Stéphane a écrit:Comment avez-vous compris cette phrase en fin de discours "Le jour d'après, quand nous aurons gagné … et je saurai aussi avec vous en tirer toutes les conséquences. Toutes les conséquences" ???
Cette formule répétée (et à son deuxième emploi, si je ne m'abuse, le prompteur a rajouté des points de suspension) veut dire, à mon sens, que le Président de la République endossera toute la responsabilité d'un éventuel échec dans la lutte contre la pandémie. En même temps, il ajoute "quand nous aurons gagné", histoire probablement de ne pas tenir un discours défaitiste - en temps de guerre, cela ne se fait pas !
N'étant pas macroniste, j'observe que l'exécutif ne cherche pas à tirer profit électoralement de la situation : il aurait été possible d'annuler purement et simplement les deux tours des municipales, dont le premier tour n'a pas été brillant pour LREM. Au contraire, le chef de l'Etat et le Premier ministre ont suivi l'avis (consensuel) des oppositions - comme du reste ils l'avaient fait jeudi, ce qui a d'ailleurs créé une polémique concernant le Président du Sénat. En effet, à lire la presse j'ai le sentiment que Gérard Larcher, le 12 mars 2020, voulait à tout prix maintenir un scrutin qui s'annonçait alors très favorable à LR, et par ricochet à sa réelection à la présidence du Sénat - on peut d'ailleurs envisager que le report du second tour des municipales pourrait conduire à reporter les élections au Sénat prévues en septembre de cette année, même si nous avons des précédents de scrutins municipaux et sénatoriaux très rapprochés (juin et septembre). Si la période exceptionnelle se poursuivait au-delà de quelques mois, les conditions de la campagne sénatoriale pourraient s'en trouver fortement affectées.
Pour revenir à la formule du chef de l'Etat, les précédentes pandémies (grippe aviaire, ...) et autres scandales sanitaires (Mediator, sang contaminé...) ont suscité des débats a posteriori sur la gestion de crise. Le chef de l'Etat, conscient de ses responsabilités, ne peut pas l'ignorer - et c'est pour moi une façon de l'annoncer. Les oppositions évitent globalement de trop ouvertement politiser le débat (sauf Nadine Morano sur les plateaux de télévision ce dimanche soir, mais avec elle tout est possible), sans doute car ce n'est pas le moment, mais le débat aura certainement lieu.
Dans l'immédiat, je lis relativement peu de commentaires sur le projet de loi qui doit être présenté en conseil des ministres mercredi et voté par les deux chambres du Parlement dès jeudi (selon le chef de l'Etat, sauf vote conforme dans les deux assemblées ce délai me semble extrêmement difficile à tenir). Pourtant il est essentiel : le gouvernement légifèrera par ordonnances, certes, mais dans tous les domaines ? Les assemblées parlementaires suspenderont-elles leurs travaux, comme en 1940, ce qu'on peut envisager compte tenu de l'annonce que des réformes majeures comme celle des retraites seront suspendues ? Modifier, le cas échéant, le fonctionnement des institutions - et donc de la démocratie - n'est pas anodin, et peut légitimement susciter un débat en créant un précédent - à regarder de près au regard de nos libertés fondamentales - pour d'autres situations, demain, de crise sanitaire et/ou environnementale.
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