Le PS aux abois !Bien qu’il ne s’agisse que d’une partielle, avec son corollaire, la traditionnelle abstention, phénoménale dans le cas présent (78,30%), il est possible d’en tirer quelques enseignements succincts. Heureusement d’ailleurs, et notamment pour la gauche qui aurait bien tort de se réfugier derrière ce ridicule taux de participation, en reprenant l’adjectif employé par
« Diasflac », afin de mieux masquer sa chute vertigineuse. Une chute entamée aux municipales de 2014 et amplement corroborée aux départementales puis aux régionales de 2015.
Malgré son caractère prévisible, l’événement est de taille : c’est la première fois dans l’histoire de la Vème République que le PS est éjecté du 2ème tour dans cette circonscription. Mais qu’il semble loin, très loin même, cet esprit de conquête, symbolisé par cette impensable victoire, survenue le 11 mars 1973, du socialiste
Gérard Haesebroeck, inamovible maire d’Armentières (1) de 1959 à 1999 ! A l’arrachée, il parvenait alors à déloger
Maurice Schumann (UDR), ministre des Affaires étrangères depuis 1969 et figure emblématique de la Résistance, de son poste de député qu’il occupait à compter de 1958 !
Le désaveu est d’autant plus cinglant que le PS ne totalise que 11,24%, réduisant ses soutiens au noyau dur de ses militants et de son premier cercle de sympathisants qui, au passage, n’auront pas manqué de panache pour défendre âprement leurs convictions. In fine, le score est sensiblement inférieur à la moyenne, s’élevant à 18,25%, qu’il a obtenu au 1er tour des 18 élections législatives partielles qui se sont succédé depuis l’élection de
François Hollande, et ce avant cette sinistre soirée pour lui. Il s’agit même du plus mauvais résultat après les 7,12% récoltés, le 7 décembre 2014, dans la 21ème circonscription du Nord (Valenciennes), détenue jusque-là par
Jean-Louis Borloo (UDI) qui en avait fait son fief à compter de 1993.
Plus grave encore, dans pas moins de quatre des six communes de la circonscription, le PS disparaît quasiment du paysage politique après avoir recueilli un résultat à un chiffre : 6,63% à Bousbecque ; 8,28% à Roncq (ville où son candidat suppléant,
Eric Zajda, est pourtant conseiller municipal) ; 8,91% à Neuville-en-Ferrain ; 9,27% à Linselles.
Les causes de cette débâcle sont multiples. Tout d’abord, cette partielle intervient sans doute au pis moment du mandat de Hollande, jalonné par deux projets de réforme presque concomitants portant sur la déchéance de la nationalité et le code du travail, violemment contestés par tout un pan de sa base électorale.
Les sempiternelles divisions de la gauche prennent aussi toute leur importance bien qu’elles ne font que refléter les positions désormais irréconciliables entre les différentes formations qui la composent. Clamée à cor et à cri par certains, l’indispensable symbiose des gauches n’aurait cependant pas suffi à franchir le 1er tour, son total ne réunissant que 26,44% contre 28,54% pour le FN, et encore en additionnant les 2,96% engrangés par Lutte ouvrière ! Preuve, une fois de plus, que la crise ne touche pas seulement le PS de ce côté de l’échiquier politique. Conseiller municipal d’opposition et patron du PS à Halluin,
Jean-François Caron ne cachait pas son désarroi après le dépouillement : «
On paie clairement la dispersion de la gauche. Ce n’est pas normal d’être éliminé du second tour. Il faut reconstruire la gauche dans la circonscription. » (2)
Enfin n’oublions surtout pas les considérations purement locales. Tout d’abord, l’inexorable évolution de la sociologie de la circonscription, avec l’irruption depuis la fin du siècle dernier de catégories socioprofessionnelles aisées, en particulier sur les communes périurbaines autour de Tourcoing.
Roncq vient ainsi de plébisciter, avec 58,22%, son maire
Vincent Ledoux (LR) alors qu’elle est restée aux mains du PCF pendant près de 40 ans, précisément entre 1944 et 1983. Ce même Ledoux qui, en réunissant 43,51%, vire largement en tête dans celle qui se fera appelée « Halluin la Rouge », sous contrôle communiste, telle une citadelle assiégée, de 1921 à 1941, de 1945 à 1947, enfin de 1953 à 1957. Avant de rentrer, plus sagement, dans l’orbite du PS de 1947 à 1953 puis de 1989 à 2014.
Cette terre électorale ne cesse donc de s’orienter à droite. Ce que semble ignorer, ou plutôt feint d’ignorer pour mieux souligner la pseudo-prouesse de son poulain,
Gérald Darmanin (LR), député sortant, dans sa déclaration à l’AFP empreinte, comme à l’accoutumée, de partialité et de présomption (voir supra le message de
« pop03 »).
Autre donnée locale, l’allergie grandissante à l’égard du PS, jugé entre autres dispendieux et doctrinaire, de la part de l’électorat de l’agglomération lilloise à compter des municipales de 2014. Un PS qui, la mort dans l’âme, avait dû alors abandonner la présidence de la Métropole européenne de Lille (MEL) qu’il assumait sans discontinuer depuis sa naissance en 1967 sous l’appellation « Communauté urbaine de Lille ». Cet ostracisme à son endroit se fit principalement sentir sur le versant nord-est de la MEL où souffla, en particulier contre l’insolent leadership lillois et villeneuvois, un vent de révolte marqué par l’assaut triomphal de la droite contre les places fortes du PS que sont Halluin, Lys-les-Lannoy mais surtout Roubaix-Tourcoing (3).
Hégémonique, la droite aurait pourtant tort de pavoiser, ne serait-ce qu’au regard de la participation, son candidat récoltant de misérables pourcentages par rapport aux inscrits. Elle n’en écrase pas moins la gauche, et cerise sur le gâteau, parvient à contenir la poussée du parti de Marine Le Pen aussi bien à Tourcoing que dans la vallée de la Lys. Une posture rendue possible grâce notamment à ses dirigeants qui, après avoir tous pactisé avec l’inénarrable
Christian Vanneste (4), héraut de la droite extrême, ont su retenir un électorat prêt à tomber dans les bras du FN. Un FN qui décidément ne parvient toujours à percer dans la métropole lilloise comme on l’avait déjà observé lors des élections locales de 2014 et 2015, et ce à l’inverse des anciens bassins industriels du département, devenus sa chasse gardée.
G.F.(1) De 1958 à 1986, la commune d’Armentières (un peu plus de 26 000 habitants en 1975) intégrait la 10ème circonscription du Nord avant de rejoindre la 11ème, avec La Bassée et Lomme en 1988 puis Lille Sud-Ouest et Lomme en 2012.
(2) Les propos de
Jean-François Caron figurent sur le site Web de « La Voix du Nord », en date du dimanche 13 mars 2016 :
http://www.lavoixdunord.fr/region/legislative-partielle-dans-la-vallee-de-la-lys-le-ps-ia26b0n3384659(3) Depuis les élections municipales de 2014, Wattrelos, aux mains du socialiste
Dominique Baert, pareillement député de la 8ème circonscription, est devenu l’unique commune de gauche du versant nord-est de la Métropole européenne de Lille.
(4) Parmi les « bébés Vanneste », citons Les Républicains suivants :
-
Gérald Darmanin, député sortant, vice-président du conseil régional, vice-président de la Métropole européenne de Lille, maire de Tourcoing, président de la fédération du Nord.
A rompu avec
Christian Vanneste lors du 1er tour des élections législatives de 2012 en se présentant victorieusement contre lui.
-
Vincent Ledoux, conseiller régional, vice-président de la Métropole européenne de Lille, maire de Roncq, en tête de cette partielle.
A soutenu Vanneste jusqu’au 1er tour des élections législatives de 2012, se positionnant du même coup contre Darmanin.
-
Gaston Dassonville, conseiller départemental de Tourcoing 1, conseiller délégué de la Métropole européenne de Lille, maire d’Halluin, suppléant de Ledoux sur cette partielle.
A soutenu Vanneste jusqu’au 1er tour des élections législatives de 2012, se positionnant du même coup contre Darmanin.
-
Marie Tonnerre, conseillère départementale de Tourcoing 1, conseillère de la Métropole européenne de Lille, maire de Neuville-en-Ferrain, déléguée de la circonscription.
A soutenu Vanneste jusqu’au 1er tour des élections législatives de 2012, se positionnant du même coup contre Darmanin.
Résultats sur l’ensemble des six communes de la circonscription :Inscrits : 82 417
Votants : 17 881, soit 21,70%.
Abstention : 64 336, soit 78,30%.
Blancs : 414, soit 2,32%.
Nuls : 218, soit 1,11%.
Suffrages exprimés : 17 249, soit 96,47%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 8 080 voix, soit 46,84%.
- Virginie Rosez (Front national) : 4 350 voix, soit 25,22%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 1 939 voix, soit 11,24%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 1 018 voix, soit 5,90%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 880 voix, soit 5,10%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 511 voix, soit 2,96%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 257 voix, soit 1,49%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 214 voix, soit 1,24%.
Résultats sur Tourcoing, 1ère ville la plus peuplée de la circonscription, dont le candidat du Parti socialiste, Alain Mezrag, est issu :Inscrits : 37 752.
Votants : 5 768, soit 15,28%.
Abstention : 31 984, soit 84,72%.
Blancs : 120, soit 2,08%.
Nuls : 73, soit 1,27%.
Suffrages exprimés : 5 575, soit 96,65%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 2 186 voix, soit 39,21%.
- Virginie Rosez (Front national) : 1 417 voix, soit 25,42%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 847 voix, soit 15,19%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 355 voix, soit 6,37%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 336 voix, soit 6,03%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 256 voix, soit 4,59%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 91 voix, soit 1,63%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 87 voix, soit 1,56%.
Résultats sur Halluin, 2ème ville la plus peuplée de la circonscription, dont le candidat suppléant des Républicains, Gaston Dassonville, est le maire :Inscrits : 14 829.
Votants : 3 608, soit 23,76%.
Abstention : 11 221, soit 76,24%.
Blancs : 89, soit 2,46%.
Nuls : 46, soit 1,27%.
Suffrages exprimés : 3 473, soit 96,25%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 1 511 voix, soit 43,51%.
- Virginie Rosez (Front national) : 970 voix, soit 27,93%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 397 voix, soit 11,43%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 200 voix, soit 5,76%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 199 voix, soit 5,73%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 111 voix, soit 3,19%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 43 voix, soit 1,24%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 42 voix, soit 1,21%.
Résultats sur Roncq, 3ème ville la plus peuplée de la circonscription, dont le candidat des Républicains, Vincent Ledoux, est le maire :Inscrits : 11 017.
Votants : 3 447, soit 31,29%.
Abstention : 7 570, soit 68,71%.
Blancs : 76, soit 2,20%.
Nuls : 37, soit 1,07%.
Suffrages exprimés : 3 334, soit 96,72%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 1 941 voix, soit 58,22%.
- Virginie Rosez (Front national) : 686 voix, soit 20,58%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 276 voix, soit 8,28%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 160 voix, soit 4,80%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 145 voix, soit 4,35%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 50 voix, soit 1,50%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 41 voix, soit 1,23%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 35 voix, soit 1,05%.
Résultats sur Neuville-en-Ferrain, 4ème ville la plus peuplée de la circonscription dont la candidate du Front national, Virginie Rosez, est conseillère municipale :Inscrits : 8 457.
Votants : 2 399, soit 28,27%.
Abstention : 6 058, soit 71,73%.
Blancs : 66, soit 2,75%.
Nuls : 31, soit 1,29%.
Suffrages exprimés : 2 302, soit 95,95%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 1 119 voix, soit 48,61%.
- Virginie Rosez (Front national) : 657 voix, soit 28,54%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 397 voix, soit 8,91%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 149 voix, soit 6,47%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 81 voix, soit 3,52%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 43 voix, soit 1,87%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 30 voix, soit 1,30%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 18 voix, soit 0,78%.
Résultats sur Linselles, 5ème ville la plus peuplée de la circonscription :Inscrits : 6 531.
Votants : 1 715, soit 26,25%.
Abstention : 4 816, soit 73,75%.
Blancs : 35, soit 2,04%.
Nuls : 20, soit 1,16%.
Suffrages exprimés : 1 660, soit 96,79%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 828 voix, soit 49,58%.
- Virginie Rosez (Front national) : 402 voix, soit 24,22%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 154 voix, soit 9,28%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 129 voix, soit 7,77%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 54 voix, soit 3,25%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 41 voix, soit 2,47%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 34 voix, soit 2,05%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 23 voix, soit 1,39%.
Résultats sur Bousbecque, 6ème ville la plus peuplée de la circonscription :Inscrits : 3 801.
Votants : 944, soit 24,83%.
Abstention : 2 857, soit 75,17%.
Blancs : 28, soit 2,96%.
Nuls : 11, soit 1,16%.
Suffrages exprimés : 905, soit 95,86%.
- Vincent Ledoux (Les Républicains) : 500 voix, soit 55,25%.
- Virginie Rosez (Front national) : 218 voix, soit 24,09%.
- Alain Mezrag (Parti socialiste) : 60 voix, soit 6,63%.
- Olivier Descamps (Europe Ecologie Les Verts) : 60 voix, soit 6,63%.
- Thierry Combas (Front de gauche) : 30 voix, soit 3,31%.
- Christophe Charlon (Lutte ouvrière) : 19 voix, soit 2,10%.
- Nicolas Rousseaux (divers droite) : 10 voix, soit 1,10%.
- Guillaume Haelters (Mouvement républicain citoyen) : 8 voix, soit 0,88%.