de Herimene » Mar 11 Oct 2016 14:18
Pour Rocca Serra, on est d'accord. Mais Rossi justement a cherché une solution "médiane" au conflit corse dès le milieu des années 1990. Je ne dis pas qu'il ait été très apprécié des forces nationalistes, on l'a très souvent accusé de vouloir faire double-jeu, et il est tout autant un représentant de la classe politique classique corse que d'autres... Mais à l'époque ce fut l'un des tous premiers hommes politiques corses non-nationalistes à rechercher le dialogue avec ces derniers. Un peu plus tard il y a eu aussi José Renucci à gauche. Mais Rossi avait d'importants mandats et des responsabilités partisanes nationales au sein de l'UDF puis de DL.
A l'époque, localement, à gauche, il n'y avait pas grand monde pour soutenir le processus d'autonomie et de médiation vis-à -vis des Nationalistes. Et puisque Bastia n'est pas la Corse, je préciserai que toutes les figures du PRG, à l'époque incontournable partout en Corse (y compris en Corse-du-Sud, l'ascension de Renucci ne commence qu'en 1998) et pas seulement Emile Zuccarelli, mais aussi François Vendasi ou encore Nicolas Alfonsi et très probablement le clan Giacobbi ont fait très activement campagne pour le non lors du référendum de 2003. Cette mainmise du PRG sur la gauche corse s'est il est vrai considérablement réduite depuis 15 ans, et les relations entre une partie de la gauche corse (Giacobbi notamment, mais aussi le PS local et divers élus indépendants de sensibilité social-démocrate comme Renucci ou le maire de Bonifacio) et les élus nationalistes se sont nettement améliorées, en particulier ces 6 dernières années. Mais on efface pas des décennies d'intense confrontation comme ça. Et le clan Zuccarelli conserve un pouvoir de nuisance et une implantation locale à Bastia (et une influence indéniable sur une partie de la gauche corse), qui fait et fera des Nationalistes des opposants de la gauche corse, dans sa majorité, même si des personnalités indépendantes et des représentants socialistes ou écologistes (qui ne pèsent pas grand chose en Corse, et n'ont donc pas grand chose à perdre) peuvent les rejoindre et les ont d'ailleurs parfois déjà rejoint.
Par ailleurs, effectivement le PNC s'est longtemps allié avec Les Verts puis EELV, mais il s'agit d'un parti national et les Nationalistes ont toujours eu de meilleurs relations avec les partis de gauche nationalement qu'avec les figures politiques de la gauche locale. Preuve en est la position de Jospin sur le conflit corse par exemple, alors que tous les députés et sénateurs de gauche de Corse étaient sur une ligne intransigeante vis-à -vis des Nationalistes et anti-autonomiste. Je souligne aussi une nouvelle fois qu'EELV ne pèse quasiment rien localement en Corse, tout comme le PS d'ailleurs. Ca lui permet dès lors d'avoir une position plus raisonnée vis-à -vis des Nationalistes, car aucune figure locale n'a de pouvoir à conserver.
Au niveau national, on est d'accord on peut classer la majorité des Nationalistes au centre-gauche, du fait de leurs positions politiques et/ou de leurs alliances passées nationalement avec EELV, notamment, comme la majorité des partis régionalistes en France regroupés au sein de Régions et peuples solidaires. Maintenant, localement, il y a une claire rupture historiquement entre la gauche locale et les Nationalistes. Les premiers ponts localement entre eux ne datent que de la toute fin des années 1990. Dès lors je maintiens ma position, les Nationalistes peuvent être difficilement classés autrement qu'en tant que "troisième force" indépendante de la gauche et de la droite, pour ce qui concerne le paysage politique corse. Les rapports de force se sont un peu modifiés depuis 15 ans, et surtout sous le mandat Giacobbi au Conseil exécutif de Corse, mais la rupture entre ces deux forces restent vivace, malgré quelques petits ponts et parfois des ennemis communs (comme le clan Rocca Serra, qui explique l'alliance très locale de 2011, et qui s'est faite d'autant plus facilement que la gauche non-nationaliste est très mal implantée à Porto-Vecchio et n'avait aucune chance de victoire seule). Et la majorité bastiaise, parce qu'à la base le débat c'était de savoir si elle est de gauche ou non, peut encore moins facilement être classée à gauche que les Nationalistes seuls, puisqu'elle comporte une aile libérale (avec toute la droite bastiaise, certes peu puissante) désormais plus importante numériquement que son aile socialiste ou social-démocrate. La troisième force médiane lui va d'ailleurs très bien (à la majorité bastiaise) et je doute que beaucoup de Nationalistes contestent mon interprétation. Leur sensibilité profondément réformiste voire parfois égalitariste les classe certes théoriquement politiquement plutôt à gauche, mais en Corse les points de rupture et de division ne se sont jamais faits sur l'économique et le social, et la majorité bastiaise est clairement opposée localement à toute la gauche non-nationaliste hormis le PS : j'ai nommé le PRG, le MCD tattiste, les Zuccarellistes et le Front de Gauche et tous ces partis se considèrent comme représentants de l'union de la gauche, de laquelle ils excluent toute autre force. Et il y a vraiment une très forte animosité entre eux et la majorité municipale. Parler de duel gauche-gauche dimanche dernier n'avait donc de mon point de vue que peu de sens.