Report de la commission mixte paritaire au 3 novembre
La conférence des présidents de groupes à l'Assemblée nationale a donné son feu vert le 12 octobre au report de la commission mixte paritaire (CMP) chargée de rapprocher les positions des sénateurs et celles des députés sur la très controversée réforme territoriale, selon des sources concordantes.
La décision de reporter cette CMP, initialement fixée pour le 13 octobre, a été prise la veille au soir à Matignon au cours d’une réunion de la majorité, a-t-on indiqué de source gouvernementale. Les présidents de groupe de la majorité au Parlement auraient plaidé en ce sens auprès du Premier ministre.
Selon Le Figaro, la majorité a décidé ce report à la demande de Nicolas Sarkozy qui souhaite éviter tout incident tant que la réforme des retraites n’est pas votée.
Dans une interview publiée dans Les Echos du 12 octobre, le sénateur centriste Jean Arthuis « doute » d’un accord de compromis lors de la CMP, envisageant une troisième lecture au Sénat. « Tout est possible, bien entendu, poursuit-il, mais, à mon avis, un compromis me parait extrêmement difficile tant les députés, lors de la deuxième lecture, ont eu peu d’égard pour le vote des sénateurs ».
Reportée au 3 novembre
Selon une source proche de l’Intérieur, « la CMP aura lieu le mercredi 3 novembre. Nous n’avons pas un sentiment de crispation particulière. Ce report est avant tout dû à la réforme des retraites. Il nous laisse un peu plus de temps pour converger » [entre le gouvernement, l'Assemblée, et le Sénat, ndlr].
Parmi les signes d’apaisement que souhaite donner le gouvernement, figure le report des règles limitant les cofinancements. Des discussions sont aussi en cours entre le gouvernement et le groupe Union centriste du Sénat sur l’abaissement de la barre de qualification de 12,5 % à 10 % pour participer au second tour de l’élection du conseiller territorial.
Collectivités: Réforme adoptée sur le fil
Par 167 voix pour et 163 contre, la réforme des collectivités territoriales a été entérinée par le Sénat mardi soir. Le texte sera soumis à l'Assemblée nationale le 16 novembre prochain.
Ça passe, mais d'extrême justesse. Alors que l'attention médiatique s'est focalisée sur la réforme des retraites ces dernières semaines, celle des collectivités territoriales a donné lieu à d'intenses passes d'armes au Parlement entre l'UMP et une opposition qui allait au-delà rangs de la gauche. Mardi soir, le plus dur semble passé pour la majorité qui est parvenue à faire adopter ce texte polémique. Après une nouvelle mouture élaborée par une commission mixte paritaire (CMP), le projet de loi a recueilli l'aval de 167 sénateurs sur 330 suffrages exprimés, soit une voix de plus que la majorité requise. A contrario, 163 élus se sont prononcés contre la réforme, les voix de quelques centristes et même de membres de l'UMP s'étant mêlées à celles de l'opposition.
A l'Assemblée le 16 novembre
Conscient que le couperet n'est pas passé loin, l'UMP a poussé un ouf de soulagement après ce vote. "Le Mouvement Populaire se réjouit des conclusions de la commission mixte paritaire sur la reforme territoriale et de son adoption ce mardi par le Sénat", indique un communiqué venue de la rue de la Boétie. Le parti majoritaire "salue un texte équilibré qui résulte des discussions entre les deux assemblées". Une fois l'obstacle du Sénat franchi, ce sera au tour de l'Assemblée nationale de valider la réforme, le 16 novembre prochain. Une mission qui s'annonce plus aisée, l'UMP étant à elle seule majoritaire au Palais Bourbon, ce qui n'est pas le cas au Palais du Luxembourg.
L'un des principaux points de la réforme concernent l'élection, à compter de 2014, de quelque 3.485 conseillers territoriaux, qui siègeront à la fois au conseil général et au conseil régional. Malgré la fronde des "petits partis", qui souhaitaient une dose de proportionnelle, ceux-ci seront désignés au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, avec un seuil de qualification fixé à 12,5% des inscrits. L'autre mesure phare du texte concerne la répartition des compétences entre régions et départements. La CMP a décidé que cette mesure s'appliquerait à partir du 1er janvier 2015 et non plus à partir du 1er janvier 2012. Une CMP qui a, en outre, décidé de durcir les sanctions financières contre les formations politiques qui ne respecteraient pas les règles de parité entre hommes et femmes dans la constitution de leurs listes.
Le Parlement a définitivement adopté aujourd'hui la réforme réforme territoriale, après un ultime vote de l'Assemblée nationale par 258 voix contre 219.
Les deux groupes de l'opposition ont voté contre tandis que François Sauvadet, président du groupe du Nouveau Centre, a appelé ses députés à voter en faveur du texte, aux cotés du groupe UMP.
La réforme crée le conseiller territorial, nouvelle catégorie d'élu siégeant à la fois au conseil général et au conseil régional. Il devrait y avoir 3496 conseillers territoriaux qui remplaceront les 4037 conseillers généraux et 1880 conseillers régionaux actuels à l'issue des élections du printemps 2014.
La réforme renvoie par ailleurs au 1er janvier 2015 la redéfinition des compétences entre les départements et les régions.
Les parlementaires socialistes ont déposé aujourd'hui un recours auprès du Conseil constitutionnel contre la loi sur la réforme territoriale, en avançant notamment que celle-ci contrevient au principe de libre administration des collectivités territoriales.
La création du conseiller territorial, principal dispositif, "enfreint la libre administration des collectivités territoriales et organise une complète confusion des pouvoirs", souligne le groupe des députés PS dans un communiqué.
Le mode de scrutin de ces conseillers, élus au scrutin uninominal à deux tours, ce qui a fait l'objet de divergences très fortes, "porte atteinte à la parité" et est "contraire à l’égalité du suffrage", soulignent quant à eux les sénateurs socialistes dans un communiqué.
L'autre grand pilier de la réforme consiste à mettre fin, sauf pour les communes, à la clause de compétence générale qui permet aux collectivités territoriales d'intervenir dans tous les domaines, au 1er janvier 2015, sauf dans les domaines du sport et de la culture.
Il s'agit d'une "rupture d'égalité entre les collectivités territoriales" et d'une remise en cause de "leur droit à s’administrer librement", plaident encore les députés PS.
Le projet de loi a été adopté définitivement par le Parlement le 17 novembre après un ultime vote de l'Assemblée nationale et plus d'un an de navettes entre les deux Chambres, et d'âpres négociations.
L'examen récent par le Parlement du projet de loi de réforme des collectivités territoriales a démontré que de profonds désaccords peuvent exister entre le Sénat et l'Assemblée nationale sur des points majeurs et des dispositions particulièrement importantes touchant à l'organisation et au fonctionnement des collectivités territoriales. En toute logique, et conformément à l'esprit de la Constitution, un texte comme celui-ci, ayant un tel impact sur l'organisation territoriale de la République et au-delà sur la vie de tous les citoyens, doit recueillir l'assentiment du Sénat. Or, aujourd'hui aucune garantie n'existe en ce sens et l'Assemblée nationale pourrait très bien avoir « le dernier mot » : une grande réforme concernant les collectivités territoriales pourrait donc être adoptée sans tenir compte au final de la position du Sénat ou, pire, être adoptée contre l'avis même du Sénat.
Il y a donc là un risque réel de détournement de l'esprit même de notre Constitution, laquelle confère pourtant à la Haute assemblée la représentation des collectivités territoriales et la primeur de l'examen des textes les concernant. À quoi sert-il au Sénat d'avoir « le premier mot » si au final l'Assemblée nationale peut avoir « le dernier mot » ? C'est pourquoi, les auteurs de la présente proposition de loi constitutionnelle estiment indispensable de supprimer cette double incohérence, juridique et politique, en mettant les deux assemblées au même niveau pour l'adoption des textes concernant les collectivités territoriales.
Pour ce faire, l'article unique de la proposition de loi constitutionnelle ajoute un nouvel alinéa à l'article 45 de la Constitution. Cet alinéa soustrait les projets et les propositions de loi ayant pour principal objet l'organisation des collectivités territoriales (au sens du deuxième alinéa de l'article 39 pour les projets de loi) à la procédure permettant le cas échéant à l'Assemblée nationale de statuer définitivement sans l'accord du Sénat. En conséquence, cette disposition renforce la logique de nos institutions en ne permettant pas qu'un texte relatif à l'organisation des collectivités territoriales de notre pays puisse être adopté sans l'approbation de l'assemblée parlementaire en charge de leur représentation, le Sénat.
D É C I D E :
Article 1er.- Est contraire à la Constitution l'article 6 de la loi de réforme des collectivités territoriales, ensemble le tableau annexé à ladite loi.
Article 2.- Sont conformes à la Constitution les articles 1er, 5, 73, 81 et 87 de la même loi ainsi que, dans leur rédaction issue de l'article 12, les articles L. 5217-1 à L. 5217-7 du code général des collectivités territoriales.
Article 3.- La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.
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