Les départementales pour les régionalistes/autonomistes

[Républicain67]

Le PS a en faisant la réforme territoriale, ressuscité un mouvement politique qui semblait moribond depuis 1945, l'autonomisme alsacien. Il n'y avait plus eu autant de candidats autonomistes en Alsace depuis les années 1920-1930. Le gouvernement ne savait visiblement qu'est ce qui l'attendait, en ouvrant la boîte de Pandore des fusions régionales. Les Alsaciens sont certes de nature des loyalistes, mais avec les Corses et les Bretons, se sont les Français les plus attachés à leur région et à leur culture régionale.

[comtedeparis]

Il est effectivement inepte d'avoir supprimé la catégorie "REG" des listes du ministère, pour la remplacer par celle, très fourre-tout, de "DIV". Cela va rendre le calcul des voix régionalistes et autonomistes très difficiles...Mais peut être est ce que veut le gouvernement. Que ce soit Cazeneuve ou Valls, ils n'ont pas montré beaucoup d'intérêt pour les identités régionales lors de la réforme de la carte territoriale, avec pour conséquence directe de ranimer l'autonomisme dans certaines régions (je pense à l'Alsace en particulier). On aboutit du coup à des situations grotesques, il faut voir sur le site du ministère les candidatures dans le pays Basque, la majorité des candidats est qualifiée de "divers", on ne sait plus qui est qui!

[Herimene]

Il est effectivement inepte d'avoir supprimé la catégorie "REG" des listes du ministère, pour la remplacer par celle, très fourre-tout, de "DIV". Cela va rendre le calcul des voix régionalistes et autonomistes très difficiles...Mais peut être est ce que veut le gouvernement. Que ce soit Cazeneuve ou Valls, ils n'ont pas montré beaucoup d'intérêt pour les identités régionales lors de la réforme de la carte territoriale, avec pour conséquence directe de ranimer l'autonomisme dans certaines régions (je pense à l'Alsace en particulier). On aboutit du coup à des situations grotesques, il faut voir sur le site du ministère les candidatures dans le pays Basque, la majorité des candidats est qualifiée de "divers", on ne sait plus qui est qui!

Je suis totalement d'accord avec vous. Et encore on a échappé au pire : heureusement que la distribution de la propagande électorale par voie postale a été maintenue in extremis par l'Assemblée Nationale contre l'avis du gouvernement. Avec les affiches et les professions de foi des candidats, les électeurs pourront quand même à peu près savoir qui est qui.

Mais effectivement faire la liste des voix des différents candidats régionalistes sera très compliquée à l'issue des élections, d'autant que tous les candidats régionalistes ne sont même pas étiquetés divers. En Corse, comme je l'ai déjà indiqué, seuls les candidats indépendantistes sont étiquetés divers et les quelques candidats autonomistes qui se présentent en autonome. Mais à Bastia et dans son agglomération, les Autonomistes ont choisi de poursuivre la démarche d'ouverture découlant des Municipales vis-à-vis de la gauche non-zuccarelliste et du centre-droit local. Du coup, les candidats autonomistes sont associés selon les cantons à des divers gauche, des divers droite ou des UMP... et les binômes sont tous étiquetés selon l'étiquette de leur colistier, sans prendre en grande la composante autonomiste du binôme, ce qui est ahurissant.

[Eco92]

Voici les candidature que l'ont peut étiqueter ainsi en Bretagne.

L'Union Démocratique Bretonne est sans doute le mouvement avec le plus de candidats, dans les cinq départements historiques. Je ne vais pas tous les recopier, ils sont là http://www.udb-bzh.net/index.php/fr/blog-des-elections/112-departementales-2015/4487-les-candidatures-udb-aux-departementales mais voici quelques chiffres :
- Le parti annonce 30 candidature, en comptant les soutien à des candidatures de gauche ;
- Pour les candidats strictement UDB c'est Loire-Atlantique qu'il y en a lke plus ! 7 quadrinomes pour le 44, Il y en a 6 dans le Morbihan ), 3 dans les Côtes-d'Armor, seulement 2 dans le Finistère et 4 en Ille-et-Vilaine ;
- Quelques élus sont candidats : Sonia Meziane (conseillère municipale, Nantes-4), Laurence Chevrel et Yann Syz (conseillère municipale et adjoint au maire, Lorient-2), Mona Bras (conseillère régionale et adjointe au maire, Guingamp), Martine Le Morvant (conseillère municipale de Plouezec, Paimpol) et Anne-Marie Kervern (adjointe au maire, Brest-5).
- Il y a des alliances dans un certain nombre de cantons, toujours à gauche. Avec personne en Loire-Atlantique, avec et dans le Finistère, avec EELV (canton de Montfort) en Ille-et-Vilaine, avec le PCF et EELV (Saint-Brieuc 1&2) ou avec le PS (Paimpol, Plérin) dans les Côtes-d'Armor, avec le PS (Questembert) et le Mouvement Bretagne et Progrès (Gourin) dans le Morbihan. Ils sont pas rancuniers à EELV sur ce coup.
- Pas de candidature sur Carhaix, dans le canton de Christian Troadec, élu de Mouvement Bretagne et Progrès, mais pas de soutien non plus ! Ce alors qu'ils soutiennent l'autre sortant du parti dans le Morbihan.

Le Mouvement Bretagne et progrès justement, s'allie de nouveau avec le Parti Breton pour présenter des candidats. Là le site n'est pas à jour, il n'y a même pas la candidature de Troadec et seulement 7 candidatures présentées, 0 en Ille-et-Vilaine... http://www.nousteferonsbretagne.bzh/nos-candidats/
- Notons qu'ils sont donc soutenu par l'UDB dans le canton de Gourin, ou le conseiller général sortant s'est associé à une autre CG sortante DVG et est supplée par une adjointe UDB et un maire DVG.
- Troadec se représente bien dans Carhaix-Ploueger, avec Corinne Nicole, conseillère municipale à Scrignac.
Je miserai sur la réélection des deux sortants MB&P mais pas plus.

Jeune Bretagne, mouvement identitaire (scission du Bloc Identitaire) très marginal qui avait présenté des candidatures ces dernières années ne semble pas en avoir ce coup-ci. Rien trouvé non plus pour Breizhistance, parti indépendantiste d'extrême-gauche qui a remplacé son site par une sorte de site d'info engagé.

[benjam]

Avec l'UDB, le Ministère de l'Intérieur fait preuve une nouvelle fois, non seulement de son imprécision majeure, mais aussi de son incohérence dans l'utilisation des "nuances" :
- les quatuors 100% UDB sont indiqués comme "DIV" (puisque la catégorie "REG" a disparu). Sauf à Rostrenen et Tréguier, où "DVG" a été choisi, ce qui me semble plus juste (mais pas à Guingamp, également dans le 22).
- à Montfort, on a aussi "DIV", alors que les 2 suppléants sont EELV !
- à St-Brieuc (1 et 2), les tickets PCF-EELV-UDB sont étiquetés "DVG" (ce qui est le cas des alliances EELV avec PCF/PG/FG ailleurs).
- là où ils partagent le binôme avec le PS, on a droit à "SOC" à Mûr-de-B. et Plérin, mais à "UG" à Paimpol. Je croyais, naïvement, que "SOC" s'appliquait à des candidatures exclusivement PS...

Pour l'alliance MBP-PB, l'étiquette "DIV" a là aussi été privilégiée : Briec, Carhaix, Guipavas, Plabennec, Plonéour-L. (29), Pornic (44), Auray, Guidel, Lorient-2, Vannes-1 (56)... sauf à Gourin (56) et Lannion (22) ("DVG").

[Eco92]

Il y a vraiment un scandale dans ces étiquettes... Dénoncé par plusieurs partis mais c'est ainsi...

[Eco92]

Tiens, quelqu'un a-t-il des résultats ?

En Bretagne je noterai le bon score des deux sortants du "Mouvement Bretagne et Progrès" :
- A Carhaix le duo Christian Troadec & Corinne Nicole devancent largement, avec 35,56 %, l'UMP et ses 19,04 %. Suivent le FDG/NPA, le PS et le FN.
- A Gourin (Morbihan) le duo Christian Derrien & Ghislaine Langlet sont en tête avec courte avance de 500 voix (25,59 %), ils ont cependant pas mal de réserve car un autre duo de conseiller généraux DVG s'était présenté et a obtenu 21,62 %, se retrouvant éliminé.

Ailleurs, les candidats ne sont pas qualifiés et varient du bon score au non-remboursable. Il faudrait regarder les cartes mais j'imagine bien le soutien s'effriter chaque fois que l'on s'éloigne de Carhaix, comme on l'avait vu aux européennes. En tous cas un certain nombre de binômes sont remboursés.

Dans le Finistère, outre Troadec, le MBP obtient 13,62% à Briec et 7,34% à Plabennec. Dans les deux autres cantons (Plonéour-Lanvern et Guipavas), il n'atteint pas les 5%.

Côtes-d'Armor : Une seule candidature, à Lannion, qui obtient 9,56%.

Morbihan : Outre Gourin trois candidats, à Auray (5,42%), Guidel (5,03%) et Lorient-2 (2,11%). Dans deux cantons le seuil de remboursement est passé de justesse, mais passé.

Il n'y avait pas de candidat en Ille-et-Vilaine et un quator à Pornic (Loire-Atlantique) quoi a obtenu 5,13%

***

Il faut aussi analyser les scores de l'UDB, qui semble ne pouvoir se maintenir que dans les cantons où ils sont alliés à d'autres forces.

Dans les Côtes-d'Armor on note un bon score solo (11,24% à Rostrenen), un 16,88% dans un duo avec le PCF et quatre scores au dessus de 30% dans des alliances avec le PS et même, une fois, PS et EELV.

En Ille-et-Vilaine une seule des quatre candidatures dépasse les 4%, c'est le canton de Monfort-sur-Meu, ou l'alliance avec EELV et une DVG permet d'obtenir 14,25%.

Morbihan : Huit présences, six candidatures en dessous de 5%, un 6,08 % à Vannes-2 permettant d'accéder au remboursement et un suppléant dans le ticket avec Christian Derrien (NTFB) et Ghislaine Langlet, qui accède au second tour (voir plus haut).

Finistère : les deux seules candidatures obtiennent moins de 2,5%.

Loire-Atlantique : Sept candidatures autonomes, une au dessus de 5% (5,25% à Blain)..

Cela semble confirmer que contrairement à Troadec, l'UDB est incapable de conquérir un siège seule (même à plusieurs ce sera dur) malgré une très longue histoire et peine à créer un véritable ancrage territorial. L'alliance très variable sur le même département, les renversements d'alliances en cours de mandatures (région...) et le côté très loyaliste de leur député au national n'a pas du aider l'électeur à s'y retrouver. Ils perdent de plus en plus de terrain face à leur adversaire régionaliste, comme les européennes l'avaient montré et comme les régionales le montreront sans doute. Cela les poussera peut-être à une alliance large des régionalistes - pas idiote sur le fond et sans conteste financièrement - avec Troadec, le Parti Breton, etc. - comme ils l'ont tenté avec succès dans le canton de Gourin.

http://lagauchebretonne.bzh/?page_id=1260


Les résultats en Pays-Basque, Corse, Alsace ?

[Herimene]

Pour le Pays Basque :

On observe à la fois dans l'ensemble d'excellents résultats pour la coalition abertzale EH Bai (gauche indépendantiste basque) que des résultats médiocres pour le Parti nationaliste basque (centre-droit autonomiste).

Il s'agit sans doute des meilleurs résultats historiques à des élections locales pour des partis abertzale en France. A cet égard, cela suit bien la montée importante des mouvements indépendantistes de gauche de l'autre côté de la frontière ce dernières années.

Sur les 27 cantons des Pyrénées-Atlantiques, ou plutôt sur les 12 cantons basques dans lesquels les partis basques présentaient des candidats :

-EH Bai se qualifie pour le second tour dans 5 cantons : Montagne Basque (22,05%, en seconde position derrière le binôme MoDem-DVD, Nive-Adour (plébiscite pour le sortant Alain Iriart qui obtient 37,90% et affrontera le FN au second tour), Pays de Bidache, Amikuze et Ostibarre (20,83%, en seconde position derrière le binôme MoDem largement en tête), Saint-Jean-de-Luz (14,94%, en seconde position derrière le binôme UMP qui vire nettement en tête) et Ustaritz-Vallées de Nive et Nivelle (18,02%, en seconde position derrière le binôme DVD).

Dans ces 5 seconds tours, EH Bai sera à chaque fois en position de duel, 1 fois face au FN et 4 fois face au centre-droit.
Victoire assurée face au FN sur le canton de Nive-Adour, d'autant que le binôme EH Bai poussé par le sortant Alain Iriart était déjà largement en tête à l'issue du premier tour. Quelques chances de victoire sur le canton de Montagne Basque, puisque le retard sur le binôme de centre-droit n'atteint pas 6 points et que les réserves de gauche dépassent 22% avec aussi quasiment 4% de potentielles réserves PNB (néanmoins celui-ci étant un ancien allié du MoDem, pas sûr que les reports vers EH Bai soit excellents). Ailleurs, EH Bai devrait s'incliner, néanmoins il s'impose comme la principale force de gauche dans la moitié des cantons basques, ce qui est une grande avancée, et poursuit la dynamique amorcée aux Municipales de l'an dernier.

Sans être qualifié pour le second tour, EH Bai arrive en troisième position (et première force de gauche) dans le canton de Baïgura et Mondarrain (avec 18,16%, derrière le binôme UDI et le binôme UDI-UMP). Score à deux chiffres aussi sur Hendaye-Côte Basque-Sud (avec 13,62%, de nouveau en troisième position derrière le PS et le binôme DVD, mais devant l'UMP, le FN et le FG).

Ailleurs, c'est-à-dire dans les zones urbaines qui lui sont moins favorables (Anglet, Bayonne, Biarritz), EH Bai oscille entre 6,35% (sur Bayonne-1) et 9,83% (sur Bayonne-3).

***

Pour ce qui est du PNB, les scores sont bien plus médiocres. Le parti est présent dans seulement 4 cantons (Hendaye-Côte Basque-Sud, Montagne Basque, Saint-Jean-de-Luz, Ustaritz-Vallées de Nive et Nivelle). Son score le plus faible est 2,04% à Ustaritz-Vallées de Nive et Nivelle, ailleurs le parti tourne autour de 4% avec un maximum à Saint-Jean-de-Luz avec 4,26%.

Entre les deux forces nationalistes basques, l'union des abertzale semble avoir largement pris l'avantage sur le PNB, plus modéré et plus centriste. Belle progression en tous cas des nationalistes basques, qui devraient doubler leur représentation au conseil départemental, en l'emportant dans le canton de Nive-Adour.

[Eco92]

Dans les Pyrénées-Atlantiques on trouve 12 cantons basques.

Euskal Herria Bai, coalition de partis indépendantistes et autonomiste se gauche (Abertzaleen Batasuna, Eusko Alkartasuna et Batasuna) est un des grands vainqueurs du scrutin en réussissant à qualifier cinq binômes : Xabi Larralde et Anita Lopepe sur le canton du Pays de Bidache (20,83%), Léonie Aguergaray et Antton Curutcharry dans la Montagne basque (22,05), Santiago Capendéguy et Joana Urbistondo à Ustaritz (18,02%), Alain Iriart et Fabienne Ayensa sur Nive Adour (en tête avec 37,90%), Peio Etcheverry-Ainchart et Leire Larrasa à Saint-Jean-de-Luz (14,94%). Dans tous les cas ils sont qualifiés face à la droite, devançant le PS.

Le plus mauvais score est 7,86 % (Anglet), ce qui montre un poids réel dans le paysage.

Il reste à transformer l'essai, certains sont quand même très loin derrière celui qui est en tête, il reste que par ce score la coalition montre une belle capacité d'ancrage. Il y avait actuellement un indépendantiste au CG, il y a des chances qu'ils soient plus nombreux dimanche.

Le Parti nationaliste basque, lui, ne réussit pas d'aussi beau score. Présent dans 4 canton, le parti historique ne dépasse jamais les 5%, oscillant entre 2,04% (Ustaritz-Vallées de Nive et Nivelle) et 4,26% (Saint-Jean-de-Luz).

[Herimene]

Ca fait un peu doublon avec mon post :D. Non je déconne c'est un très bon résumé.

Dis-moi Eco92 serais-tu d'accord pour me réserver le post sur les autonomistes corses ? Républicain67 pourrait peut-être faire celui sur l'Alsace, il me semble que c'est le plus compétent sur le sujet.