de Herimene » Dim 17 Avr 2016 10:16
J'avoue que moi aussi je pensais que Gustave Alirol était toujours maire de Saint-Hostien. A la lumière des derniers éléments apportés par Salvat, je suis du même coup d'autant plus étonné qu'il ait été investi par le PS aux Législatives de 2012.
En tous les cas, merci à vous, Salvat, pour cet intéressant éclairage.
Sinon, nous ne sommes pas là pour faire le procès du Régionalisme mais je vais quand même apporter mon éclairage là -desus. Le positionnement marqué à gauche (en tous les cas en termes d'alliances politiques) de la plupart des mouvements régionalistes en France s'explique je crois par une convergence des luttes historiquement avec le mouvement écologiste et la deuxième gauche (le PSU en particulier) avec notamment un positionnement très proche sur la décentralisation, l'autogestion et la lutte antinucléaire voire d'autres combats environnementaux comme la lutte contre l'étalement urbain et la bétonisation des côtes. Cela a particulièrement marqué le mouvement breton et le mouvement corse, où les Ecologistes et les Régionalistes ont mené de nombreux combats ensemble (Plogoff en est le parfait symbole en Bretagne). En Occitanie, la lutte du Larzac a favorisé (avec d'autres mouvements) ce rapprochement.
En tous les cas, dans les années 70 et 80, les Régionalistes ont trouvé dans la gauche alternative de l'époque un écho favorable à leurs idées, ce qui a tissé des liens très solides qui explique l'alliance très longue entre Les Verts puis EELV d'une part et Régions et peuples solidaires d'autre part, une alliance cela dit fortement refroidit depuis 2012.
Il faut noter que le PS s'est ouvert aussi dans une moindre mesure aux thèses et revendications régionalistes à la fin des années 70. Le programme de Mitterrand en 1981 intégrait une dimension décentralisatrice très forte.
Cela dit, depuis une quinzaine d'années on observe une re-jacobinisation très forte au sein du PS. La nouvelle génération de cadres socialistes a souvent peu d'assises locales anciennes et un fort parcours parisien avec régulièrement une trajectoire linéaire UNEF-MJS-PS. Hollande, Valls, Cazeneuve, Cambadélis en sont le symbole, mais aussi parmi l'aile gauche Maurel ou Guedj. Au sein d'EELV le même phénomène apparaît en accéléré depuis la fin des années 2000. L'aile parisienne a clairement pris le pouvoir au sein du parti (Duflot, Durand, Cosse, Baupin, Placé, Joly, Bayou) et le Régionalisme et la Décentralisation apparaissent pour eux des concepts bien lointains qu'ils maîtrisent peu et ne font pas partie de leur construction de leur parcours politique.
Notons aussi qu'on a pu avoir une certaine ouverture à droite à certaines revendications régionalistes, notamment à l'UDF dans les années 1990. Jean-Yves Cozan en Bretagne ou José Rossi en Corse en sont le symbole. Depuis, le soufflé est retombé car l'UMP puis LR a noyé ces courants minoritaires. Cela dit, Marc Le Fur a montré ces derniers temps que le Régionalisme n'est pas dénigré par la totalité de la droite.
Voilà pour expliquer la Convergence des luttes entre Régionalisme et certaines forces de gauche, très logique historiquement, un peu moins il est vrai aujourd'hui avec notamment un PS sans doute devenu plus jacobin que LR.