Election cantonale partielle de La Chambre (Savoie)

[Jean-Philippe]

Dufreney me semble assez loin des 12,5% donc on aura un duel. Mais l'issue est incertaine car les reports à droite ne devraient pas être très bons. Je continue de miser sur la victoire du sortant.

[Genaro Flores]

Voici les tous premiers résultats du 1er tour de l'élection cantonale partielle à la Chambre, l'un des six cantons de Maurienne en Savoie, divulgués sur le blog de François Chemin (PS), maire de Fourneaux, commune contiguë à Modane : http://fechemin.blogspot.com/

- Jean-Louis Portaz (Front de gauche, avec le soutien du PS et d'EELV) : 1316 voix, soit 42,45%.
- Christian Rochette (UMP) : 890 voix, soit 28,70%.
- Daniel Dufreney (divers droite, ex-CNIP) : 697 voix, soit 22,48%.
- Dominique Raphel (FN) : 197 voix, soit 6,35 %.

A l’heure actuelle, on ignore si Daniel Dufreney pourra se maintenir au deuxième tour, devant pour cela réaliser un score équivalant à au moins 12,5%.

Un grand merci à François Chemin pour ce scoop ! Maintenant, je vais me permettre quelques enseignements de ce scrutin.
Au premier chef, on observera la belle première place pour Jean-Louis Portaz, qui voit en effet son résultat gonfler d’un peu plus de 14 points au regard du premier tour de 2011. Il aura ainsi bénéficié de la classique prime au sortant dans une élection partielle. Le maire de la Chapelle (depuis 2008) tire aussi partie de l’absence de Philippe Bost qui, soutenu par EELV, avait atteint 21,23% lors du premier tour en 2011.
Assurément, la victoire lui tend les bras dimanche prochain, même en cas de simple duel avec Christian Rochette et en conséquence si Daniel Dufreney ne peut postuler au second tour. La campagne éclair aura en effet été tendue et l’animosité semble profonde entre les deux candidats de droite.
Pour Rochette, âgé de 60 ans, conseiller régional et maire de Saint-Rémy-de-Maurienne à compter de 2001, un revers augurerait mal de sa possible campagne des législatives dans la troisième circonscription de Savoie qui agrège, outre la vallée de l'Arc, le sud de la Combe de Savoie et celui de la cluse de Chambéry. Et c’est bien sûr Pierre-Louis Charvoz, candidat proche du Parti radical et suppléant de l’actuel député Michel Bouvard (UMP) qui ne se représente pas, qui mettrait à profit cette polarisation à droite. Un Charvoz qui, ne l’oublions pas, occupe la position stratégique de Saint-Jean-de-Maurienne, à la fois conseiller général et maire.
Quant à Daniel Dufreney, conseiller général de 1985 à 2011 (seule parenthèse de droite depuis la Libération), il subit une réelle défaite, passant de 37,83% au premier tour en 2011 à 22,48% aujourd’hui, écrasante même si l'on compare avec ses 48% au premier tour de 2004. Sa personnalité controversée marquée par de multiples incartades, y compris au sein du conseil général, ses démêlés au conseil municipal de la Chambre dont il est le maire depuis 1989, ont fini par lasser bon nombre d’électeurs. En attendant le résultat du premier tour de l’élection municipale partielle qui avait lieu concomitamment dans sa propre commune, il aura bien du mal à revenir sur le devant de la scène. Au demeurant, à 65 ans.
D’autre part, l’échec est au rendez-vous pour le FN qui fait les frais de cette joute fratricide à l’intérieur de la droite classique pour refluer sensiblement : de 12,58% l’an passé, il se situe à 6,35% ce jour.
En tout cas, je tiens à exprimer mon admiration à Jean-Philippe qui a particulièrement vu juste dans ses pronostics qui, rappelons-le étaient les suivants : 40% pour Portaz, 30% pour Rochette, 20% pour Dufreney et 10% pour le FN.

Genaro Flores

P.S. : j’ai préféré garder l’entièreté de mon texte en dépit, juste avant de le mettre en ligne, de la lecture des trois messages précédents.

[Genaro Flores]

Daniel Dufreney, celui qui avait mis fin à l'hégémonie de la gauche dans le canton de la Chambre de 1985 à 2011, est éliminé dès le premier tour de l'élection cantonale partielle qui a eu lieu hier, dimanche 12 février. S'il a obtenu 22,48% des suffrages exprimés, il n'a pas atteint, à quelques voix près, les 12,5% des inscrits nécessaires pour postuler au second tour. Celui-ci opposera donc Jean-Louis Portaz (FG avec soutien du PS et d’EELV) à Christian Rochette (UMP).
A noter l’excellent taux de participation pour une cantonale partielle (52%), même si la ruralité du territoire n’est pas étrangère à ce phénomène. En réalité, ce chiffre est à mettre en corrélation directe avec l’extrême polarisation à droite, la tenue également le même jour de l'élection municipale partielle à la Chambre dont Dufreney est le premier magistrat depuis 1989. Il dépasse même celui de la cantonale à échéance normale de 2011 (48%), ce qui n’est pas banal !
Dimanche prochain, la partie s’annonce des plus serrées. Indubitablement, les clefs du scrutin sont entre les mains des abstentionnistes du premier tour et surtout des électeurs de Dufreney.
Jean-Louis Portaz n’en sera pas moins favori, en raison de la traditionnelle prime au sortant invalidé, au demeurant sans être nullement responsable de la situation qui a conduit à l’annulation de son élection en 2011. Et il devrait tirer partie du contrecoup du combat fratricide à droite entre Rochette et Dufreney.
Attention toutefois à la carte de visite de Rochette. Conseiller régional de 1998 à 2004 puis à compter de 2010 (il dirigeait la liste UMP en Savoie), maire de Saint-Rémy-de-Maurienne depuis 2001 (avec 1280 âmes, cette commune n'est autre que la plus importante du canton de la Chambre), il sera aux prochaines législatives le candidat du parti sarkoziste dans la 3ème circonscription. Il est aussi très connu pour être le président de l'influent Syndicat du Pays de Maurienne, structure à vocation économique et agrégeant 59 des 62 communes de la vallée de l'Arc.

Genaro Flores

P.S. : « Le Dauphiné Libéré », dans son édition en ligne du lundi 13 février 2012, comprend un article sur cette cantonale partielle :
http://www.ledauphine.com/savoie/2012/0 ... xieme-tour

[fred75]

Je note dans cette cantonale que la participation est proche de celle de mars dernier, ce qui rend les comparaisons pertinentes.
Il y a un effritement de la gauche qui, contrairement à mars dernier, partait cette fois-ci avec un candidat unique. Celui ci est en dessous du total FG+EELV qui était proche de 50% il y a 11 mois. Il culmine à 42.5%.
Egalement le FN, dont on nous annonce un carton en avril prochain, marque le pas en Maurienne en divisant son capital électoral par deux.
C'est la droite modérée qui tire son épingle du jeu, avec un total supérieur à 50% des exprimés contre 37% sur le seul Dufreney il y a un an.
On verra la qualité des reports de voix dimanche prochain. Une certaine déperdition est possible, mais le candidat de la gauche n'est pas un socialiste, c'est un apparenté communiste, je ne vois pas l'électorat de droite voler à son secours.Reste l'électorat résiduel de l'extrême droite qui en votant pour le PG/FG n'en serait pas à une contraction près.
Je pense plutôt que le candidat UMP peut l'emporter, mais je m'attends néanmoins à un duel serré.

[fred75]

A gennaro Flores : l'esprit partisan ne doit pas t'aveugler....
les chiffres sont là, il faut faire avec.
Parler de l'UMP en disant parti sarkozyste est un peu réducteur, et fleure l'ironie.
Les gens de gauche sont un peu trop sûrs d'eux en cette période électorale.

[vudeloin]

intéressant ce résultat. la gauche recule et pourrait bien perdre le canton. cela renforcerait la position d'Hervé Gaymard, dont la majorité tient à l'âge du capitaine.

Outre qu'il faut bien regarder les chiffres, j'incline à penser que le candidat de gauche a une forme de dynamique en sa faveur qui devrait lui permettre de passer, même de peu, la barre des 50 %.

Premier tour 2011 : Portaz 796 Bost 596 Dufreney 1062 FN 353
Premier tour 2012 : Portaz 1 316 Rochette 890 Dufreney 697 FN 197

L'électorat de Bost est plus composite, l'intéressé n'étant que "soutenu" par EELV et classé sans étiquette.
Rappelons aussi que sa profession de vétérinaire lui permettait, de manière assez évidente, de disposer d'un certain contact avec la population du canton.
A noter tout de même qu'à moins de 80 voix, le candidat élu en mars (après de très longues années de mandat de Daniel Dufreney ) retrouve la totalité des voix de premier tour sur son nom et celui du candidat soutenu par EELV.
Je ne suis donc pas certain que la gauche recule, dans cette affaire...

[SALVAT]

Au vu des résultats, je resterais très prudent sur l'issue du second tour : le total des deux candidats de droite est de 1587 face aux 1316 voix du candidat de l'ensemble de la gauche.
Il y aura quelques déperditions bien sûr....mais jusqu'à quel point ? Déjà le chiffre du FN qui a fondu traduit localement une volonté des électeurs locaux de droite de se regrouper par le "vote utile"....
Cela fait maintenant quelques scrutins partiels où les chiffres ne traduisent pas une poussée aussi forte de la gauche que l'indiquent les sondages : cela devrait interpeler les dirigeants nationaux du PS.
Mais de là à penser que NS repasserait...il y a encore une marge...mais ce ne sera pas du 60%/40% pour Hollande.
Bertrand SALVAT

[vudeloin]

Comme tu m’y pousses, SALVAT, je me sens obligé de rappeler deux trois bricoles…

Puisque le canton de la Chambre est marqué par une histoire industrielle non négligeable (notamment dans le domaine de la chimie industrielle ou les constructions électriques) comme, dans une forme d’ambivalence, par le développement du tourisme alpin, il a été, de la Libération à 1985, un bastion de la gauche savoyarde.

La situation a changé depuis, puisqu’en 1985, Daniel Dufreney s’est fait élire pour la première fois.

Et que l’élément ouvrier de l’industrie, assez déterminant dans le vote antérieur, s’est peu à peu rétréci sur le canton.

Rappelons qu’en 2004, dernier scrutin avant 2011, nous avions eu les résultats suivants au plan cantonal

Premier tour

Inscrits 5 596
Votants 3 543
Exprimés 3 443

Juglair (PCF) 239
Pouchoulin (DVG) 435
Portaz (DVG) 801
Prallet (régionaliste) 56

Dufreney (DVD) 1 654
Vulliermé (FN) 258

On avait donc 1 912 voix de droite pour 1 531 voix de « gauche ».

Second tour

Votants 3 750
Exprimés 3 594

Portaz 1 476
Dufreney 2 118

La dynamique avait donc joué, assez nettement, pour le candidat de droite, et j’ai bien l’impression que c’est là une forme de règle du jeu dans le secteur.

Ensuite, le score de la gauche hier est finalement assez proche de celui de 2004 (où je n’ai pas globalement souvenance que le cru fut de grande qualité pour l’UMP et ses alliés) et je continue de penser que le spectre politique du vote de mars est un peu différent, compte tenu du candidat « écologiste » qui n’était que « soutenu » par EELV, faute de candidat pur sucre sur le canton.

Les divisions à droite me semblent suffisantes pour poser problème pour le candidat restant en lice et j’ai bien l’impression que nous soyons dans la configuration « Sainte Suzanne », celle observée à la Réunion il y a peu.

Alors, encore une fois, arithmétique ou physique ?

[Genaro Flores]

Bonjour Fred75,

Ton message (13 février à 11h54) n'est pas sans fondement. En effet, si on additionne d'un côté les voix de gauche, de l'autre celles de la droite classique, celle-ci dispose de la majorité absolue (51,18%). De plus, elle pourrait bénéficier d’un apport non négligeable des suffrages du FN qui a réalisé 6,35%. Alors, il faudrait être vraiment de mauvaise foi et d'esprit partisan pour nier cette évidence !
Je vais d’ailleurs m’autocritiquer en reconnaissant que le titre retenu pour mon article du 12 février à 22h50 (« Jean-Louis Portaz bien parti ! ») n’est pas en adéquation avec l’issue très serrée qui attend le second tour et que je reconnais d'ailleurs pleinement dans mon papier suivant (13 février à 9h50).
N'empêche, et je suis convaincu que tu ne le sais que trop bien, une élection clairement locale n’a rien à voir avec une élection à portée nationale. Ne retenir de cette partielle qu’un banal affrontement droite-gauche est terriblement simpliste et réducteur.
En réalité, la personnalité des candidats joue ici un rôle considérable et a pour conséquence de multiplier des votes contre nature sur le spectre politique qui s’en trouve du coup bouleversé. De plus, la crise qui a frappé de plein fouet, fin 2011, le conseil municipal de la Chambre dont Daniel Dufreney (divers droite) est le maire depuis 1989, avec en corollaire la municipale partielle organisée le même jour, complique encore un peu plus la donne.
Connaissant bien la population du canton de la Chambre pour y avoir jadis travaillé et porté simultanément un projet environnemental quinze ans durant, je pourrais t’énumérer à satiété les exemples qui relèguent au second plan les idées politiques aux élections cantonales et municipales. Je ne vais t’en citer que deux.
Saint-Etienne de-Cuines, seconde commune du canton de la Chambre avec 1255 âmes, se donne depuis 1989 un maire communiste en la personne de Joseph Blanc, intendant au collège cantonal. Ce qui n’empêche pas le même électorat de voter parfois pour la droite, tant aux présidentielles (2007), législatives (2002) que cantonales où Dufreney a déjà caracolé en tête. Deuxième cas, et là j’abonde entièrement dans le sens de Vudeloin (texte du 13 février à 12h50), les 21,23% de suffrages récoltés par Philippe Bost aux cantonales de 2011 le sont avant tout pour sa personnalité extrêmement appréciée en tant que vétérinaire officiant à la Chambre. Deuxio, il les a aussi glanés en tant que président extrêmement dynamique d’une association opposée dès l’origine au concept de ligne aérienne à très haute tension devant relier à travers la Maurienne Grande Ile (Savoie) à Piossasco (Piémont), et ce afin d'exporter l'électricité à nos amis transalpins. Une cause que Bost aura défendue victorieusement puisque la ligne se fera mais souterrainement (le long de l'autoroute A43 puis en utilisant la galerie de sécurité du tunnel du Fréjus), ce qui explique le soutien que lui a apporté EELV sans qu’il en soit encarté.
Mais il faut avoir à l’esprit que ce combat dirigé contre EDF était appuyé par la quasi-totalité des forces politiques et de la société civile de la vallée, la droite comprise bien sûr, aiguillonnée par le député Michel Bouvard. Et quand les écologistes ont présenté un candidat issu directement de leur rang, des Verts en l’occurrence, ils ont toujours réalisé un score bien plus faible, à l’image de Jean-Yves Reffet. Authentique enfant du pays pour être natif d’Argentine (commune issu du canton voisin d’Aiguebelle), celui-ci avait ainsi tout juste excédé les 5% aux cantonales de la Chambre en 1992, élections pourtant très favorables aux écologistes sur le plan hexagonal. Autre symptôme de la faible influence des Verts dans le canton de la Chambre, le projet d’une vaste réserve naturelle dans la Chaîne de la Lauzière entre 1989 et l’orée de la décennie 2000 qu'ils ont avalisé n’aura jamais obtenu l’accord de la population d’où son échec.
En conclusion, avancer que Bost représente l’électorat vert est vraiment méconnaître le tissu socio-politique du canton de la Chambre, et par-delà celui de la vallée de l’Arc.
Quant à ton second billet (13 février à 11h58), le ton polémique que tu emploies ne me semble pas à l’avenant de la qualité remarquable de ce forum. En effet, en quoi cela amène-t-il quelque chose ?
Sache simplement que je ne suis pas venu ici pour faire de la politique partisane. D’autres espaces sont davantage appropriés pour cela, à l’instar des meetings qui pullulent à l’heure actuelle.
Concernant le néologisme sarkoziste dévolu à l’UMP, je ne vois vraiment pas en quoi il t’a heurté. Même si je reconnais qu’aux cantonales de 2011, une flopée de candidats adhérant au parti présidentiel ont masqué leur appartenance en raison de l’impopularité grandissante de leur mentor...
Enfin, je pourrais t’apporter la contradiction sur la nature de mon… vote dans l’isoloir ! Eh oui ! Mais cela ne m’intéresse pas, ni, j’en suis certain, l’immense majorité des forumeurs.
A bientôt pour des échanges constructifs !

Genaro Flores

[Jean-Philippe]

Je n'ai rien trouvé sur internet sur le résultat des municipales dans le chef-lieu : Genaro Flores peut-il nous en dire plus en tant que local de l'étape ?