Geoffroy a écrit:Les ouvriers sont les plus touchés par l'ultralibéralisme européen, par la hausse des prix de toute sortes. Nous venons de gagner le droit de payer 12% d’impôt en plus, On n'attend plus que la TVA sociale et le pompon c'est qu'on a des délégués qui n'arrivent pas à négocier une augmentation des employés plus haut que l'inflation officielle.
Ta dernière phrase symbolise à mon avis le caractère pour le moins imparfait de notre "démocratie sociale". Si je suis le fil de ta pensée, Geoffroy, l'une des raisons du "ras-le-bol" des ouvriers et des employés résiderait dans l'incurie de leurs représentants syndicaux, incapables de faire valoir une revalorisation de leur situation. C'est aller vite en besogne.
La très piètre qualité du dialogue social tient selon moi à trois élements :
- la très faible représentativité réelle des syndicats qui ne leur donne en réalité aucun poids vis à vis des employeurs et le faible niveau général de leur représentants (y compris des syndiqués des grandes confédérations qui investissent pourtant fortement dans la formation)
- l'autisme du patronat et plus particulièrement de l'encadrement supérieur (je le sais, je suis DRH), qui conçoit le dialogue social non comme un outil d'amélioration du bien-être des salariés et, donc, de leur productivité et de leur performance, mais comme un passage obligé, un combat tactique visant à minimiser les enjeux sociaux dans la recherche de profitabilité de l'activité de l'entreprise
- la montée impressionnante de l'individualisme qui fait, qu'à tous les niveaux de l'entreprise, les salariés sont aujourd'hui persuadés que leur salut vient avant tout de leur capacité à négocier des avancées individuelles au détriment des garanties collectives
Pour inverser la tendance, et sortir de cette spirale qui conduira à de plus en plus de conflits extrêmement durs et économiquement comme socialement couteux, tout est question de droits et de moyens. Il faut d'abord responsabiliser les salariés : la réforme de la représentativité syndicale (qui oblige à négocier avec les organisations majoritaires en gros) est un atout, le recours à la consultation des salariés en est un autre. Mais parallèlement, il faut donner plus de moyens aux représentants du personnel et aux comités d'entreprise, pour développer leur expertise et leur capacité à développer des propositions alternatives. Il faut ensuite faire entrer les salariés dans les instances dirigeantes des entreprises (conseil d'administration et de surveillance, comité des rémunérations etc...) et rendre leur consultation obligatoire en amont sur toutes les questions stratégiques d'organisation et de développement.
En résumé, il faut arrêter de faire du salarié un obstacle au développement de l'entreprise et de son activité économique. Nos entreprises seraient bien plus fortes économiquement si elles considéraient par exemple que la transparence, l'adhésion de ses salariés à la stratégie économique et leur ressenti de bien-être étaient des atouts incontournables en terme d'efficacité economique.