C'est vrai qu'il faut poser la question vis-à-vis de l'ensemble de la population, incluant jeunes scolarisés, étudiants, inactifs d'âge actif (souvent parent au foyer et/ou garde-malade familial), retraités. La question de la durée du travail se pose d'ailleurs non seulement sur la semaine/année mais sur la durée de la vie active, or si la semaine se raccourcit, les annuités demandées pour la retraite augmentent, ce qui est paradoxal...
Pour ce qui est de la productivité des "productifs", il faut moduler car un temps de travail allongé peut, par la fatigue, induire une moindre productivité: on court moins vite un 200m qu'un 100m... Inversement, même s'il y a des personnes formées en nombre sufffisant, une réduction du temps de travail (à temps d'ouverture égal) implique des passages de relais, donc perte de temps et d'information (ce qui est par la suite une réserve de gains de productivité: le relais 4*100m est plus rapide que le 400m... et même que le 100m).
Ceci dit, même les travailleurs les plus qualifiés ou productifs peuvent être menacés par la robotisation, si une machine coûtant quelques semaines de leur salaire et capable de les remplacer se met à exister.
Le point de vue cité pour les entreprises voire l'économie en entier est très cynique, tellement qu'on n'y pense pas forcément. Pourtant, il permet de voir que fort PIB et faible chômage ne vont pas forcément de pair et d'autre part que le chômage ne sert pas seulement d'"armée de réserve" (là, ce sont plutôt les chômeurs récents et "dynamiques" dont la candidature reste crédible, ce qui implique souvent de pouvoir prouver qu'on a été productif dans un passé pas trop ancien) mais s'inscrit aussi dans la "culture du déchet".
Cette question du productif/déchet se pose aussi en termes de territoires (métropoles vs zones rurales,...).
La question du "coût" des laissés-pour-compte (et "compte" n'est pas un vain mot là) devient cruciale.
Cet article sur une expérimentation contre le chômage rural en donne une estimation: "15.000 à 20.000 euros par an et par personne" soit un petit Smic, "pas trop généreux" en un sens mais coûteux quand même.
Mais le coût n'est pas que financier, il se mesure aussi en exaspération (des exclus, d'autant qu'on les somme de trouver du travail qui n'existe pas, mais aussi des "moi-je-travaille" qui payent pour tous les autres, sans bien réaliser que c'est la condition pour qu'ils aient leur job à temps plein), en craintes de tomber dans l'échelle sociale ou de rester en bas... et par la suite (pas seulement de la part des exclus mais aussi et parfois surtout des autres) en "extrêmes" de toutes sortes, abstention-dépression, vote aux extrêmes, délinquance, émeutes ("crise des banlieues" entre autres, qui comme quasi toutes les crises de notre époque est moins épisodique que structurelle), terrorisme(s),...
bref la faiblesse de la cohésion sociale met la société au bord de l'explosion (et je ne dis pas "mettrait" parce que justement, on en est là).