Election municipale partielle de Givors (69)

[Ramdams]

Selon un jugement dont Le Progrès a pris connaissance, le Conseil d’État vient d’annuler les élections municipales de 2020 comme le préconisait le rapporteur public à l’audience du 8 octobre dernier. Ce dernier avait relevé « de graves agissements » dans deux bureaux de votes dans un quartier de Givors.

La requête du maire (gauche écologiste) Mohamed Boudjellaba a été rejetée à la grande satisfaction de l’ex-maire communiste Christiane Charnay qui avait mené la liste Union de la gauche et était à l’origine du recours.

Le Progrès

Pour rappel, 29 voix séparaient la liste de Mohamed Boudjellaba (28.88 %) de celle de la maire sortante PCF Christiane Charnay (28.24 %) à l'issue d'une quadrangulaire.

[Ramdams]

L'élection partielle aura lieu le 5 décembre pour le premier et le 12 décembre pour l'éventuel second tour.
Source

[VincentLP92]

Le motif invoqué dans la presse est qu'il y aurait eu un attroupements dans un bureau de vote qui aurait "influencé des électeurs" en faveur de la liste gagnante.
Faute de détails, je ne me prononcerai pas sur la nature de ces attroupements. Mais le droit électoral est clair : ce genre de manifestation politique est interdit dans les bureaux de vote et devait logiquement conduire à une annulation, alors même que le scrutin était tendu.
L'annulation était prévisible. Je suis même surpris qu'elle arrive si tard (le jugement du TA semble dater du 2 février, ce qui est déjà long pour un cas aussi évident).

Politiquement, on trouve également peu d'infos. La maire sortante de 2020, étiquetée PCF, mène une liste se présentant d'Union de la Gauche. Mais son adversaire victorieux serait de gauche écologiste, et sa liste est même qualifiée d'écolo-socialiste dans un article.
Quelqu'un aurait des infos sur le contexte local ?
Je fais une hypothèse : comme dans pas mal de villes populaires, la vieille garde communiste est victime d'une double contestation, à la fois politique (de la part du PS et maintenant aussi des écolos) et des quartiers (souvent les populations d'origine maghrébine). En se réunissant, elle ont pu s'assurer une victoire étriquée.
Cette division à gauche n'est possible que parce que la droite semble out, au profit au RN qui pointe quand même à 20%.

[PhB]

Sur le contexte local, la condamnation de l'ancien maire communiste pour prise illégale d'intérêt, qui l'a contraint à passer la main à Christiane Charnay en cours de mandat, a probablement joué un rôle dans l'effondrement en 6 ans du vote communiste à Givors, passé de 43% (1er tour) puis 48% en 2014 à 24% puis 28% en 2020 - tandis que dans le même temps Mohamed Boudjellaba progressait de 10 points ce qui lui a permis de gagner le scrutin sur le fil.
Les électeurs ont voulu maintenir leur ville à gauche mais le communisme municipal givordin était très fragilisé.
Sur les attroupements au sein de bureaux de vote, qui sont effectivement un motif d'annulation du scrutin, je n'ai aucune information.

[newritture]

Le contexte local est complexe, Givors est sans doute la commune de la métropole lyonnaise à la politique locale la plus tendue, fracturée et parfois sale (avec sans doute Vaulx en Velin).
En 2020 le paysage politique local était divisé de cette façon (ordre d'arrivée au 1er tour) :
- Liste Charnay (PC-PS-LFI, 24,6% puis 28,2%) : menée par la maire sortante, Christiane Charnay, la liste à très forte composante PCF réunissait aussi le PS (aux fortes tendances macronistes) et avait le soutien officiel de LFI
- Liste Mellies (RN, 22,8 puis 25,4%) : menée par le très proche de Marion Maréchal et d'Andréa Kotarac, Antoine Mellies (à l'époque patron du parti dans le Rhône), la ville est alors LA cible du parti en Auvergne Rhône Alpes
- Liste Boudjellaba (DVG-EELV-GE-dissidents LFI, 20,5% puis 28,9%) : menée par un ancien fonctionnaire municipal, qui avait quitté son emploi pour révéler au grand jour les pratiques de la municipalité communiste, et soutenue par EELV (dont la future 1ère adjointe Laurence Fréty), la liste avait été aussi soutenue par le groupe local LFI, mais le mouvement a, à un plus haut niveau, décidé de retirer l'investiture. Les deux-coanimateurs (Foued Rahmouni et Dalila Allali) du groupe d'action sont malgré tout resté sur la liste.
- Liste Decourselle (LREM tendance Kimmelfeld, 19% puis 17,5%) : menée par un soutien de Kimmelfeld la liste de centre-gauche a fusionné avec celle tendance LREM Collomb d'Alexandre Couchot (9% au 1er tour), mais 19% + 9% ça fait 17,5% quand on est 4e et 5e...
- Liste Dali (DVG, 4,1%) : liste DVG que je connais assez mal.

Depuis 2020 :
- Sébastien Berenguel (conseiller municipal PCF) a monté son propre groupe au conseil municipal, le groupe issu de la liste Charnay n'a donc plus que 3 élus (Charnay, du PCF, Noto, de LFI, et Bracco, LFI à ma connaissance mais pas du tout sûr).
- Antoine Mellies a plus ou moins rallié Eric Zemmour, il semble donc improbable qu'il ait l'investiture RN tout comme il semble improbable qu'il ait suffisamment de noms pour monter sa liste / que le RN ait suffisamment de noms pour monter leur liste.
- Razika Dali a tenté de se rallier à Mohamed Boudjellaba, mais les colistiers de Boudjellaba ont refusé.
- Les dissidents LFI pro-Boudjellaba ont soutenu les écologistes aux régionales (comme le maire DVG), l'un des 2, Foued Rahmouni, a récemment adhéré aux Nouveaux Démocrates d'Aurélien Taché.

Les listes certaines : Boudjellaba, Charnay, Berenguel.
On s'attend aussi à une (ou plusieurs listes) au centre, mais pas forcément menés par les mêmes qu'en 2020. Une ou deux listes d'extrême-droite ne sont pas à exclure.
Enfin LR, absent des municipales 2020, pourrait appeler à voter, +/- publiquement, pour le maire sortant (les élus LR/DVD de 2014-2020 avaient appelé à voter Boudjellaba pour faire barrage au PC au 2nd tour).

Comme vous pouvez le voir la situation politique est complexe, avec un grand nombre d'acteurs pas forcément bien attachés à des partis et des jeux étranges des appareils partisans (Bérenguel n'est toujours pas exclu du PC !). Vu l'émiettement du paysage politique, Mohamed Boudjellaba part favori, mais l'impact de l'absence de l'extrême-droite est compliqué à prévoir (Boudjellaba mène une campagne fortement axée sur les quartiers populaires, dont il est issu, et a été victime d'un certain nombre de propos racistes, notamment de soutiens de Christiane Charnay, mais qui imagine des électeurs RN voter PC-LFI-PS ?).

[armi24]

Le capacité de Mellies de monter une liste se revendiquant de Zemmour pourrait être un test sur la capacité de mobiliser des militants des partisans du polémiste.

[newritture]

Antoine Mellies annonce laisser la tête de liste à Fabrice Riva, resté au RN. Vu l'article il semble assez clair qu'il le soutient, et que donc les divergences en vue des présidentielles n’interféreront pas dans les municipales.
On a donc pour l'instant 4 listes : DVG-EELV-LND, PCF-PS-LFI, PCF diss. et RN-Zemmour. Ne reste plus que le centre qui n'a pas fait part de ses intentions.
https://tribunedelyon.fr/2021/10/28/elections-a-givors-le-rn-antoine-mellies-renonce-a-la-tete-de-liste/

[Eco92]

Je ne connais pas la ville et je découvre cette partielle. De mon point de vue j'y vois un test non seulement pour le maire mais aussi pour la métropole, vu qu'il est de la même couleur politique. Ce sera donc à observer.

Après vu les scores de 2020, il faut se garder de conclusions trop rapides, Boudjellaba n'avait été élu qu'avec 28,84 % des suffrages contre 28,26 % à la maire sortante dans une quadrangulaire ! Mais il ne pourra pas ne pas y avoir d'analyse métropolitaine. Qu'on ne pourra faire dès demain, sauf chute totale, au premier tour de 2020 le futur maire était arrivé troisième.

[pmf]

Il serait souhaitable de disposer d'informations sur l'offre électorale de demain 5 décembre 2021.

Les recherches que j'ai effectuées cursivement me laissent très interrogatif sur la configuration du Premier Tour de scrutin avec des listes difficiles à classer sur un échiquier politique traditionnel. Il y aurait donc selon des articles de presse six listes, dont trois pourraient l'emporter.

Au clair pour sortir de l'obscur et bienvenue aux archives et à la mémoire précieuse du contributeur expert en élections locales et aussi nationales.

[newritture]

L'offre électorale est la suivante :
- Liste Boudjellaba (sans étiquette) : soutenu par EELV (plusieurs adjoints dont la 1ere adjointe), G.S, GE et Les Nouveaux démocrates (1 adjoint ex-LFI, présent sur la liste Fabienne Grébert aux régionales)
- Liste Charnay (PCF) : soutenu par le PCF, le PS et LFI
- Liste Berenguel (PCF) : plusieurs insoumis dissidents sur la liste, dont le seul élu LFI au conseil municipal (Fabrice Noto), qui étaient au départ soutiens de Charnay. À noter que la FI avait déjà exclu plusieurs insoumis en 2020 après un vote du groupe d'action en faveur de Boudjellaba.
- Liste Dali (centre-gauche) : avec Laurent Decourselle (candidat en 2020). Elle penche au centre-gauche, Razika Dali a tenté une liste commune avec Mohamed Boudjellaba et Laurent Decourselle soutenait David Kimmelfeld aux métropolitaines.
- Liste Benoui (droite) : absente des municipales 2020 la droite est bien présente cette fois, mais la liste n'a pas l'investiture LR
- Liste Riva (RN) : soutenu à la fois par le RN et les soutiens locaux de Zemmour

Mohamed Boudjellaba parie sur une élection au 1er tour, en 2020 beaucoup de monde avait voter Charnay pour empêcher la bascule à l'extrême-droite, et la division du PC n'aidera pas les électeurs communistes à se mobiliser (Berenguel n'a même pas été exclu !).
En cas de second tour dure de prévoir des fusions. La seule chose claire pour l'instant : Benoui n'a pas exclu une fusion avec Riva (les deux listes se parlent).