Il faut souhaiter que le paysage politique issu de l’élection présidentielle de 2022 ne soit pas durable. Car la politique est une bataille de récits : si dans un jeu à trois blocs, deux populismes, dont l’un est fasciste, contestent un parti centriste libéral professant la fin du politique et soutenu essentiellement par les personnes âgées et les catégories les plus éduquées, il y a fort à parier que des forces populistes gagneront un jour, avant qu’elles aient pu mûrir une proposition politique susceptible au moins d’éviter le chaos.
Toute notre sympathie va à tous ceux, quels que furent leurs choix antérieurs, qui vont tenter, dans les prochaines années de faire ce qui se fait dans toutes les grandes démocraties : présenter au pays des alternatives claires et crédibles inspirées des grands récits mobilisateurs, et particulièrement de celui que porte la gauche : égalité réelle, redistribution des revenus, mise Ã
contribution des grands patrimoines, défense de la Sécurité sociale et des services publics.
En lisant à la 2e page du rapport en question ces paragraphes, je me dis que l'on n'est pas du tout devant un admirateur béat du macronisme. Je suis totalement d'accord avec pba.
Draume a écrit:Le Think Thank Terra Nova vient de publier une analyse des effets prévisibles qui résulteraient de l'application du programme économique de la Nupes
Cette étude est sidérante de platitude. Aucune prospective , des phrases "bateaux" sans contenu
Sans contenu ? Vraiment, les 20 pages sont des propos intelligibles, s'appuyant sur des chiffres récents. On peut être d'accord ou pas, mais caricaturer ainsi le travail de quelqu'un juste parce qu'il n'est pas suffisamment de gauche est assez triste.
l’institut Montaigne, qui a procédé à une quantification homogène des programmes des différents candidats, évalue à 332 Mds par an, soit 13 % du PIB (250 Mds selon le candidat, ce qui n’est pas si éloigné) les dépenses annuelles supplémentaires induites par le programme. Ce sont essentiellement des dépenses reconductibles, la plus grosse ligne venant du rétablissement de la retraite à 60 ans après 40 ans de cotisations (86 Mds), les autres de dépenses de transferts sociaux ou de coûts de personnel des administrations publiques, pour l’essentiel reprises dans les accords de la NUPES.
En dépenses, la relance proposée par Jean-Luc Mélenchon est donc environ 7 fois supérieure à celle de 1981, avec des comptes publics de départ infiniment plus dégradés.
Idem ici je suppose (page 4). Si c'est l'institut Montaigne qui le dit, c'est donc forcément faux puisque il est classé généralement à droite.
La politique, c'est en partie gérer l'argent commun en faisant des choix. Plusieurs choix sont possibles, d'autres moins (voire pas du tout) réalistes, dans tous les cas ils sont tranchés lors des élections. Le fait de délégitimer un propos pourtant développé juste parce qu'il vient de Terra Nova est inquiétant d'un point de vue démocratique. J'ai peur à voir cela que l'on finisse comme aux USA, où l'on s'oppose à toute idée, dès lors qu'elle ne vient pas de votre camp et où être modéré devient une insulte.
Je n'ai pour l'heure lu que les 4 premières pages, mais elles sont infiniment plus intéressantes que bon nombre d'articles qui ne font que se reprendre les uns les autres. Si quelqu'un a un élément qu'il juge faux, exagéré ou à nuancer, qu'il le fasse, mais que l'on arrête de jeter l'anathème ainsi, en ciblant l'auteur sans parler du contenu.