pmf a écrit:Si je souscris bien volontiers à la revendication des partisans du oui au référendum sur l'inégalité sociale en Nouvelle Calédonie et à celle sur le coût de la vie trop élevé par rapport à l'hexagone, je suis fortement heurté par les propos concernant une décolonisation de la Nouvelle Calédonie.
Anarkour a écrit:Même si les résultats sont très tranchés en fonction des communes (seules 2 communes ont voté à moins de 64% pour le Oui ou pour le Non). La partition de l'île n'est envisagée par personne, et a plus de chances d'envenimer la situation qu'autre chose. La situation en Irlande du Nord ne fait envie à personne...
Il reste des compétences à transférer (l'enseignement supérieur, la communication audiovisuelle et l'organisation administrative locale).
Mais vu l'envie d'Indépendance d'une grande partie de la population (certes minoritaires mais 43% c'est énorme comparé au reste des DOM-TOM), et la diffusion d'une identité calédonienne parmi toute les composantes de la population, l'île sera à terme indépendante. Reste a savoir si c'est dans 2, 4 ou 20 ans...
cevenol30 a écrit:Certes, l'indépendance n'a pas gagné cette fois. Cependant, quand on regarde la carte, on ne voit quasiment que des communes où le oui est majoritaire. Seules certaines communes de la côte sud de l'île principale, probablement moins nombreuses que ce qu'on aurait pu attendre, ont voté majoritairement non - seulement, au total, ce sont les plus peuplées, surtout Nouméa bien sûr. Autrement dit, la majeure partie du territoire (en termes de superficie) ne veut plutôt plus faire partie du territoire français.
cevenol30 a écrit:Une situation à la nord-irlandaise impliquerait surtout qu'un des deux côtés inclue une forte minorité qui veut le statut de l'autre côté. Ici, les choses sont plutôt davantage tranchées dans un sens ou l'autre. Quant à avoir une frontière sur une île, ce ne serait pas le seul cas (il y a aussi l'Irlande certes, Saint-Martin, Timor...).
Sur le fond, en ayant un ensemble contigu de communes qui préfère partir, on peut se dire qu'on ne les retiendra pas forcément éternellement, surtout en n'étant pas prêt à tout et encore moins à n'importe quoi pour cela. Inversement, difficile de ne pas entendre ceux qui veulent rester. En tous cas, il faudrait pour cela un autre vote (même s'il n'y a vraiment d'incertitude que pour les deux communes au résultat moins tranché).
Quant à la comparaison avec l'épisode algérien:
le niveau de violence est heureusement fort différent, il n'est jamais trop monté (ce qui ne veut pas dire qu'il ne s'est rien passé) et les accords à partir de 1988 ont permis de passer à autre chose (en laissant passer trente ans, on a aussi laissé place à une mise à distance et à l'émergence de jeunes générations qui n'ont pas connu la tension); la population "loyaliste" sait depuis longtemps qu'il y a des possibilités d'indépendance; l'épisode OAS aura au moins montré l'inutilité de s'opposer-surattacher à la métropole quand elle est prête à lâcher: ceux qui voudraient s'y lancer devraient savoir que c'est perdu d'avance. Enfin, reste la possibilité de garder les zones qui veulent rester françaises.
Que la ligne de séparation entre indépendance ou non se soit faite surtout sur une base "ethnique" même si ce terme me semble à préciser ou nuancer (ne serait-ce que parce qu'ici, le vote n'est quand même pas monolithique même si les tendances sont très marquées), c'est en effet le cas dans les grandes lignes mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement sur ce type de question. Une revendication indépendantiste va logiquement émerger plutôt chez une population autochtone ou présente de longue date et il est logique que les populations plus récemment arrivées, notamment en provenance de la métropole ou grâce à elle se situent davantage dans une fidélité à l'égard de celle-ci. La volonté d'indépendance est probablement plus logique aussi si un socle de la population concernée a été annexée avec le territoire correspondant: l'appartenance à la mère-patrie est moins évidente alors et même si elle a été acceptée un temps, cela peut ressurgir (notamment pour cause d'inégalités économiques ou de volonté d'assimilation culturelle: si celle-ci existe et rencontre une résistance c'est d'ailleurs bien qu'il restait une identité culturelle distincte). C'est le cas dans les exemples cités: le Québec a été français avant d'être britannique comme le reste du Canada, l'Ecosse a été un royaume indépendant et distinct de l'Angleterre, quant à la Nouvelle-Calédonie les tribus kanaks y étaient souveraines avant l'annexion par la France.
(Un cas distinct serait celui d'une colonie de peuplement majoritaire qui se séparerait de sa métropole, typiquement le cas des Etats des Amériques mais même là , la volonté d'indépendance venait plutôt des colons installés de longue date que des derniers arrivés, on retombe sur la même question même avec des différences ethniques moins marquées mais cependant pas inexistantes avec notamment les langues créoles incomprises des "zoreilles" fraîchement débarqués de métropole. Un autre cas encore, plus rare: celui d'une colonie lâchée par sa métropole sans l'avoir vraiment demandé, ex. les Antilles britanniques).
Pour revenir sur l'ethnicité: c'est à mon sens d'abord une culture, qui se transmet en partie par la famille donc par des liens de sang, a fortiori quand la culture valorise les ancêtres ou quand la population bouge peu de là où elle est. Quand on en vient à un désir d'indépendance, on n'est plus dans un fait ethnique stricto sensu mais national, sachant que parfois une nation se forge justement à partir d'une contrainte extérieure commune et de bribes de culture ou d'inter-reconnaissance commune - il peut donc y avoir un moment où c'est une espèce en voie d'apparition. Or dans ce fait national, il y a aussi une question de vivre politiquement ensemble selon l'expression du "plébiscite de tous les jours" et inversement, dans le "non" à ce plébiscite plus ou moins implicite peut naître une autre nation distincte de la métropole réelle (ou d'un regroupement ethnique: ainsi il n'y a pas une seule nation francophone ou germanophone parce qu'à un moment, même avec de fortes ressemblances physiques ou linguistiques, il n'y a pas de volonté de vie politique commune entre les Français et les Wallons ou les Romands... ce qui n'est pas sans lien avec un manque de culture commune).
ploumploum a écrit:Conformément à l'accord de 1998, un second référendum aura lieu fin août ou début septembre 2020.
https://www.francetvinfo.fr/politique/r ... 54201.html
Des conditions strictes encadrent le droit de vote au scrutin sur l’indépendance, parmi lesquelles une résidence continue depuis décembre 1994.
Dans les prochaines semaines, Paris devrait en outre consulter pour la seconde fois les élus locaux sur le décret de convocation des électeurs au référendum. Début mars, le débat avait été ajourné après avoir provoqué la colère des indépendantistes car le texte, dérogeant au code électoral et contrairement au scrutin de 2018, octroyait aux loyalistes le droit d’utiliser le drapeau bleu-blanc-rouge, pendant la campagne officielle.
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