C'est vrai que pour qu'il se trouve une loi dans une session qui n'est pas votable mais pas susceptible de faire l'objet d'un 49-3, il faut que ce soit la 2e loi (hors budgets Etat et Sécu) or les sessions sont relativement courtes et les lois ont tendance à être des fourre-tout avec de fort nombreuses mesures (c'était encore plus net avec la loi Macron, portant à la fois sur les autocars, les notaires et bien d'autres encore...) qui ne nécessitent pas de présenter un second texte dans la foulée. Ces grosses lois fourre-tout sont d'ailleurs un moyen d'utiliser, le cas échéant, le 49-3 pour faire passer un maximum de mesures.
Dans l'opinion et peut-être tout particulièrement cette fois-ci, cet usage est souvent perçu comme antidémocratique bien que formellement légal.
Sur le budget: le cas n'a jamais dû se produire (au pire, les grognons d'une majorité s'abstiennent) mais des crises comme on en a vu de multiples aux Etats-Unis me semblent peu possibles. Le gouvernement peut bien sûr engager sa responsabilité sur le budget pour le faire passer un peu en force. Mais s'il n'y en a aucun de voté, il ne me semble pas qu'il y ait blocage budgétaire, simplement reconduction de l'existant jusqu'au vote en retard du budget.
Tactiquement, à droite, il y a effectivement des craintes: l'exemple de 1986 est très présent dans les mémoires. Ciotti est un des rares à souhaiter la dissolution. Si près de l'échéance, il se peut que le futur Président doive attendre l'anniversaire de l'élection de l'Assemblée pour pouvoir la dissoudre; si la législative anticipée était en mai-juin pas vraiment de souci, plus tard c'est une autre histoire.
A gauche, ils devraient avoir moins de réticences. Le premier but serait d'obtenir un gouvernement plus à gauche (qui aurait une majorité plus solide), avec un Premier Ministre plus à gauche qu'Ayrault. Ce serait probablement un socialiste au centre du parti, ayant exprimé son absence de béatitude face à la politique de Valls mais sans le censurer (de sorte d'être dans la majorité du groupe PS); ça peut expliquer certaines hésitations au moment de sauter le pas.
Et s'il y a dissolution: les frondeurs sont souvent dans des circonscriptions marquées à gauche, parfois plus menacées par le Front de Gauche que par la droite. Et s'ils perdent, le scénario décrit par Fabien étant par ailleurs probable, ce n'est que partie remise et finalement une meilleure chance d'être encore là en 2022.
Sur les suites au sein du PS, la fissure se dessine (v. dans le fil
Vie du PS), avec un pré-début de procédure d'exclusion pour les signataires de la motion non déposée (si certains s'imaginent qu'il a été utile à qui que ce soit qu'il manque 2 signatures, c'est plutôt raté) et des mots très durs de Valls sur "la vieille gauche(...) qui se trompe depuis 100 ans" (depuis 1916? bigre! un peu plus et il disait que Jaurès se trompait...).
(Estomaquant même. Peut-être pour renvoyer le coup que ça lui a fait, après tout. En tous cas: sur quelles voix compte-t-il donc pour lui ou son candidat au second tour de la présidentielle? Ah mais oui voyons: ce sera plutôt contre le FN, ce qui aiderait bien du monde à se faire violence)