sortante de droite, mais réunit tout de même 34,67% des voix. Soit le double du total des trois listes de gauche réunies. Rappelons qu’aux Législatives il avait fait 28% au premier tour sur la ville mais 57% au deuxième tour. Cette fois l’adversaire est élu de la commune, et pas de Sarcelles, mais rien n’est joué.
- A Goussainville, A. Hamida arrive nettement en tête avec 34,34% des voix, devant l’ancienne maire UMP qui a purgé sa peine d’inéligibilité pour malversations (25,7%) et le maire sortant divers gauche mais qui a accepté le soutien de LREM (24,51%)
Le premier se rattache aux Frères Musulmans, le second vient du Tabligh (l’Express avait affirmé qu’il avait été fiché S pour islamisme radical), doux deux se présentent « sans étiquette » se défendent évidemment de tout communautarisme mais affichent des programmes assez ciblés « halal ». A noter qu’Hamida (qui avait été élu sur la liste du sortant dvg) a comme seconde de liste une ancienne adjointe UMP/LR.
• Les « indigénistes »
Ceux-là se rattachent plutôt à la mouvance du P.I.R. de H. Bouteldja, se prétendent parfois de gauche mais affichent essentiellement des revendications ciblées sur la lutte contre les discriminations : contre les femmes voilées à l’embauche, contre les élèves voilées au collège ou lycée, contre les femmes voilées à la piscine, contre les femmes voilées dans les sorties scolaires… on croirait égrener le catalogue des livres pour enfants « Martine ». Et une vision racialiste de la société, dans la mouvance Bouteldja, Diallo et consorts.
Cas typique : la liste de S. Karroumi à Aubervilliers, liée à l’AMA (Assoc des Musulmans d’Aubervilliers). Lui aussi fut élu d’abord sur une liste de gauche (époque Beaudet) ne lésinant pas sur les pratiques clientélistes, avant de claquer la porte quand la nouvelle maire a refusé l’installation de préfabriqués (non conformes aux règles de sécurité incendie) sur le chantier de la mosquée et s’est prononcée pour l’interdiction des signes religieux pour les accompagnants de sorties scolaires.
Sa liste comprend nombre de membres et soutiens de l’AMA, et un de l’Alliance Citoyenne (celle des burkinis à la piscine de Grenoble). Elle arrive en seconde position avec 19%, juste avant la maire sortante.
https://www.marianne.net/politique/aube ... communisteA Argenteuil, ,O. Slaouti, tête de liste NPA/LFI (liste soutenue par le PCF et G’s), arrive troisième avec 11,5%. Ancien militant du NPA (beaucoup moins « laïcard », comme ils disent, que LO), il est typique de ces militants d’extrême gauche qui ont abandonné la lutte des classes pour la dénonciation obsessionnelle du « racisme d’Etat », du « patriarcat » et bien sûr de « l’islamophobie ». Contre l’interdiction du voile à l’école, pour les réunions « non-mixtes » (où prévaut la couleur de la peau), il débite le discours habituel du PIR et ses néologismes parfois importés des Etats-Unis (les « racisés », « l’intersectionnalité », la détestation des « blancs » et autres), et a été l’un des organisateurs de la « manif de la honte » de novembre dernier, où Mélenchon, Autain et quelques autres ont défilé aux côtés de femmes voilées et de gugusses braillant « allah akhbar » (le « heil Hitler » d’aujourd’hui ?)
Dans la même mouvance de collusion entre LFI et le PIR on retrouve M. Messaoudène à St-Denis, conseiller municipal délégué et qui n’a comme bête noire que la laïcité sous toutes ses formes.
A Villiers-le-Bel, c’est aussi un ancien élu de la majorité, S. Dembele, qui à la tête d’une liste communautaire s’est présenté contre le maire PS sortant et finit deuxième avec un très gros score (32,7% contre 46,1%). Moins d’idéologie ici et plus de lien avec les caïds locaux (Karama) mais un vote ethnico-religieux assez clair.
Garges, Villiers-le-Bel, Goussainville… l’est du Val d’Oise est visiblement une terre propice…
La mouvance « décoloniale » et les réseaux salafistes ou fréristes ont de nombreux points de convergence (en France comme Belgique) contribuant à islamiser les anciens mouvements anti-racistes (réislamiser plutôt puisque pour les salafistes tout homme naît musulman mais a pu dévier du bon chemin). Houria Bouteldja s’était d’ailleurs solidarisée avec… Mohammed Merah, le sordide assassin d’enfant de Toulouse.
On croise souvent Tariq Ramadan, parfois on voit passer des liens avec Soral et sa clique, normal, la haine du Juif, ça rapproche…
J’avoue que la notion de « barrage » et de « front républicain » me semblerait plus appropriée contre ce genre d’individus que contre un RN qui, loin des fantasmes de ceux qui se prennent pour Jean Moulin et croient les nazis à nos portes, ne représente pas plus un danger pour la démocratie que les autres partis autorisés dans ce pays (et je me suis suffisamment frité avec des skinheads dans ma jeunesse, pour savoir qu’aujourd’hui Ayoub et consorts ce ne sont plus que bière et bedaine, pas bien dangereux)
Quand je vois la gauche retirer sa liste à Marseille 7 mais ailleurs frayer avec les gugusses cités plus haut, je pense à Soumission de Houellebecq…
• Les discrets ou faux-nez
En fait des listes communautaristes, on en a vu, sous l’étiquette de partis respectables et installés.
En 2014 la liste UDI à Bobigny était saluée par le PIR comme contenant plus de 70% « d’indigènes » ( !) . Arrosage de toutes les associations musulmanes voire islamistes (accompagné il est vrai d’un appui sur les caïds de la délinquance et de la criminalité des quartiers, notamment des cités Eluard et Abreuvoir), simplement on prenait soin de mettre en tête de liste un « blanc » pour conserver l’électorat traditionnel de la droite et du FN.
En 2020 le candidat MODEM (ex UDI) à St-Pierre-du-Rouvray qui se décrivait comme « laïque, humaniste et solidaire » sur son compte twitter était en fait l’imam de la mosquée de Canteleu, aumônier musulman de la prison de Rouen (les prisons étant aujourd’hui un des principaux lieux d’embrigadement jihadiste) et créateur d’une librairie islamique diffusant les classiques de la pensée frériste. Il a fort heureusement été laminé (13%) par le Maire PCF, réélu avec près de 79% des voix dans la ville ou le prêtre J. Hamel a été égorgé par deux tarés fous d’Allah.
Les complaisances clientélistes pour capter un supposé vote musulman se retrouvent dans tous les bords politiques : au PCF (Ivry, Aubervilliers époque Beaudet, St-Denis), au PS (Argenteuil, Trappes, Denain…), à droite (le clan Lagarde mais aussi Aulnay, Mantes-la-Jolie, Villiers-sur-Marne…)
Plutôt « indigéniste » côté gauche, frériste voire salafiste à droite.
Et souvent quand on crache en l’air, ça nous retombe sur la gueule, comme on le voit à Goussainville ou Aubervilliers ou Villiers-le-Bel, le loup a été introduit dans la bergerie par l’équipe en place, et les « candidats de la diversité » comme on les appelait en verbiage politiquement correct, se révèlent au final bien peu amateurs de diversité…
A côté de tout ça l’affichage religieux du maire de l’Ile-St-Denis, c’est de la gnognotte, pas plus répréhensible du point de vue de la laïcité que la frénésie de messes (non, ce n’est pas une contrepèterie) d’Estrosi ou de la droite marseillaise (Boyer, Ravier, Pila…)
Pour en revenir au sujet principal, on conclura : oui des listes communautaristes ont parfois fait de gros scores aux Municipales 2020, mais ce ne sont pas celles de l'UDMF ou, en dehors de Garges, celles qui avaient été répertoriés comme telles par le Ministère de l’Intérieur…
Et tout cela n’est pas de bon augure pour la cohésion sociale, l’universalisme humaniste et les valeurs républicaines…