Avec des "si"... l'ancien président, vu du moment de la primaire, était moins bien placé: plus de casseroles et plus d'effet "on l'a assez vu comme ça" chez les électeurs lambda, en ce sens les votants de droite de la primaire ont bien fait de l'éliminer pour se sortir de ce piège prévisible.
La seconde raison reste (la redite totale ou partielle du duel de 2012 n'était pas souhaitée), pour la première, tout le monde, adversaires internes et externes inclus, peut dire "si l'on avait su!".
En effet, même sur les "petits cadeaux" dont on peine à croire qu'ils soient désintéressés, ça ne correspond pas à l'image certes bourgeoise mais austère qu'il avait donné auparavant, par stratégie ou non. En partie par stratégie tout de même, avec l'insistance sur l'exemplarité comme argument pour le préférer aux deux qui étaient longtemps devant lui pour la primaire...
A croire que le côté bling-bling s'est davantage diffusé que prévu.
Un épisode comme ça, c'est imprudent mais là vraiment, comme on voit que ce n'est pas isolé, il aurait dû se dire que tout finit par se savoir quand on est connu et que les électeurs n'apprécieraient pas (sinon, pourquoi ne pas le claironner sur le moment?). Ces épisodes ne sont pas si anecdotiques dans la mesure où il les reconnaît et que rien que ce qu'il veut bien avouer peut être problématique au moins éthiquement et politiquement.
Sur la forme, rappelons que pour une histoire de montres J. Dray s'est vu basculer sur la pente descendante de sa vie politique.
La question de fond ici serait de savoir dans quelle mesure il s'agit d'une dérive individuelle ou liée à la pratique politique actuelle en général ou si c'est lié à l'idéologie "décomplexée vis-à-vis de l'argent".
Plus largement, c'est effectivement à relier au succès mitigé et moins bon que prévu de la droite aux élections de 2015: idées pas bien nettes, électorat trop concentré sur les personnes âgées, soucis pour diriger efficacement le mouvement (ou la coalition). La campagne de Fillon fait de plus en plus penser par certains côtés, on l'a déjà dit ici, à celle d'une des listes aux régionales: celle de Dominique Reynié (perdant en LRMP/Occitanie). Et encore, celui-ci aura réussi à obtenir un score supérieur à celui qu'a actuellement Fillon dans les sondages dans une région spécialement difficile.
http://www.lemonde.fr/election-presiden ... 54003.htmlD'autre part, en visite sur les terres où son président et candidat s'était vu fortement chahuter par une manifestation et les mêmes causes produisant les mêmes effets, Fillon a essuyé une manifestation et des jets d'oeufs (basques donc)
http://www.lemonde.fr/election-presiden ... 54003.htmlFillon parle de "colère des Français" (surtout ceux qui pensent voter pour lui et qu'il a plus souvent l'occasion de croiser) à propos des révélations "complots" et des manifestations mais une autre colère existe, plutôt chez les 83% qui comptent voter pour quelqu'un d'autre ou les abstentionnistes et (trop) vivement montrée l'autre soir par Christine Angot
http://www.ouest-france.fr/elections/pr ... ux-4883526Même avec davantage de flegme et moins de fumée sortant par tous les pores, le nom de Fillon (et par extensions, ses soutiens) devient synonyme pour de nombreux Français de ces élites plutôt aisées qui semblent ne pas savoir se contenter de leur relative abondance... et surtout dans le cas de Fillon, veulent demander des sacrifices à eux les électeurs, qui se contentent de bien moins. On l'avait déjà vu il y a quelque temps alors que les révélations étaient moins complètes que maintenant, il peut y avoir des sondages (c'est encore le cas du dernier
Ipsos/Cevipof, vague 12 où il détient le record de notes 0 ou 1 sur 10 et le co-record avec N. Arthaud pour celles de 0 à 3) où la réponse "je ne l'aime pas du tout" est plus fréquente pour Fillon que pour M. Le Pen, comme s'il était en un sens encore plus clivant (même si, comme il est devant elle pour le second tour, ce n'est pas si simple, d'autant que les raisons des rejets sont au moins en partie différentes).
En tous cas, il y a une électrisation du débat autour de Fillon et celui-ci a préféré, perdu pour perdu (pas moyen d'être tranquille avec ça),
en jouer plutôt que d'essayer de ne parler que de son programme.