de Herimene » Dim 16 Jan 2022 00:26
Même si Éric Zemmour peut espérer élargir nettement son électorat auprès de la droite conservatrice de l'Ouest de la région parisienne par rapport à une Marine Le Pen, il ne se rendrait vraiment pas la chose facile en candidatant aux Législatives en Île-de-France.
Marine Le Pen n'avait en effet dépassé les 32% au second tour de 2017 que dans seulement 13 circonscriptions franciliennes. La plupart sont éloignées de Paris intramuros et la Seine-et-Marne se démarque particulièrement. Il s'agit essentiellement de circonscriptions à forte composante rurale comparé à la moyenne régionale. La droite radicale part d'un niveau trop bas pour jouer pour moi la victoire dans les Yvelines bourgeoises et conservatrices par exemple, et je ne parle pas des Hauts-de-Seine, très inaccessibles.
Les 13 circonscriptions concernées sont :
8ème des Yvelines : 32,57%
9ème des Yvelines : 33,62%
2nde de l'Essonne : 39,14%
3ème de l'Essonne : 32,39%
1ère du Val-d'Oise : 35,28%
9ème du Val-d'Oise : 35,48%
1ère de Seine-et-Marne : 32,40%
2ème de Seine-et-Marne : 35,72%
3ème de Seine-et-Marne : 40,93%
4ème de Seine-et-Marne : 50,40%
5ème de Seine-et-Marne : 41,39%
6ème de Seine-et-Marne : 41,88%
7ème de Seine-et-Marne : 37,40%
9ème de Seine-et-Marne : 34,04%
On voit bien que dans la liste, la barre des 50% reste difficilement atteignable : une seule circonscription avait offert une majorité à Marine Le Pen, il s'agit de la circonscription de Christian Jacob qui présente des caractéristiques économiques et sociologiques proches de la Champagne voisine.
Je serais d'autant plus étonné si Zemmour candidate in fine en Île-de-France car il existe des circonscriptions à fort potentiel RN avec un penchant historique de droite conservatrice et donc susceptibles de combiner plusieurs électorats potentiellement zemmouriens, dans plusieurs départements limitrophes de la région, je pense à l'Oise, à l'Aube et au Nord de l'Yonne rnotamment.
Dernier élément à prendre en compte et pour moi essentiel, Zemmour aurait tout intérêt à cibler des circonscriptions historiquement de droite mais ayant élu un député LREM en 2017, il sera en effet beaucoup plus difficile cette année de détrôner des LR élus ou réélus en 2017 dans un contexte très défavorable pour eux.
Je vois 3 circonscriptions autour de la région qui se prêtent tout particulièrement à une candidature zemmourienne et qui ont été gagnées par LREM en 2017.
Il s'agit tout d'abord de la 1ère circonscription de l'Aube, où Grégory Besson-Moreau (LREM) avait été élu dans une triangulaire extrêmement serrée avec le LR d'alors Nicolas Dhuicq (passé ensuite chez DLF, désormais proche du RN) et le RN Bruno Subtil. La circonscription est une cible de choix également pour le RN et LR peut également espérer la récupérer, c'est un terrain qui se prête particulièrement bien à une "guerre des droites".
Il s'agit ensuite de la 2ème circonscription de l'Oise, détenue par Agnès Thill (ex-LREM, siégeant désormais avec l'UDI, qui s'est démarquée pendant le mandat avec des propos très tendancieux sur la PMA). Il s'agit de l'ancienne circonscription de Jean-François Mancel. Disons que là encore une partie de la droite locale a travaillé le terrain d'un rapprochement avec la droite radicale. Comme dans l'Aube, c'est très ouvert dans cette circonscription. LR a déjà investi un candidat, la députée sortante semble réfléchir à sa candidature et LREM lui opposera très certainement un candidat. Le RN a aussi probablement des vues sur cette circonscription, en 2017 il avait réalisé 45,32% au second tour avec un candidat parachuté, le président du FNJ d'alors Gaëtan Dussausaye.
Dernière circonscription que je mettrais : la 3ème circonscription de l'Yonne, détenue par Michèle Crouzet (ex-LREM, désormais MoDem, exclue de LREM pour dissidence aux Municipales à Sens). Cette circonscription est celle où devrait se présenter Julien Odoul, patron régional du RN, qui y avait réalisé 44,41% en 2017. La droite locale est davantage modérée que dans l'Aube et dans l'Oise mais des luttes fratricides y subsistent sur Sens depuis des années ce qui a favorisé la grosse chute de LR en 2017 (sa candidate ne réalisant que 15% des voix dans une circonscription sur le papier très favorable). Évidemment LR a de grosses envies de reconquête sur le terrain, le RN a de vraies ambitions aussi. Cela pourrait promettre une sacrée "guerre des droites" là encore et un affrontement Odoul/Zemmour aurait une résonnance médiatique indéniable.
Pour apporter un dernier élément, les scores de Marine Le Pen dans les 3 circonscriptions citées étaient respectivement de 49,76% (1ère de l'Aube), 52,09% (2nde de l'Oise) et 48,50% (3ème de l'Yonne). On partirait quand même sur des bases beaucoup plus favorables que dans les Yvelines à l'émergence localement d'une forte candidature de droite radicale aux Législatives, car je veux bien imaginer que des candidats zemmouriens doublent les scores des candidats RN de 2017 en grande banlieue parisienne mais on resterait assez loin de la gagne...