de VIC57 » Mar 14 Juin 2022 11:32
Les projections d'avant le premier tour de ces élections étaient fort pessimistes pour le RN, vue la campagne très surprenante (euphémisme) menée par ce parti. Certains contributeurs avançaient même seulement 5 à 8 députés.
Toutefois, il faut reconnaître que le score de 19%, jamais atteint, et de nombreuses configurations inédites et inattendues, devraient en toute logique permettre au RN d'obtenir un groupe parlementaire.
A titre personnel, je vois un maximum de 35 sièges gagnables, soit le même nombre qu'en 1986 alors que les élections avaient lieu à la proportionnelle intégrale par département. Ils se décomposeraient de la façon suivante :
9 sièges assez sûrs, par reconduction des sortants ou successions réussies :
- 2ème du Gard (sortant Nicolas Meizonnet RN) ;
- 6ème de l'Hérault (sortante Emmanuelle Ménard DVD) ;
- 19ème du Nord (sortant Sébastien Chenu RN) ;
- 3ème du Pas-de-Calais (sortant Emmanuel Blairy RN ayant pris la succession de José Evrard) ;
- 10ème du Pas-de-Calais (sortante Myriane Houplain REC) ;
- 11ème du Pas-de-Calais (sortante Marine Le Pen RN) ;
- 12ème du Pas-de-Calais (sortant Bruno Bilde RN) ;
- 2ème des Pyrénées Orientales (sortante Catherine Pujol RN) ;
- 4ème du Vaucluse (sortante Marie-France Lorho LS ayant pris la succession de Jacques Bompard).
10 sièges à terreau favorable pour le RN dont l'élection ne serait pas une surprise, puisque Marine Le Pen y est majoritaire, ce sont tous des duels Majorité présidentielle/RN :
- 1ère de l'Aisne (sortante Aude Bono LREM) : RN 33%, LREM 23%. L'électorat de gauche sera décisif ;
- 4ème des Alpes-Maritimes (sortante Alexandre Valetta-Ardisson LREM) : RN 29%, LREM 22%. réserves de voix faibles pour la majorité ;
- 1ère de l'Aube (sortant Grégory Besson-Moreau LREM) : RN 36%, LREM 244, avec une gauche plus faible qu'ailleurs et un électorat LR représentant 16%. Bascule possible ;
- 6ème de la Moselle (sortant Christophe Arend LREM) : RN 30%, LREM 22%, dans une circonscription de plus en plus solidement ancrée au RN. La ville de Forbach fera basculer l'élection dans un sens ou dans un autre car dans les autres communes l'électorat ne viendra pas au secours de la majorité présidentielle ;
- 12ème du Nord (sortante Anne-Laure Cattelot LREM) : RN 34%, 27% LREM, dans une circonscription ou Marine Le Pen a réalisé 60%. L'électorat LFI sera juge de paix ;
- 17ème du Nord (sortant Dimitri Houbron LREM) : RN 33%, LREM 24%. L'électorat LFI viendra-t-il au secours du candidat macroniste ?
- 4ème du Var (sortante Sereine Mauborgne LREM) : 28 LREM, 25% RN. Ici, le comportement des électorats de Zemmour et de LR sera déterminant mais si victoire RN il y a, ce sera sur le fil ;
- 5ème du Var (sortant Philippe Michel Kleisbauer MODEM) : circonscription comprenant Fréjus et Saint-Raphaël, RN 36% (la députée européenne Julie Lechanteux) et LREM 27%. Bonnes réserves de voix du côté droit, bascule logique ;
- 3ème du Vaucluse (sortant Adrien Morenas ayant repris le mandat de Brune Poirson) : ancienne circonscription de Marion Maréchal. RN 37% soit un des meilleurs scores nationaux, LREM 22%. Les réserves de voix REC et LR (6% chacun) feront l'élection ;
- 3ème de l'Yonne (sortante Michèle Crouzet MODEM) : circonscription solidement à droite depuis 60 ans. RN 35% LREM 21%. Ici le comportement des électorats LR et LFI seront déterminants dans ce territoire ou Marine Le Pen a réalisé 55% des voix.
2 sièges théoriquement favorables mais dans une circonscription tangente basculant en général du côté du vainqueur national :
- 4ème du Gard (sortante Annie Chapelier LREM) : circonscription d'Alès. Duel RN-NUPES, 30% contre 26%. Le candidat PS a malgré tout de bonnes chances si il capte l'électorat LREM ;
- 7ème de l'Hérault (sortant Christophe Euzet LREM) : circonscription de Sète. Duel RN-NUPES, 31% contre 22%. Le candidat RN a de bonnes réserves de voix mais le candidat PCF est bien placé ici dans ce territoire historique du communisme méridional ;
12 sièges gagnables (sans certitude) en raison de configurations inattendues entre le RN et la NUPES et d'une sociologie favorable :
- 4ème de l'Ain (sortant Stéphane Trompille LREM) : cette circonscription a toujours été à droite sous la 5ème République. Candidat RN à 25% devant la NUPES qui réalise 17%. Or cette dernière de faibles et aléatoires réserves de voix à chercher chez LREM, à moins d'une mobilisation à gauche de la partie urbaine (Bourg-en-Bresse) ;
- 3ème des Bouches-du-Rhône (sortante Alexandra Louis LREM) : l'hypothèse privilégiée serait NUPES (28% contre 25 au RN), mais là encore les réserves de voix sont aléatoires et dans cette circonscription le RN dispose d'un de ses rares cantons et le seul des Bouches-du-Rhône) ;
- 9ème des Bouches-du-Rhône (sortant Bernard Deflesselles LR) : circonscription anciennement PCF passée à droite depuis 1999 comprenant Aubagne et La Ciotat. La candidate RN (députée européenne Joëlle Mélin) a réalisé 25% contre 21 pour la NUPES. Elle dispose de bonnes réserves de voix ;
- 2ème de Loir-et-Cher (sortant Guillaume Peltier REC) : circonscription à droite depuis un certain temps, elle devrait normalement revenir à LREM (20% contre 24 au RN) mais il faut voir les reports de voix des candidats LR et REC éliminés. Marine Le Pen avait gagné un peu plus de 50% sur cette circonscription) ;
- 4ème du Loiret (sortant Jean-Pierre Door LR) : terrain favorable au RN et circonscription à droite depuis 1958 au moins. Je vois mal les réserves de voix importantes à droite se tourner vers le PCF (19%) plutôt que vers le RN (31%) ;
- 2ème de la Marne (sortante Aina Kuric LREM) : ancienne circonscription de Catherine Vautrin solidement à droite depuis 60 ans. Les candidates NUPES et RN ont fait 22%. Apriori les réserves de voix des candidates LREM pourraient aller vers La France Insoumise, mais sans certitude ;
- 5ème du Nord (sortant Sébastien Huyghe LR) : les candidats RN et NUPES ont fait 25%. circonscription tenue pendant 20 ans par LR mais qui avant cela était PS. Toutefois les réserves de voix de LFI sont aléatoires ;
- 6ème de Seine-et-Marne (vacante mais avant cela Jean-François Parigi LR) : ancienne circonscription de Jean-François Copé comprenant Meaux (qui n'a pas donné de consigne de vote), et qui tend de plus en plus vers le RN. Les candidates RN et LFI ont fait 27%. Réserves de voix aléatoires ;
- 5ème de la Somme (sortant Grégory Labille UDI) : circonscription à droite depuis 1958 au moins. La candidate RN a fait 34%, la NUPES 20. Sociologiquement j'ai du mal à voir cette circonscription passer France Insoumise mais cela dépendra du comportement des élections LR et LREM ;
- 1ère de l'Yonne (sortant Guillaume Larrivé LR) : circonscription solidement à droite, à l'exception d'Auxerre dirigée par la gauche pendant 20 ans. Larrivé a été distancé par la NUPES et le RN, 24% chacune. Sociologiquement le RN a de fortes chances et de bonnes réserves de voix ;
- 2ème de l'Essonne (sortant Bernard Bouley LR ayant pris la succession de Franck Marlin) : circonscription solidement à droite à l'exception des années 1980. NUPES 25% RN 24%. Difficile d'imaginer LFI ici mais là aussi le comportement des électeurs LREM sera déterminant ;
- 3ème de la Guadeloupe (sortant Max Mathiasin MODEM) : bien sûr difficile d'imaginer le RN élu aux Antilles mais vue l'évolution électorale des dernières années ce serait une suite logique. Impossible de prévoir les reports de voix dans cette circonscription. Avantage MODEM mais sait-on jamais...
Enfin 2 sièges gagnables en triangulaires :
- 2ème du Lot-et-Garonne (sortant Alexandre Freschi LREM) : triangulaire RN/NUPES/ENS avec une bonne avance pour la députée européenne RN Hélène Laporte, avec 5 points de réserves chez REC. Les électorats LREM et LR viendront-t-il en renfort du candidat LFI ?
- 2ème de la Nièvre (sortant Patrice Perrot LREM) : triangulaire RN/ENS/NUPES dans une circonscription rurale favorable au RN. Ici les électorats LFI et LR viendront-ils sauver le candidat LREM ?