Hulot n'est quand même pas un inconnu dans le paysage de la présidentielle. Il a fait pression pour l'adoption d'un pacte écologique en 2007 (et a fait là un coup à la Delors en n'y allant pas alors que déjà des sondages le mettaient à 10 et quelque), a été candidat à la primaire EELV pour 2012... et par ailleurs a une action dans la société civile assez engagée: fondation, film, livre (avec Pierre Rabhi) et un rôle politique en tant que négociateur volant bénévole pour la COP21. Qu'on entende encore parler de lui en 2017 n'est donc pas si étonnant.
Dans le sondage, Duflot est testée en concurrence avec lui, pour arriver à 1 contre 10. A ce niveau, il semble clair que cette double candidature ne sera pas, elle a plus intérêt à entrer dans son équipe de campagne. De toute façon, aux législatives, c'est plutôt EELV qui retirerait les fruits d'une vague Hulot.
En termes de positionnement, c'est un des soucis qui se poseraient à lui: il serait d'un côté au centre de la gauche (à gauche tout court), profitant de l'espace béant entre la gauche dure (Mélenchon assimilé parfois médiatiquement à un spectre cubain ou nord-coréen) et le centre-gauche Hollande-Valls-Macron avec ministre "pas de gauche", ainsi que du manque de dimension écologique de ceux-ci. Et de l'autre au centre tout court, récupérant des voix peu convaincues chez Bayrou et Juppé.
Le socle hollandien quasi indéfectible est assez bien accroché mais Hulot vient lui grignoter encore un point ou 2, ce qui est dramatique à ce niveau (tant pour le PS -hors 1969- que pour un président sortant, ce serait un record à la baisse).
Le seuil de distance de 5 points par rapport au deuxième, mentionné précédemment pour qu'il lui reste un espoir, n'est atteint qu'en cas de présence de son prédécesseur (avec effet repoussoir) ainsi que de Bayrou (aspect de division vers la droite). Il aurait donc intérêt à manoeuvrer pour que le résultat de la primaire de droite amène le "bon" candidat mais sans que ça se voie (favoriser le "pire", celui à cause de qui on a voté pour lui, ce serait peu avouable).
En tous cas, l'ensemble des candidats importants (plus de 5%) en-dehors de ceux du "tripartisme" ferait entre 27 et 37 points (si le centre-droit ne se range pas derrière Juppé, ce qui sera le cas même si c'est lui: Lassalle ou Lagarde iraient alors). C'est important et des mouvements au sein de cette base peuvent amener des surprises. Par exemple, sans beaucoup bouger par rapport au sondage (cas Juppé): si 3 points basculaient de Mélenchon à Hulot (ou vice-versa), Hollande serait battu dans son propre camp et se retrouverait 4e!
Le Pen : 29
Juppé : 26
Hollande : 13
Mélenchon : 11
Hulot : 11
Dupont-Aignan : 5
Arthaud : 2
Duflot : 2
Poutou : 1
Par ailleurs, il serait intéressant de tester d'autres candidats à la primaire de droite sur le premier tour: que donneraient Le Maire et Fillon?