de cevenol30 » Mar 29 Nov 2016 18:10
Les impacts locaux des divers appels au vote sont semble-t-il assez limités, logique pour une campagne où les votants se déterminent davantage en regardant et lisant les débats qu'en écoutant l'avis de leur maire. S'agissant d'une campagne nationale, on ne saurait leur reprocher.
Parmi les circonscriptions où la participation baisse, il y a celles où le 3e avait fait de gros résultats mais aussi d'autres où simplement la droite est faible sans forcément de score spécial de ce côté (en zone rurale, se déplacer de loin une 2e fois alors que les jeux sont faits peut sembler un effort inutile).
Dans mon département, les deux circos où la participation est en baisse sont justement celles où la droite a le moins de chances aux législatives face aux sortants: la 5e (gauche) et la 2e (FN). Plus à l'ouest, je vois aussi un gros noyau de circos à la jonction des ex-Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon où la participation baisse, correspondant globalement et dans les grandes lignes à des endroits où la droite est le moins sûre d'être au second tour (derrière la gauche et le FN, la première étant souvent bien placée pour gagner) même s'il doit y avoir des contre-exemples parmi celles où la participation à la primaire baisse. Le record métropolitain semble ainsi être la 2e de l'Ariège avec -13%.
Les Hauts-de-France et parfois les alentours (6e de Seine-Maritime, 1e du Val-d'Oise) sont aussi une zone où la participation à la primaire est à la baisse malgré l'alerte météo du premier tour. Certes Xavier Bertrand, président de cette région, est le seul à ne pas s'être trop impliqué mais c'est surtout qu'il doit y avoir des raisons sociologiques qui n'ont pas échappé à son intuition.
Parmi les leçons du vote, il semble que la campagne de Juppé déjà trop axée sur la stature présidentielle et le rassemblement donc les tours suivants lui a justement joué des tours. La figure trop connue et clivante en externe mais aussi en interne a inversement fait les frais de la recherche d'un candidat performant (electability). Le grand éliminé du premier tour était la personnalité qui recueillait le plus d'opinions très négatives dans les sondages de popularité, une majorité absolue, devant MLP même: sans tellement partager cet avis, les votants ont estimé que pour le pays et/ou le parti, il valait mieux arrêter les frais dans ces conditions.
Finalement, les leçons de la primaire EELV s'appliquent plutôt bien à celle-ci aussi.
Le côté très fortement réformateur de Fillon est en contradiction avec les élans qui ont pu porter la droite: médecins, notaires voire enseignants (ces derniers en étant plutôt à se contenter de ne plus voter PS) mécontents que le PS ait bougé des choses pour eux. D'autant que comme souvent avec les réformes, ce qui peut paraître sympa vu de loin est souvent une vraie usine à gaz quand on en vient à l'application. Le temps est de moins à accepter les décisions imposées depuis des bureaux parisiens.
Certains, notamment Guaino, ont dit qu'en somme, si ces primaires ont bien désigné le futur président, c'est (ou serait) une sorte de hold-up des presque 3 millions de votants de Fillon sur le vote de 43 millions d'électeurs.
Disons-le, c'est parfaitement assumé, c'est un vote des retraités et autres de niveau de vie aisé contre les fonctionnaires, les salariés et les chômeurs (mais pas les bénéficiaires de minima sociaux contrairement à ce qu'on croirait vu que c'est la droite, Fillon prévoyant un plan de lutte contre la pauvreté: certes les promesses ne sont pas toutes tenues, en fait il faut pour le votant compter que celles qui lui plaisent ne se feront et celles qui lui déplaisent le plus se feront...)
Quant aux votants de gauche, peut-être leur faut-il ne pas se contenter de voter à gauche au premier tour (ce qui devrait être le cas si même en venant à un vote de droite on se dit de gauche) mais donner à la campagne de leur candidat favori...