de Marcy » Sam 10 Oct 2020 11:11
Les élections législatives de 2017 ont été des élections de faible intensité, au sens où elles ont été marquées par une abstention record, jamais vue en France pour des élections législatives - et du même ordre de grandeur que les élections européennes, sans doute les plus boudées par l'électorat. La conséquence en a été que les partis défaits à la présidentielle ont été beaucoup plus touchés par l'abstention que les candidats LREM - et que ceux-ci ont remporté une victoire d'autant plus large. En 2022, quel que soit le candidat élu au deuxième tour de l'élection présidentielle, il y a fort à parier que ce schéma se reproduira - sauf peut-être si Marine Le Pen était élue, car il y aurait alors peut-être un sursaut de participation de l'électorat qui ne vote pas RN (comme on a pu le constater par le passé dans des élections serrées où le FN était en position de l'emporter, mais ce qu'on ne voit plus guère récemment avec le RN). On peut aussi imaginer un schéma comparable de la part de l'électorat de droite et centriste en cas de victoire de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen en 2022 - ce qui est toutefois un scénario aujourd'hui aussi improbable que l'élection de Marine Le Pen.
Sinon, je crois que l'électeur aux législatives regarde déjà l'étiquette sans se soucier du candidat, car il sait qu'il s'agit de donner (ou pas) une majorité au chef de l'Etat fraîchement élu. Bref, si des candidats LREM en 2022 viennent de la gauche, ce seront déjà des candidats LREM - et au demeurant leur passé de gauche apparaîtra déjà lointain ; depuis 2017, ils auront donné des gages de leur évolution en endossant des mesures emblématiques comme le remplacement de l'ISF par l'IFI, la baisse des APL, la déréglementation du marché du travail et un nouvel arsenal de mesures sécuritaires - autant de mesures en phase avec les attentes de l'électorat de droite aujourd'hui flottant entre LREM et LR. En un mot, je ne pense pas que leur (lointain) passé de (centre-)gauche sera un obstacle insurmontable pour leur élection - sauf en effet pour les dissidents qui auront été en position de frondeurs si jamais ils venaient à recevoir l'investiture LREM (ce qui serait étonnant).
Enfin, pour être franc, mon analyse d'aujourd'hui est sans doute biaisée par le fait que j'avais pensé que le scénario des législatives de 1988 pourrait se reproduire aux législatives de 2017 avec une majorité étriquée (voire pas de majorité) pour Emmanuel Macron : en fait, j'ai eu tout faux, avec une victoire écrasante de LREM au premier tour, en partie corrigée aux deuxième tour (un peu comme aux deux tours des législatives de 2007). Sans doute que le profil de l'électorat LREM (plus riche et plus diplômé que la moyenne) l'incitait davantage à voter - à la différence de l'électorat socialiste de 1988. Je pense aussi qu'il y a un noyau d'électeurs enthousiastes d'Emmanuel Macron, qui s'est fortement mobilisé aux législatives, d'autant plus que la victoire à la présidentielle était grisante.