de Analysage » Mer 18 Mar 2015 09:56
Bonjour,
Je voulais vous livrer mon analyse sur la situation du département de l'Isère.
Je pense que l'analyse de ce département est intéressante compte tenu de la situation de la gauche.
Composition actuelle :
PS et cie 29
PC et cie : 6
UMP et cie : 7
Non inscrits : 4
Divers droite : 5
Sans étiquette : 4
Ecolos : 2
Il y'a donc une majorité de gauche sans appel.
Cependant, je pense au basculement à droite sur un scrutin serré.
D'abord, comme partout ailleurs, le FN fera un score lui permettant de gagner quelques sièges.
Le parti a d'ailleurs placé ses figures sur des cantons gagnables, en dépit de toute logique. Ex : Mireille d'Ornano, conseillère municipale de Grenoble, récemment élue députée européen, se présente à l'autre bout du département (Nord Isère), très loin de sa circonscription, tout comme Alain Breuil (CM Grenoble) à l'extrême Sud du département.
Les électeurs quoiqu'il en soit voteront sans doute pour eux, malgré le cumul que pourront présenter les candidats.
La droite part unie avec l'UDI de partout. Même si Debout la république peut profiter d'un élan anti-europe, anti systeme, il grappillera quelques points chez les abstentionnistes, à ceux tentés par le FN, mais ne siphonnera pas la droite.
Si l'UMP ne fait pas plus rêver en Isère qu'ailleurs, elle catalysera en partie un vote d'opposition.
De plus, Alain Carignon étant out depuis les dernières municipale, les adversaires ne pourront pas jouer le refrain habituel anti-Carignon.
La situation à gauche est intéressante car elle représente bien la situation nationale avec une petite longueur d'avance.
Le PS et le PC ne partent pas unis au 1er tour. Ce dont on peut être sur c'est que le PC sortira du Conseil.
D'un autre côté, sous couvert d'un rassemblement citoyen, les écolos et le parti de gauche reprennent la stratégie victorieuse des municipales : créer une illusion de groupement citoyens afin de taper quasiment uniquement sur le PS. Le but étant de présenter le PS comme un parti de "droite" et de s'imposer comme étant la "vraie grauche".
C’est en fait ce qui se passe un peu au niveau national ou hormis JV Placé, il y’a un rapprochement Mélenchon, Duflot, frondeurs etc… Cependant, plutôt que de l’afficher, la stratégie de couvrir cela sous un « rassemblement citoyen » a fonctionné une première fois, il serait dommage de ne pas le retenter.
Ce positionnement place le PS dans une position schizophrénique : lâcher sa gauche et prendre le virage social démocrate/social libéral ou continuer à encaisser les coups de l'union EELV/PG sans trop rien dire pour ne pas acter une rupture et espérer garder un possible rapprochement ? D’ailleurs le PS ne s’en est pas caché et a jusqu’au bout tenté de vouloir unir les candidats de gauche.
Notons que la situation du conseil municipal de Grenoble amplifie cette schizophrénie, compte tenu du désamour réciproque(haine ??) très forte entre le PS et la majorité EELV/PG.
Point important, l’Isère est le département d’André Vallini, secrétaire d’état à la réforme territoriale. C’est donc lui, en plus d’être au PS et au gouvernement, qui porte cette réforme… Si les electeurs veulent s’offrir un scalp, Vallini risque d’en faire les frais.
Avec ces éléments, je pense donc que le département basculera à droite avec notamment les cantons du Nord Isère qui apporteront une légère majorité à la droite. Cette dernière dispose aussi d’un allié de choix paradoxal : la coalition EELV/PG.
Il est « amusant » de constater que la droite va jouer avec ce groupement d’extrême gauche pour faire perdre le PS de la meme facon que ce dernier a joué avec le FN pour faire perdre la droite…
Cette coalition EELV/PG sait pertinemment qu’elle ne gagnera pas le département, mais est ce réellement son but ?
D’abord, son objectif est de valider son positionnement sur les cantons Grenoblois . En dégageant le PS de Grenoble, l’union verte et rouge transforme l’essai des municipales et assoit son ancrage. Le département basculant à droite en finalité, le PS étant sorti, EELV/PG s’impose de facto comme vainqueur et premier opposant, et pourra se targuer d’être la « vraie gauche ».
Ils feront donc TOUT pour que le PS perde…
Il faut cependant nuancer cette vision par un « bilan » d’un an aux affaires de la coalition EELV/ PG.
Si il y’a un recadrage, il se fera probablement au profit du PS, ou les électeurs ramèneront le curseur de l’extrême gauche à la gauche… sans aller jusqu'à la droite.
La victoire de ce groupe aux municipales ne s’est pas fait avec un élan populaire incommensurable. Une droite qui arrive en lambeau au premier tour, après une guéguerre d’investiture, avec le soutien de l’UDI mais face à une partie scissionniste du MODEM qui par ailleurs était dans la majorité PS aux affaires, et un Alain Carignon sur la liste… Un PS affaibli par la situation nationale qui malgré l’union avec le PC, part face aux écolos qui pourtant faisaient parti de la majorité gouvernementale…
Bref, rien pour que le citoyen lambda ne puisse s’y retrouver (ex le même jour ou Valls venait à Grenoble soutenir le PS au nom du gouvernement, Duflot faisait de même avec EELV/PG).
On retrouve donc un second tour en quadrangulaire avec 51% de participation, la liste PS de SAFAR qui entre les deux tour perd l’investiture du parti, un FN qui se maintient, et une liste UMP/UDI avec son Carignon en numéro 9. Resultat, une majorité élue avec 40% soit 20% des inscrits…
Après un an de gestion, et des mesures souvent incomprises (suppression des panneaux publicitaires, polémiques sur les subventions, suppression de manifestations culturelles, plantations de groseilles en ville, position sur Center parc, …) par les Grenoblois, et certaines promesses d’ores et déjà reniées (gratuité des transports, construction des écoles, nomination d’amis ou de membre de la famille à certains postes …) il est difficile de quantifier le vote pour EELV/PG.
En finalité, je penche donc pour un basculement à droite de l’Isère emmenée par les cantons du Nord Isère, Grenoble restera pour ma part à gauche mais je suis dans l’impossibilité de dire qui entre le PS et EELV/PG l’emportera. Il n’est pas impossible que la droite valide un canton sur Grenoble malgré tout profitant de la division à gauche.
Voila mon analyse, et je pense que ce qui s’est passé à Grenoble l’année dernière, se passe actuellement en Isère et préfigure de la situation nationale.
Mélenchon parlait de Grenoble comme son « vaisseau amiral », de son « laboratoire »… tout était déjà calculé !