L'élection vue de l'étranger

[Corondar]

J'ouvre un sujet pour ceux qui voudraient apporter un éclairage sur la perception des élections françaises par les médias étrangers.

Personnellement je ne parlerai que de la vision des USA, puisque c'est le seul pays dont je suis régulièrement la couverture médiatique.
Déjà, en 15-20 ans, c'est la première fois que je vois une présidentielle française avoir droit à une couverture aussi importante. Les médias US se sont beaucoup intéressés à notre élection, à l'aune d'une lecture de la poussée populiste (après le Brexit et l'élection de Trump), en tout cas c'est la grille de lecture retenue là bas.
Pour simplifier la chose et intéresser leur audimat à notre paysage politique, on a eu le droit à des raccourcis un peu rapides et faciles : Macron-Clinton, Le Pen-Trump, Fillon-Ted Cruz et Mélenchon-Bernie Sanders.
Autre élément : les médias US dressent un bilan apocalyptique de notre pays. Notre économie est perçue comme gangrénée par un chômage de masse, une croissance en panne, des inégalités croissantes (ce qui me fait toujours marrer quand on regarde la société américaine...) et une crise identitaire profonde (sur ce dernier point par contre, ils dressent un parallèle avec leur propre cas).
Enfin, depuis hier, les médias US s'extasient avec une pointe d'envie et de jalousie sur notre taux de participation et l'efficacité de nos sondeurs :).

[Winfred]

Chine
Le Global Times constate que les deux partis qui ont longtemps dominé la France ont été battus.
Qu'il s'agisse d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, l'impact qu'aura le prochain président français sur la politique domestique sera donc «plus important que celui de la victoire de Donald Trump».

Italie
« Le duel qui transforme la France » (La Stampa):
« Macron-Le Pen: enjeu l'Europe » (La Repubblica).
« France: le défi est entre Macron et Le Pen » (Corriere della Sera).

Turquie
« La France est divisée en quatre »

[pmf]

Je retiens l'appréciation turque en l'exprimant en la vie politique française est actuellement apparemment éclatée en quatre courants politiques.

[cevenol30]

Outre-Manche, la réussite de Macron galvanise les LibDems centristes très opposés au Brexit.
Plus largement, le fait qu'on puisse arriver en tête en étant pro-UE interroge les Britanniques, qui n'en sont pas là.
http://www.courrierinternational.com/ar ... itanniques
http://www.lemonde.fr/election-presiden ... 54003.html

[chroniqueur central]

Aux Pays Bas, le parallèle est facile à établir entre Rutte et Macron d'une part, Wilders et Le Pen d'autre part.
Les chiffres de notre premier tour ne sont pas éloignés de leur tour unique des législatives de mars, sauf que le paysage politique néerlandais était déjà atomisé du fait de la proportionnelle.

[ploumploum]

Enfin, depuis hier, les médias US s'extasient avec une pointe d'envie et de jalousie sur notre taux de participation et l'efficacité de nos sondeurs :).

Pas compliqué de mieux faire : il suffit d'augmenter les échantillons et de mieux lire les sondages...


Côté Espagne, tout le monde se réjouit ou presque : "Les dangereux populo-démago-extrémistes ont été battus". Les partis espagnols se sont même permis de donner des consignes de vote ! Seul Podemos s'est retenu, suivant la ligne de Mélenchon.

Côté portugais, même chose. Les quelques rares cadres PS s'étant exprimés avant le 1er tout appelaient à voter Macron.
Concernant le résultat, les médias ont souligné l'effondrement des deux "grands" partis

[cevenol30]

Sur la consigne de vote, rappelons que Ciudadanos avait appelé à voter Macron par adhésion (les démarches centristes sont assez proches). Cela peut se discuter mais il y a des Français en Espagne (assez pour que la péninsule forme une circonscription) et des binationaux.

En général, on s'intéresse fortement aux élections d'un pays étranger quand cela peut avoir des répercussions. Ainsi, pratiquement tout le monde suit les présidentielles aux USA.

La France est importante pour l'Espagne: c'est le débouché pour les réfugiés (p.ex. le PSOE a vécu sa période d'exil en France, c'est là que F. Gonzalez en est devenu dirigeant) et le passage vers le reste de l'UE. Si la France quittait l'UE et imposait des droits de douane, l'Espagne en serait très gênée.

Par ailleurs, l'Espagne est un des rares pays européens où il n'y a pas d'équivalent important du FN. L'extrême-droite y est essentiellement incluse dans le PP, grand parti de gouvernement. Par conséquent, le FN est très bizarre vu de là-bas.

[Selma Borges]

Bonjour à tous.

Je suis journaliste bénévole pour un magazine en ligne et je dois m'atteler à ce sujet : "Marine Le Pen à l'étranger, objet de tous les fantasmes". Je dois rendre l'article très vite mais j'aimerai avoir plus d'avis. Quelle vision les pays étrangers ont-ils de cette candidate? Certains parmi vous seraient-ils en mesure de me répondre ? Merci !

[cevenol30]

En Allemagne, Mme Merkel apporte son soutien à M. Macron et souhaite la défaite de Le Pen.
Deux de ses ministres de "grande coalition", Sigmar Gabriel et Wolfgang Schaüble, avaient soutenu Macron au lieu de respectivement Hamon et Fillon si on avait suivi la logique des partis européens (SPD membre du PDE, CDU du PPE...)
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html

[ploumploum]

La réaction allemande n'est pas surprenante : la France sera toujours en laisse comme ça...

Notons aussi les réactions de félicitations d'institutions européennes (Bruxelles) pour Macron. Des réactions qui passent comme une lettre à la Poste contrairement à celle du "dangereux ou méchant" Poutine qui ose "s'impliquer" en faveur de Le Pen.


Ah et dernier élément en date : "l'effarement de la "gauche européenne" vis-à-vis de l'effondrement du PS français.
Dans gauche européenne, il faut comprendre "sociaux-démocrates".

A quoi attribuer la lourde défaite du PS ? « C’est la revanche de l’histoire, diagnostique l’eurodéputé social-démocrate allemand Jo Leinen. En 2005, le PS s’était divisé entre partisans du oui et du non à la Constitution européenne. Le clivage en son sein, notamment sur l’Europe, n’a cessé de grandir et, comme d’habitude, les électeurs ont fini par préférer l’original à la copie, à savoir Mélenchon… »

http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html