Les élections européennes montreront-elles un bouleversement de la carte électorale qui s'était esquissée au soir du premier tour de la présidentielle ? Quelques éléments peuvent laisser le penser : deux ans d'exercice du pouvoir macronien dont beaucoup d'électeurs pouvaient ne pas savoir qu'en penser lors de la présidentielle et qui en auraient aujourd'hui une idée plus précise, les turbulences au sein de la France insoumise avec notamment l'abandon de la ligne souverainiste et le retour à une ligne communautariste plus assumée, l'explosion en vol de la droite, le possible élargissement de la fracture territoriale déjà très marquée du vote RN, la réapparition des Verts qui s'étaient effacés lors du scrutin présidentiel...
Je propose une analyse un peu poussée de la carte électorale ayant pour objectif de comparer son évolution entre la présidentielle et les européennes approchantes. Les deux objectifs étant de voir si chaque force politique a un vote sociologique et géographique marqué et quels sont les partis dont les cartes électorales se recoupent (ou pas). J'ai donc analysé la carte électorale dessinée par le premier tour de la présidentielle afin d'en tirer les principales tendances quant à la fracture territoriale du vote pour chaque candidat, les principales zones de forces et de faiblesse de chacun ainsi que la corrélation des votes de chaque candidat entre eux (je suis sûr que tout le monde meurt d'envie de savoir avec quel vote celui de Jacques Cheminade est le plus corrélé :D)
Méthodologie : analyse du vote par circonscription législative et par bureau de vote. L’analyse par bureau de vote ayant pour objectif de cibler au mieux les ressemblances sociologiques des différents électorats, l’analyse par département étant quant à elle destinée à cibler des espaces géographiques tout en permettant une analyse plus précise pour les petits candidats, dont la différence d’une seule voix dans un bureau crée des différences trop importantes pour bien analyser leur sociologie électorale à ce niveau. Sont exclus de l'analyse les circonscriptions et les bureaux des départements corses ainsi que tous les territoires d'Outre-Mer de manière générale et les bureaux et circonscriptions des Français de l'étranger, car le vote de ces ensembles sont très différents intrinsèquement d'une présidentielle à des européennes et ne permet pas une comparaison non biaisée entre les deux scrutins. Les bureaux de vote sont tous pondérés par leur poids réel dans le corps électoral retenu. Les circonscriptions également bien qu’en se limitant à la métropole, elles sont de populations semblables (mais l’abstention différentielle peut rendre les différences non négligeables). Après les européennes, l'analyse sera refaite afin de voir quels sont les éléments qui auront le plus évolué.
Les résultats par circonscription (535 circonscriptions) ont été tirés de ce fichier :
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/el ... er-tour-1/Les résultats par bureau de vote (65999 bureaux de vote) de celui-ci :
https://www.data.gouv.fr/s/resources/el ... _T1_FE.txt après suppression des bureaux de vote dont les suffrages ont été annulés par le Conseil constitutionnel dont la liste est donnée ici :
https://www.conseil-constitutionnel.fr/ ... 169PDR.htmCommençons par la fracture territoriale de chaque vote : j'entends par fracture territoriale si les scores d’un candidat par circonscription ou par bureau sont tous très proches de la moyenne nationale ou peuvent au contraire tutoyer les étoiles comme creuser les bas-fonds. Je calcule donc pour chaque candidat leurs coefficients de variation, c'est-à-dire l'écart-type du vote divisé par leur moyenne nationale. Il existe des différences substantielles selon si on se place du point de vue des circonscriptions ou des bureaux de vote. Commençons par les circonscriptions.
C'est Lassalle qui a obtenu le coefficient de variation le plus élevé avec un impressionnant 89,48%, conséquence d'une fracture territoriale gigantesque antre le Sud-Ouest et l'Île-de-France sur laquelle je reviendrai. Loin derrière mais toujours dans la catégorie des votes marquées géographiquement, Le Pen avec un coefficient de variation de 37,24%, suivie de très près par Arthaud avec 36,23%. Le vote Hamon a aussi été marqué territorialement avec 31,54% de coefficient de variation. Suivent ensuite les votes Dupont-Aignan (29%), Fillon (27,93%), Poutou (26,81%) et Asselineau (26,26%). En queue de liste, Mélenchon avec un coefficient de variation de 23,93%, puis Macron qui avec 20,08% a eu un vote particulièrement homogène. Enfin, Cheminade a connu un vote étonnamment uniforme avec un coefficient de variation de seulement 16,02%.
Passons maintenant à l’analyse par bureau de vote. Comme indiqué dans le point méthodologie, le faible nombre de suffrages par bureau obtenus par les petits candidats donne des variations beaucoup plus importantes pour chacun d’eux, sans que cela vaille dire grand-chose. Ainsi, Cheminade qui avait le plus faible coefficient de variation a cette fois le plus élevé avec 112,67% ! Suivent Lassalle avec 111,93%, Arthaud (76,8%), Asselineau (68,12%) et Poutou (59,34%). Pour les candidats plus importants, le vote Le Pen est toujours très hétérogène (45,76%) tout comme les votes Fillon (43,61%) Dupont-Aignan (43,52%) et Hamon (43,41%). Pour Fillon, ce vote hétérogène en fonction des bureaux de vote se retrouve beaucoup moins si on fait l’analyse par circonscription et même pas du tout si l’analyse était faite par département (on trouverait alors un vote à peine plus hétérogène que celui de Macron). Mélenchon également voit l’hétérogénéité de son vote nettement augmenter avec une granularité d’analyse maximale (son coefficient de variation passe à 36,34%) tandis que Macron est le seul à se distinguer par un vote nettement plus homogène que ses concurrents avec un coefficient de variation de 26,4%. Ce n’est pas le cas lors d’une analyse par département où Mélenchon dispose là d’un vote encore un peu plus homogène que celui de Macron. Mélenchon, derrière un vote assez uniforme sur chaque département - avec un minimum assez haut dans l’Aube (13,97%) et si on fait abstraction du pic en Seine-Saint-Denis, un maximum assez bas également – se cache un vote très marqué sociologiquement (cela vaut aussi pour Fillon) alors que le vote Macron a été plutôt attrape-tout : plutôt haut chez les cadres et bas chez les classes populaires mais sans véritable excès. Il sera intéressant de voir si cela évolue aux européennes.
Pour ce qui est des zones de force et de faiblesse de chacun des candidats, sans surprise, Macron est particulièrement fort en IdF et dans l'Ouest (tous les départements de son top 10 se trouve en IdF ou dans la Bretagne historique). Viennent ensuite le Puy-de-Dôme et les trois départements limousins. Il faut ensuite attendre le 32ème meilleur département pour trouver un département de l'est de la France (Isère). Pour les zones de faiblesse, il s'agit là encore sans surprise du littoral méditerranéen, des Hauts-de-France hors Somme, du Grand-Est hors Bas-Rhin, à quoi on peut rajouter les Alpes-de-Haute-Provence, la Sarthe qui se distingue dans l'Ouest (effet Fillon ?), l'Eure et le Tarn-et-Garonne.
Le Pen cartonne avant tout dans le nord et le nord-est (il faut attendre le 8ème meilleur département pour voir apparaître un département du sud en l'occurrence le Vaucluse, talonné par le Var). Mais globalement, on peut se contenter pour les zones de force comme pour les zones de faiblesse de prendre le miroir du vote Macron : nous y reviendrons quand on abordera la question des corrélations des votes.
Le vote Fillon est avant tout concentré dans l'ouest francilien. On notera toutefois une tâche bleue autour de la Sarthe (Mayenne, Orne, Vendée et Maine-et-Loire), deux bastions qui se maintient à l'extrémité sud-est (Var et Alpes-Maritimes), en Savoie élargie (Savoie+Haute-Savoie), ainsi que des scores appréciables dans les départements ruraux historiquement conservateurs (Cantal+Lozère). En revanche, exceptions faites des deux départements mentionnés, le littoral méditerranéen qui été devenu un bastion de la droite ces dernières années n'en est plus un désormais, de même que les bons scores de la droite obtenus dans le Grand-Est ont été totalement absents en 2017 (seule l'Aube a fait de la résistance en restant le 14ème département le plus filloniste de France).
Le vote Mélenchon est avant tout un vote du Sud-Ouest mais on notera quand même la présence de trois départements franciliens dans le top 4. On peut également relever les bons scores sur le littoral méditerranéen, hors Var et Alpes-Maritimes, ainsi que les tâches rouges un peu isolées en Seine-Maritime, Loire-Atlantique, Puy-de-Dôme, Nord, Ardèche et dans les départements alpins. Les flops sont concentrés essentiellement dans le nord-est de la France (surtout l'Alsace), sur une région englobant les Pays-de-la-Loire (exception faite de la tâche rouge en Loire-Atlantique) et la Basse-Normandie et à l'extrême sud-est du pays.
Le vote Hamon se concentre sur tout le front ouest de la Bretagne jusqu'aux Pyrénées-Atlantiques ainsi qu'à Paris et en petite couronne francilienne. Il fait un flop en revanche dans tout le nord et nord-est de la France sans aucune exception ainsi que sur le littoral méditerranéen sans exception également. En plus d'être marqué géographiquement par département, le vote Hamon est aussi confiné dans des espaces larges bien particuliers tandis qu'on peut trouver de vastes "déserts hamonistes". A part Paris, il n'y a pas vraiment de "tâches roses" comme on peut en voir avec Fillon ou Mélenchon.
Dupont-Aignan fait clairement ses meilleurs scores dans le Grand-Est. Si on fait abstraction de son meilleur département qui est son fief de l'Essonne, mais on observe des scores significatifs dans certains départements ruraux de Normandie, du Centre, voire même des Pays-de-la-Loire (on notera quand même un creux dans la Sarthe : toujours l'effet Fillon). Il est en revanche faible en Île-de-France, en Bretagne ainsi que dans tout le sud de la France, que ce soit le sud-ouest ou le littoral méditerranéen.
Le vote Lassalle est le plus marqué géographiquement : il est très au-dessus de sa moyenne nationale dans tous les départements ruraux du sud-ouest : la Creuse se distingue avec un score inférieur à 2%. Il est à titre indicatif très haut en Corse bien que la Corse n'ait pas été retenue dans l'étude. Il est en revanche très bas dans tous les départements franciliens (et ça s'aggrave dès qu'on se rapproche de Paris, son flop numéro 1). Il est aussi bas dès qu'un département comporte une grande ville (Seine-Maritime, Nord, Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire, Rhône,...).
Le vote Poutou est avant tout un vote du sud-ouest d'où il est originaire mais il y a des pointes en Bretagne (Finistère où le NPA a un allié local Breizhistance) où dans le Grand-Est (Vosges et Haute-Saône). Il est en revanche faible en IdF, sur le littoral méditerranéen ainsi qu'en Rhône-Alpes.
Le vote Asselineau est avant tout un vote francilien et alsacien, avec également le Territoire-de-Belfort, proche de l'Alsace toutefois, qui se hisse à la 3ème place. Plus largement, il est fort dans l'est de la France et sur le littoral méditerranéen. En revanche, il est faible dans le sud-ouest et dans les zones rurales (pic à la baisse très marqué dans le Cantal). Le Pas-de-Calais lui accorde un très faible score comparé aux départements limitrophes.
Le vote Arthaud est très marqué géographiquement. Des scores très élevés sont à noter dans certains départements du nord et du nord-est mais également dans les zones rurales de la région Centre, avec des pointes dans certains départements du nord-ouest : Orne, Mayenne, Deux-Sèvres, Vienne, Manche. Le vote Arthaud est faible sur le littoral méditerranéen, en Île-de-France et de manière un peu moins marquée mais quand même très nette, dans les départements ruraux de du sud-ouest (je soupçonne "l'implantation locale" de Poutou qui lui pique des voix potentielles dans ces territoires).
Pour Cheminade, je passe, c'est assez uniforme et il est assez difficile de voir a priori une quelconque cohérence géographique dans les zones de forces et de faiblesses. On notera qu'on sent qu'il s'agit d'un vote "anti-système" sur lequel je reviendrai.
Je termine par les corrélations des votes entre candidats. Pour commencer, une analyse par circonscription législative.
Concernant Macron, son vote est corrélé négativement avec tous les candidats, sauf Hamon (corrélation positive à 72,92%), Fillon (corrélation positive à 29,31%) et Mélenchon (corrélation positive à 8,56%). On a une confirmation que le vote Macron de la présidentielle est avant tout un vote des "électeurs du système" avec des zones de forces qui recoupent celles des anciens partis de gouvernement. On notera toutefois la corrélation extrêmement élevée avec le vote PS tandis que celle avec le candidat LR reste bien plus modeste. Un des enjeux aux européennes sera de savoir si cela se rééquilibre et si oui, dans quelles proportions. Pour les autres candidats, le vote Macron n'est quasiment pas corrélé avec le vote Lassalle (négative à seulement 7,19%) mais corrélé négativement de manière quasi-parfaite avec le vote Le Pen (à 92,28%). On notera aussi une corrélation négative à 44,87% avec le vote Dupont-Aignan, à 45,12% avec le vote Arthaud et à 20,01% avec le vote Cheminade.
Le vote Le Pen est comme dit précédemment, anti-corrélé à plus de 92% avec le vote Macron. Anti-corrélation extrêmement importante aussi avec le vote Hamon (74,48%). On note également une anti-corrélation avec le vote Fillon (à 32,89%) encore plus importante qu'avec le vote Mélenchon (négative aussi à 24,24%). Le vote Le Pen est aussi corrélé négativement mais faiblement avec les votes Lassalle (0,59%) et Asselineau (4,86%) et corrélé positivement avec les votes Poutou (16,31%), Cheminade (20,26%), Arthaud (53,13%) et Dupont-Aignan (50,74%)
Le vote Fillon est donc corrélé positivement avec Macron à 29,31% et négativement et négativement avec tous les autres candidats. A 32,89% avec Le Pen. Corrélation très négative avec le vote Mélenchon également (à 69,08%) (je me serais attendu à encore plus), et avec le vote Hamon (à 25,27%). Il est aussi négativement corrélé avec le vote Dupont-Aignan (à 7,59%), le vote Lassalle (16%), Poutou (48,27%), Arthaud (41,47%), Cheminade (20,34%) et Asselineau (19,61%).
Le vote Mélenchon a une corrélation positive assez importante avec le vote Hamon (55,5%) et Asselineau (40,37%). Il est aussi corrélé positivement au vote Lassalle, mais très faiblement (1,91%) et Poutou, de manière bien plus nette (17,51%). Il est en revanche corrélé négativement au vote Arthaud (6,07%) et Dupont-Aignan (42,85%) et non corrélé au vote Cheminade (négative mais à seulement 0,68%).
Le vote Hamon est corrélé positivement au vote Lassalle (3,04%), Poutou (9,84%) et Asselineau (1,91%) et négativement avec le vote Dupont-Aignan (52,86%), Arthaud (24,95%) et Cheminade (15,75%).
Le vote Dupont-Aignan est corrélé positivement avec le vote Arthaud (46,7%), Poutou (25,93%), Asselineau (2,5%) et Cheminade (41,41%) et négativement (mais très faiblement) avec le vote Lassalle (1,71%).
Le vote Lassalle est corrélé positivement avec le vote Poutou (41,15%) et négativement avec le vote Asselineau (18,23%), Arthaud (3,32%) et Cheminade (4,71%).
Le vote Poutou est négativement corrélé avec le vote Asselineau (19,6%) et positivement avec le vote Arthaud (62,82%) et Cheminade (36,7%).
Le vote Asselineau est négativement corrélé avec le vote Arthaud (20,5%) et positivement avec le vote Cheminade (19,95%).
Enfin, le vote Arthaud et le vote Cheminade sont positivement corrélés à 44,13%.
La matrice de corrélation ici.Même si l'évolution des corrélations des petits candidats n'est pas ce qu'on observera en premier lors des élections européennes, je trouve toujours intéressant de voir la couleur politique que leur donne leur carte électorale, surtout lorsqu'ils sont a priori difficilement classables. Ainsi, le vote Cheminade est avant tout corrélé au vote Dupont-Aignan, ainsi qu'aux deux candidats d'extrême-gauche et dans une moindre mesure aux votes Asselineau et Le Pen ce qui donne une coloration très anti-système à ce candidat. Il est aussi intéressant de noter que le vote Arthaud, certes très corrélé avec le vote de son concurrent Poutou, est ensuite surtout élevé là où les votes Le Pen et Dupont-Aignan sont hauts alors qu'il est négativement corrélé avec le vote Mélenchon. Quant à Asselineau, ses corrélations lui donnent plutôt la couleur d'un candidat de gauche souverainiste (ce qui expliquerait son bon score dans l'ancien fief de Chevènement) avec sa forte corrélation avec Mélenchon, puis Cheminade, mais étant malgré son positionnement très eurosceptique négativement corrélé avec le vote Le Pen et pas corrélé avec le vote Dupont-Aignan. Quant à Lassalle, peu de grosses tendances se dégagent si ce n'est l'anti-corrélation assez nette avec les votes Fillon et Asselineau (mais pas démentes non plus) et la corrélation avec le vote Poutou (mais le fait d'avoir un fief commun doit les aider).
Chez les candidats « du système », Macron mord sur les électorats LR et PS mais bien plus sur le PS tandis que les électorats LR et PS restent quant à eux géographiquement éloignés. Mélenchon a un pied dans cette sociologie électorale : corrélation très forte avec le vote Hamon, nettement moins pour Macron mais des zones de forces communes manifestes. En revanche, un fort antagonisme entre ses zones de force et celles de Fillon.
Arthaud, Poutou, Dupont-Aignan et Le Pen se partagent des zones de forces communes ce qui est sans doute la cause d’un électorat ouvrier commun. Asselineau et Mélenchon se partagent un électorat commun, probablement celui de la gauche souverainiste des anciens chevènementistes. Quant à Cheminade, il apparaît comme une sorte d’hybride entre un candidat des ouvriers et un candidat de la gauche souverainiste. Enfin, Lassalle reste un candidat assez atypique dont ne ressort surtout que la corrélation avec le vote Poutou (effet sud-ouest) et dans une moindre mesure celle négative avec le vote Asselineau (effet ruralité contre urbanisme).
Je poursuis avec l’étude des corrélations au niveau des bureaux de vote, à prendre avec des pincettes concernant les petits candidats, surtout concernant Cheminade dont le nombre de voix pour chaque bureau de vote semble codé en binaire (suite de 0 et de 1…) :
Je donne directement la matrice de corrélation des différents candidatsGlobalement, les mêmes tendances sont respectées. On remarquera toutefois l’inversion de la corrélation entre les votes Macron et Mélenchon qui passe de légèrement positive à légèrement négative, preuve que si les ensembles géographiques qui ont soutenu Macron et Mélenchon sont semblables, la sociologie réelle diffère de façon sensible malgré tout. En revanche, confirmation de la corrélation du vote Macron avec ceux des deux anciens partis de gouvernement, mais l’anti-corrélation entre les votes de ces deux mêmes partis s’affirment encore. En siphonnant leurs électorats communs, Macron a rendu PS et LR nettement plus antagonistes qu’ils ne l’étaient. Une analyse par bureau montre également que la corrélation entre le vote Arthaud et le vote Mélenchon redevient positive mais le vote Arthaud reste toujours davantage corrélé et d’assez loin avec le vote Le Pen ou Dupont-Aignan. Ce n’est pas aussi vrai concernant le vote Poutou. Il y a donc une rupture nette entre la sociologie de LO et celle de la gauche mélenchonniste tandis que le NPA semble bien plus compatible avec cette dernière. LO fait donc office de pont entre gauche mélenchonniste et droite lepéniste. L’analyse par bureau confirme aussi le positionnement gauche chevènementiste d’Asselineau : son vote n’est vraiment corrélé qu’avec celui de Mélenchon et parmi les autres corrélations positives, c’est avec les votes Hamon et Poutou.
Il faudra voir là encore si ces équilibres sont bouleversés au soir des européennes et je referai donc la même analyse sur les principales listes. Ces grandes tendances se retrouveront-elles le 26 mai au soir ou bien est-ce qu’après 2 ans d’exercice du pouvoir du « nouveau monde » sera induite une nouvelle sociologie électorale ?