Ambroize Croisat a écrit:Le discours de la gauche est justement que le RN n'est pas un parti comme les autres, et qu'à ce titre-là , tout moyen de le combattre (dans le respect de la loi) est bon pour le faire reculer.
On se doute bien que lorsque le RN prendra le pouvoir, il prendra peut-être sa revanche. Mais faut-il être inconscient ou ne pas connaître la Hongrie, l'Italie ou la Pologne pour deviner comment ce genre de parti se comportera une fois au pouvoir ? Ou bien déteste-t-on à ce point la gauche que, finalement, le RN est bien plus respectable ?
Je crois surtout que si la précédente mandature avait été plus respectueuse de la part de Macron, Attal et Braun-Pivet, sans 49.3, sans 44.2, sans 47.1, avec un vote sur les retraites et le budget, le NFP et LIOT n'auraient peut-être pas eu la même attitude et la même absence de réserve quant à écarter certains marcheurs de poste électif.
--> Rappelons aussi que le NFP aurait pu tenter d'avoir 2 vice-présidents au 3e Tour...
Là est toute l'arnaque : qui décide qui a le droit d'appartenir au cercle "républicain" ? Visiblement, la gauche et quelques autres personnes se sont arrogées ce droit. Sans demander l'avis à quiconque, ils sont devenu l'étalon de mesure du républicanisme.
Or à partir du moment ou on accepte qu'il y ait dans une démocratie une compétition électorale, une représentation et des idées divergentes, il n'y a aucune raison que quelques personnes décident qui est "comme les autres" et qui ne l'est pas. Ce type d'attitude, au-delà de sa profonde laideur morale, conduit forcément aux pires dérives. Rappeler ces évidences est tout de même fatiguant, mais on comprend bien la stratégie développée en leur temps par les communistes consistant à accuser tout contradicteur de fascisme, lui imposant ainsi de s'épuiser en justifications sur une accusation sans fondement, provoquant une perte inouïe de temps à défendre ses propres idées.
J'étais moi-même candidat RN à ces élections législatives et les électeurs qui se sont portés sur ma candidature (qui font partie rappelons-le de l'électorat le plus nombreux, loin devant la gauche), méritent autant que les autres que leurs députés participent à la direction du Parlement. Ils ne sont pas atteints d'un quelconque virus et les expressions telles que "cordon sanitaire" devraient être bannies à tout jamais du débat public et du vocabulaire politique. La représentation des groupes dans le bureau n'est pas un petit sujet. Le bureau dirige les services de l'Assemblée, se prononce sur les sanctions, participe à la gestion financière, à la surveillance des scrutins... Que le premier groupe parlementaire en soit exclu pour des raisons aussi vaseuses que "ils ne faut pas institutionnaliser ce parti car on a des désaccords politiques avec lui" est porteur de dérives inimaginables. Pour la gauche, décidément plus hypocrite que jamais, c'est complètement contradictoire avec leurs projet de 6ème République et leur défense de la proportionnelle. Je m'étonne qu'on ne pointe pas plus cette contradiction. A moins que la 6ème République soit privatisée par certaines orientations politiques ?
Comme je l'ai souvent rappelé sur ce forum, les atteintes à la démocratie des 20 dernières années ne trouvent pas leur origine dans le Rassemblement National (qui n'a pas le pouvoir). Violation du référendum de 2005, autoritarisme présidentiel, Gilets Jaunes, marginalisation du Parlement, mépris des élites pour le peuple, flicage par QR codes, discrimination sociale selon le statut vaccinal, censure des réseaux sociaux, interdictions aléatoires de groupes politiques... tout ce à quoi on a assisté a été le fruit de décisions de gentils libéraux, centristes, sociaux-démocrates ou socialistes bien "républicains". Donc il serait temps de remettre les choses à l'endroit.
Enfin, le débat public français sortira un peu de sa régression quand on arrêtera de comparer des choux et des patates. "Ce genre de parti", le RN, est Français, avec des adhérents Français, et il évolue dans la culture politique Française. La Hongrie, l'Italie et la Pologne ? Ce sont la Hongrie, l'Italie et la Pologne. Avec leurs vies politiques, leurs références, leurs clivages, leur peuple.
Je note d'ailleurs, après avoir fait un rapide tour sur les sites internet des parlements de ces pays, que les oppositions y sont systématiquement représentées au bureau des assemblées ! Qui est républicain, qui ne l'est pas, qui est démocrate, qui ne l'est pas ?