Sur la présidentielle, j'avais vu semblable proposition à trois tours après la présidentielle de 1995 mais avec un premier tour longtemps avant la fin et servant à éliminer les petits candidats de façon à avoir ensuite avoir une longue campagne avec les quelques candidats ayant dépassé 10% (seuil à discuter) pour garder 4-5 grands candidats différents portant de grandes lignes et de grands enjeux (en 1988 ça aurait donné Mitterrand-Chirac-Barre-JMLP, en 2017 Macron-MLP-Fillon-Mélenchon...).
Sur la simplification du scrutin majoritaire: la triangulaire s'est faite rare cette fois mais c'est vraiment une exception. Auparavant, l'émergence d'un tripartisme PS-UMP-FN donnait bien au contraire tout son sens à la possibilité de triangulaires (je sais, ça paraît loin... 2015, au siècle dernier ;-) ). La possibilité de remontée est certes limitée mais elle existe, surtout si un des candidats a de grosses réserves de voix (c'est traditionnellement plus fréquent à gauche).
Il pourrait être bon au contraire d'avoir 3 tours et une règle permettant de garder une poignée de candidats au tour intermédiaire.
Sur le seuil des 25% des inscrits, il donne simplement la petite vexation au candidat arrivé en tête de devoir s'y reprendre à deux fois. S'il existait aussi au second tour, cela créerait la menace d'un siège vacant, ce qui serait fort fréquent sur les circos de l'étranger (presque un moyen de les supprimer sans le dire ^^), les élections partielles et dans certains territoires déshérités/dégoûtés.
Ces seuils ont au moins le mérite de pousser certains candidats à chercher des participants et à lutter contre l'abstention. Ils permettent aussi - et ce serait encore plus le cas si le seuil des 25% s'étendait au second tour- de limiter les problèmes de faible représentativité liés à des campagnes trop faibles/ courtes/mal médiatisées ou à des évènements extraordinaires (cyclone, éruption volcanique... les élections ne prémunissent pas contre ça!).
Ces éventuelles modifications du scrutin majoritaire amènent des questions sur leur contexte:
-vote obligatoire ou pas? les seuils de participation sont plus faciles à atteindre s'il y a obligation; tous les abstentionnistes ne voteraient pas blanc si la menace d'amende les poussait dans le bureau de vote.
-dose connexe de proportionnelle? Surtout s'il y a une proportionnelle correctrice assez forte, les distorsions sur le scrutin majoritaire sont à relativiser voire annulées.
Ne jamais oublier qu'il y a lieu de prendre en compte 2 impératifs : celui de la représentation et celui de constituer une majorité, si possible au choix des électeurs .
La tradition française n'est plus de constituer des coalitions après le vote, la 4ème république ayant déconsidéré ce système.
La représentativité (ou, disons, le non-excès de distorsion) devrait même être un principe constitutionnel, menant concrètement à une dose importante de proportionnelle.
La IVe a effectivement plutôt déconsidéré les coalitions post-électorales, plutôt instables dans le contexte français, très multipartite surtout à la proportionnelle (ce n'est pas le cas en Allemagne par exemple).
( Ceci dit, la facilité à démettre un gouvernement est plutôt une bonne chose d'un point de vue démocratique à mon avis, sinon, comme sous la Ve, la responsabilité du gouvernement est seulement théorique; si le peuple est souverain alors que ses opinions sont diverses et changeantes (surtout quand on commence à lui faire les poches...) il est logique que la démocratie soit quelque peu instable, ce qui est toutefois à doser.)
Un autre cas a déconsidéré ce fonctionnement, au niveau local surtout: les alliances droite-FN post-régionales 1998.
Dès lors qu'il y a alliance avec un partenaire que l'autre tendait à considérer publiquement comme infréquentable avant les élections, il y a un problème de respect de la volonté de l'électeur.
Ce qui a mené aux régionales à deux tours avec prime majoritaire. Où on n'a jamais vu de liste commune droite-FN au second tour, l'alliance étant décidément inassumable devant les électeurs.
Pour comparer avec l'Allemagne, on voit apparaître toutes sortes d'idées de coalitions régionales entre SPD, Grünen écolos, FDP libéraux de centre-droit et CDU/CSU de droite chrétienne-democrate mais jamais avec l'AFD et fort peu avec Die Linke. C'est d'ailleurs la forte présence de partis considérés comme extrêmes ou infréquentables qui complique les coalitions post-électorales au sein du bloc central - sous la IVe, la "3e force" devait finir par s'entendre presque en entier alors que chaque parti avait ses propres idées, ces majorités trop courtes et trop hétéroclites étaient donc instables.