de Artisan-Politologue » Jeu 18 Fév 2010 21:54
Vincent a raison, les résultats en nombre de voix sont au moins aussi intéressants que les pourcentages, surtout lorsqu'on évoque les résultats des Européennes. Pour bien faire, sur le long terme, il faudrait calculer les pourcentages par rapport au nombre d'inscrits.
Chose que je... ne ferai pas dans le petit historique qui suit!...
Le canton de Sainte-Enimie, c'est deux mondes différents. A la fois les gorges du Tarn et le très austère causse Méjean, l'un des endroits les moins densément peuplés de France. Une limite qui divise aussi les communes. Sainte-Enimie est à cheval sur les deux ensembles, Montbrun aussi, Mas-Saint-Chély se trouve plutôt sur le causse, Quézac et La Malène se situent dans la vallée. Cependant, la première penche sans doute davantage à gauche que la seconde, parce qu'elle est en contact avec le canton de Florac, vieux fief de gauche dont le comportement électoral, comme l'a souligné Hashemite, est très proche des vallées cévenols marquée par la pratique religieuse protestante, et le souvenir des révoltes camisardes du XVIIIe siècles. Elles se traduisent par une permanence du vote de gauche et une certaine méfiance vis à vis du pouvoir central.
La très large domination de Jean-Jacques Delmas cache effectivement une configuration micro-géopolitique très "50-50". Tout simplement parce que ce canton n'est pas si à droite que ça...
Jean-Jacques Delmas est devenu conseiller général à la suite de son père. Ce dernier était radical et avait battu le conseiller indépendant sortant en 1961. Le secteur était alors tenu par l'aile droite du CNIP, représentée par Tremollet de Villers.
En 1967, il se représente sous l'étiquette divers gauche. La fracture des radicaux, due au Programme commun, passe ensuite par là. Jean-Jacques Delmas se représente en 1973 comme modéré, puis comme UDF-radical en 1979.
Sa fin de carrière au MoDem, en soutien à la nouvelle municipalité de gauche de Mende, est dans ce contexte plutôt logique.
D'ailleurs, dans les années 90, il était entré en dissidence au sein de l'UDF, ce qui a en partie provoqué l'élection d'un député PS en 1997.
Donc les prochaines cantonales, qu'elles se déroulent en 2010 ou en 2011, seront à scruter de près, surtout au vu du faible nombre d'inscrits. Il est courant que les cartes soient redistribuées après le décès d'un sortant. N'oublions pas non plus le basculement à gauche en 2008 du canton voisin de Meyrueis, qui avait voté constamment à droite depuis 1958. Le secteur a l'air de plus en plus tangent, un peu comme le nord-est du département (Grandrieu, Langogne) depuis une quinzaione d'années.
Manu