Herimene a écrit:En politique nationale, les positions de Meyer Habib sont assez inconnues. Il fait partie de l'aile droite du CRIF, qui associe antisionisme à un nouvel antisémitime, mais il a dit vouloir défendre les droits sociaux des expatriés. Je pense donc qu'en matière économique et sociétale il est plutôt modéré, mais certainement beaucoup moins sur des thèmes comme l'insécurité.
Il est surtout un très fervent sioniste. L'une des raisons de son engagement à l'UDI qu'il a donné est le vote de la France pour l'entrée de la Palestine à l'UNESCO et en temps qu'observateur à l'ONU, sous l'impulsion de Sarkozy. C'est là l'élément fondamental qui fera sa victoire ou sa défaite. On sait que les Français d'Israël sont en grande partie binationaux et ont une opinion sur la politique israélienne, et généralement ils sont plus proches du Likoud que du Meretz, sans vouloir faire de raccourcis, comme la majorité des Israéliens par ailleurs.
Pour information, Habib est soutenu, outre par Netanyahu, par Naftali Bennett, chef du parti israélien ultranationaliste et sioniste religieux La Maison Juive, et il a déclaré vouloir se battre pour la reconnaissance par la France de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu.
A mon humble avis, l'avance d'Hoffenberg est sans doute trop courte pour qu'elle l'emporte au second tour. Son soutien à la politique sarkozyste de soutien à l'Autorité palestinienne devrait lui coûter, comme en 2012 et comme au premier tour beaucoup de votes en Israël. Son seul espoir est un vote massif des Français d'Italie, de Grèce et de Turquie en sa faveur, qui pourrait être facilité par le probable soutien que son ancien suppléant, Alexandre Bézardin, lui accordera au second tour. Mais face à une étiquette UDI, ce sera très compliqué malgré tout. Sauf si les Français d'Italie, de Grèce et de Turquie sanctionnent un candidat très israélo-centré et qui se préoccupe que très peu d'eux, j'ai nommé Meyer Habib.
Second tour serré en perspective, avec des reports de voix très difficiles à estimer, étant donné la participation extrêmement faible, et les enjeux éloignés des logiques d'étiquette.
Les voix de gauche seront déterminantes. Il paraît difficilement envisageable que les électeurs progressistes votent Habib, compte-tenu du profil du personnage (cf message précédent). Sérieusement, vous imaginez une seconde une électeur socialiste, pour ne même parler des écolos et du front de gauche, voter pour un ami de Netanyahou et de l'extrême-droite israélienne? L'étiquette UDI n'est pas une garantie de modération, ce parti compte beaucoup d'éléments très droitiers. Les électeurs de gauche le savent bien. Mais sont-ils prêts à aller jusqu'à voter Hoffenberg pour faire barrage à l'extrême droite israélienne? On peut l'envisager, en une sorte de lointaine réplique de feu le front républicain qu'on opposait jadis au FN.
Ceci-dit, la partie va être délicate pour la candidate UMP. Va-t-elle tenter de rattraper son retard en Israël par une surenchère l'amenant sur les positions de la droite israélienne? Elle risque de s'aliéner la gauche, son seul réservoir de voix. Va-t-elle au contraire jouer le "tous contre Habib"? C'est une possibilité, mais il lui faudra alors faire une croix sur le vote franco-israélien.