de BernardD » Ven 22 Mai 2020 09:33
En Suède,les premiers résultats des tests sérologiques viennent d'être publiés; ils montrent un taux d'infection à fin avril (compte-tenu du délai de développement des anticorps) de l'ordre de:
- 7.3 % pour la région de Stockholm (soit environ 150 000 des 2 millions d'habitants de cette région),
- 4 % dans le Sud du pays.
Ces taux sont assez cohérents avec l'évaluation faite par Imperial College - à début mai, 4 % pour le pays et donc 10 % pour la région de Stockholm - évaluation basée sur le nombre des décès (pour un taux de létalité désormais bien établi de l'ordre de 1 %): au 21 mai, 1864 décès pour la région de Stockholm et 3 720 pour l'ensemble du pays, soit un taux de décès de 37 pour 100 000, beaucoup plus élevé que dans les pays voisins, atteints au même moment par l'épidémie (10 pour 100 000 au Danemark et 4 pour 100 000 en Norvège) et du même ordre de grandeur qu'en France (43 pour 100 000).
En revanche, c'est un désaveu cinglant pour l'agence de santé publique, qui avait fait le pari de la "grippette" et tablait - en l'assumant cependant de moins en moins - sur l'immunité collective et qui, à mi-avril, annonçait pour la région de Stockholm un taux d'infection de 30 % à fin avril et l'atteinte de l'immunisation collective pour fin mai; d'ailleurs, minimisant ces résultats des tests de sérologie, l'agence prévoit maintenant un taux d'infection de 20 % pour Stockholm à mi-mai.
Par ailleurs, le nombre des décès, après avoir connu une forte croissance jusqu'à 100 décès par jour à mi-avril est redescendu à environ 70/80 décès par jour, ce qui reste comparativement très élevé; de cette courbe, Impérial College déduit que le coefficient de diffusion R se situait à environ 3 en mars (comme dans les autres pays) mais est descendu autour de 1 début avril; en l'absence de décision nationale ordonnant le confinement, les Suédois se sont donc presque "autoconfinés" : notamment les restaurants ont été largement désertés et les transports nettement moins utilisés; ainsi, la baisse de mobilité, mesurée par les indices de Google, s'avère avoir été de l'ordre de 30 %.
Avec ce coefficient R proche de 1, la Suède se retrouve donc désormais dans une situation assez proche de celle des autres pays européens en sortie de confinement, à ceci près que, faute d'avoir confiné, son taux de nouvelles infections est supérieur à 60 pour 100 000 par jour, contre moins de 20 pour 100 000 en Europe de l'Ouest.
la Suède a ainsi largement apporté une réponse à ceux qui, en France et en Europe, contestaient la pertinence du confinement en opposant enjeux sanitaires et économiques; en l'absence de confinement décidé et organisé par les pouvoirs publics,on peut maintenant raisonnablement penser que, comme en Suède,les citoyens l'auraient provoqué eux même sous l'effet de la peur du virus; les dommages économiques n'auraient pas été beaucoup moindres, sans pour autant en tirer le même bénéfice sanitaire de réduction de la circulation du virus.