L'idéologie est très souvent un fondement de l'aveuglement. Aussi bien à droite qu'à gauche.
C'est très vrai. Le porte-parole du Bien est forcément victime d'un complot! Et quand bien même il serait mouillé, il peut y avoir une tendance à voter pour le programme.
Ce qui compte, c'est ce qu'on sait (ou dont on peut se douter très fortement) au moment de l'élection.
En 81, les électeurs ont rejeté un candidat semblant corrompu... Giscard, avec ses diamants. Et plus largement une série d'affaires touchant la droite avant l'alternance.
Les électeurs de gauche en 88 ne pensaient pas avoir affaire à un président ou un entourage corrompu (et à la rigueur, la défaite de 86 faisait qu'il y avait déjà eu sanction).
D'ailleurs, on ne le pensait pas tellement non plus de son adversaire Chirac, à part une histoire de château à la campagne...
Le sujet numéro 1 c'était la Nouvelle-Calédonie et notamment Ouvéa, pas les "affaires" des uns ou des autres.
En 1995, la première affaire est sortie entre les deux tours. C'était limité mais on commençait à savoir.
En 2002, on en savait plus. Clairement, l'élection s'est jouée sur le fond (par ailleurs, la réputation de l'adversaire n'était pas forcément immaculée).
En 2007, on ne savait rien mais venant d'un élu de droite des Hauts-de-Seine voisin des Balkany et ramenant Carignon dans ses bagages, on aurait dû se douter. En 2012, il n'y avait pas grand'chose encore, beaucoup a été déballé après.
Là , le déballage a été vite et fort. Impossible de dire qu'on ne sait pas.
De plus, on a bien compris que le principe (posé clairement sous le second mandat de Chirac car la question se posait) de l'immunité qui ne ferait qu'interrompre la prescription et geler son décompte ne change pas les choses: un président soupçonné pour des faits commis avant son mandat n'est... toujours pas condamné après. En 2002, on pouvait se dire qu'il irait en prison 5 ans après: il n'en a rien été.
Moralité: "on a déjà donné" et Fillon va en partie "payer" -au moins de quelques voix- pour ce qui n'est pas arrivé à Chirac (dont il fut ministre). Il est quand même très compliqué d' "oublier" tout ce qu'il y a eu.
Et en particulier ce qui semble sûr: les costumes qu'il a demandé à un "ami" intéressé et pas ultra net de payer, le cumul d'emplois sur quelques mois entre assistante parlementaire et conseillère littéraire discrète dans le privé avec les entourloupes qui vont avec, vu que c'était normalement illégal.
Par ailleurs, ce qui est avéré aussi, c'est la mauvaise qualité de communicant du candidat, pourtant dans la politique nationale depuis au moins 36 ans (un peu plus même, il a été assistant de député avant) et ancien Premier Ministre. Et là aussi, c'est problématique.
Les élus qui ont parrainé Fillon (alors que sa mise en examen se voyait venir dès l'ouverture de la période d'envoi des formulaires) sont d'ailleurs entachés par ricochet: un président de département qui lance des demandes de justificatifs à des allocataires du RSA se sentant honnêtes peut facilement se voir rétorquer: "tu me soupçonnes de fraude... mais tu as parrainé Fillon! en fait, tu me soupçonnes mais ça devrait être le contraire".
http://www.actuchomage.org/forum/index.php?f=6&t=100088Bref, il n'est pas moral de voter pour un candidat aussi peu honnête (seulement 13% des sondés, il y a peu, le disait honnête, moins que son intention de vote et encore on peut se demander comment ils peuvent le trouver honnête) ni pour un(e) autre (MLP notamment mais c'est une autre histoire), il y a d'autres candidats bien plus honnêtes, eux, y compris dans le champ de la droite.
Autre chose, pas forcément sans lien même si c'est plus complexe, il semble que Fillon a fait l'objet d'un projet précis d'attentat, notamment pour vendredi dernier à Montpellier.
Bien sûr, ce sont des terroristes (probablement islamistes encore que ce n'est pas dit) qui veulent déstabiliser la France, c'est clair, mais enfin, pourquoi lui?
Même si Fillon à titre personnel ne pourrait le souhaiter, c'est en un sens ce qui aurait pu arriver de mieux au fillonisme...
http://www.lepoint.fr/societe/attentat- ... 526_23.phpLes soutiens de l'extrême droite hors FN, y compris du MNR que je croyais dissous tiens, peuvent avoir tendance à faire fuir ceux qui en sont le plus éloignés ou renforcer leurs dilemmes moraux.