de SALVAT » Lun 15 Nov 2010 01:05
Ce qui était prévisible s'est produit, n'en déplaise à quelques messagers qui, confondant analyse et prosélytisme, caricaturent à l'envi des propositions émises par d'autres.
Une crise municipale n'est pas née ex nihilo : des élus ont mis en cause leur premier magistrat : celui-ci pouvait les déférer en référé devant la justice pour qu'ils apportent leurs preuves à son encontre dans un délai très rapproché (moins d'une semaine) : au lieu de cela , il y a eu négation et, de fait, les électeurs de Bruges se sont retrouvés dans un débat où c'était "parole contre parole" . L'UMP a pris fait et cause pour le maire : l'a-t-elle fait en connaissance de cause ou s'est-elle imaginé que le maire serait réélu et a-t-elle voulu jouer pour le sortant qui serait donc gagnant à tout coup ?
C'est oublier que les électeurs n'accordent plus leur confiance aveuglément, le seul doute les détournant de celui sur qui il porte : MELLICK fut reconduit une fois ..mais pas deux et d'autres, ces dernières semaines, ont fait les frais d'accusations dont ils ne cherchaient pas à se défaire par les voies normales que leur offre la justice. A défaut, " il n'y a pas de fumée sans feu" et les accusateurs bénéficient d'une écoute favorable.
Suite à un premier tour défavorable, l'UMP bénit les dissidents et dissuade publiquement le maire sortant pourtant adoubé jusque là de se retirer : que peuvent en penser ses militants et électeurs ? On leur a menti à un moment ou à un autre..Si le maire était irréprochable, l'honneur commandait de le soutenir encore davantage au second tour.Un tel revirement ne peut que les choquer : si 90% des électeurs du premier tour ont maintenu leur confiance à Bernard SEUROT, je lis dans cette proportion leur refus d'être considérés comme une masse de manoeuvre que l'on ballade (ici "ballote") d'une consigne de vote à une autre nouvelle et contradictoire avec la précédente à 8 jours d'intervalle.
Marie Pierre SANGNOU peut-elle, avec un plein succès, faire appel à ces électeurs simplement au nom de l'efficacité en vue de son élection ? on ne l'imagine pas.
La liste de gauche a pu même récupérer des voix de premier tour qui s'étaient portées sur Bernard SEUROT : avec 210 électeurs de plus , on relève qu'il y a diminution des bulletins blancs ou nuls : ces citoyens ne se sont-ils pas dégelés et déterminés au second tour pour l'outsider de gauche, devant le spectacle offert par les deux autres listes et les appels d'Alain JUPPE qui ne pouvait que les indisposer ? Enfin , les électeurs centristes qui étaient demeurés fidèles à leur candidat local et qui sans doute auraient du opter davantage pour la droite que pour la gauche (la fonte du stock de 2008 en faveur de la gauche s'étant déjà produite au premier tour), pouvaient -ils aller tout uniment sur la liste de Marie-Pierre SANGOU, vu les contradictions qui entouraient l'ex-dissidente rentrée, subitement, en grâces aux yeux de l'UMP ?
Il y a eu de nouveaux électeurs qui se sont partagés, sans aucun doute, entre la liste de gauche (effet d'entraînement pour la liste arrivée en tête) et celle de Mme SANGOU (vote "utile" malgré tout). Elle-même et ses colistiers, devront-ils, à la réflexion, être reconnaissants à l'appareil UMP et à Alain JUPPE de les avoir instrumentalisés...après les avoir combattus jusqu'au soit du premier tour ?
Comme à St Gilles, il y a eu revirement, entre deux tours, de la part de l'UMP et un joli gâchis : O. LAPIERRE a déclaré avoir rendu sa carte et devoir poursuivre son combat politique, Bernard SEUROT suivra le même chemin, chacun avec des militants qui se sont trouvés pris dans des considérations où l'opportunisme, la morale et la logique ne s'accordaient plus !
Pour un candidat futur à une élection, le label "UMP" n'est plus le viatique vers la victoire à tout coup...il pourrait même être intrinsèquement porteur de défaite. Bernard SEUROT et Marie-Pierre SANGOU en apportent, chacun, l'illustration.
Bertrand SALVAT