de Fabien » Mer 30 Oct 2024 17:57
Cette circonscription très hétérogène à tout point de vue (géographique, sociologique, et politique) englobe la moitié nord-est de la ville de Grenoble, la plupart de ses banlieues situées dans la vallée du Grésivaudan, sur les contreforts de Chartreuse, et le village du Sappey-en-Chartreuse. Seul point commun: une très forte proportion de diplômés de l'enseignement supérieur, ce qui en fait un terrain très défavorable pour le RN. Par ailleurs, la préfecture de l'Isère abrite une population plutôt jeune, avec une assez forte population immigrée et est assez mélangée au niveau des revenus, même s'il n'y a pas de quartiers très riche. Les banlieues sont, à l'exception de La Tronche relativement mélangée, très aisées et plutôt, voir franchement âgées. Cas particulier, le charmant village du Sappey est aisé... mais à faible proportion de personnes âgées.
De façon assez logique, comme la plupart des grandes villes universitaires, Grenoble penche nettement à gauche, de même que Le Sappey désormais, alors que les banlieues votent très largement pour le bloc macronie-LR (La Tronche, là encore, étant plus équilibrée mais tout de même plutôt à droite).
Notons qu'il s'agit de l'équilibre politique actuel, qui a beaucoup varié au fil du temps. Au moment de son découpage, appliqué pour la première fois en 1988 (il me semble qu'elle n'a pas été retouchée en 2012), Carignon régnait sur Grenoble, et entre la coupure de la ville-centre et l'adjonction de communes bien à droite, il s'agissait à l'évidence d'en faire un bastion conservateur. Cela a fonctionné un temps, elle est même restée à droite en 1997. En 2007, Carignon tente son grand retour, contesté par une partie de son camp, et essuie une déroute historique. Ce qui pouvait passer pour un accident révèle en fait une évolution plus durable, puisque la socialiste Geneviève FIORASO garde la circonscription en 2012. Son suppléant passé macroniste, Olivier VERAN, l'emporte en 2017, puis est réélu assez largement en 2022. Il est finalement battu en 2024, d'assez peu, et cette fois en triangulaire et non en duel.
L'électorat de classes moyennes supérieures urbaines, diplômées et aisées, politiquement au centre-gauche, fera pencher la balance d'un côté ou de l'autre, de même que le degré de démobilisation des quartiers populaires. Une chose est sûre: la gauche ne pourra pas cette fois compter sur une triangulaire, le second tour devrait très probablement l'opposer seule à la Macronie, comme en 2022. Le PS peut faire valoir que vu le profil de la circo, son étiquette y serait plus porteuse que celle de la FI. Osera-t-il pour autant maintenir sa candidature contre le jeune candidat insoumis, qui a donc déjà le soutien des écologistes qui tiennent la mairie de Grenoble? Il peut le faire sans grand risque d'élimination de la gauche... sur le papier, et en assumant le rôle ingrat du diviseur!