Corondar a écrit:pop03 a écrit:Azertyuiop a écrit:- Le Adama Traoré en question était un délinquant récidiviste notoire qui a de plus résisté à son arrestation.
Ce n'était pas un simple délinquant. Il était accusé d'un crime, celui du viol sur son codétenu Steven qui a par la suite a été enlevé et passé à tabac par un des frères d'Adama Traoré condamné à 18 mois de prison ferme. Comme il est mort, il ne pourra pas être jugé.
Ça par contre, je serais curieux qu'on m'explique en quoi cela a la moindre espèce d'importance dans l'affaire et le dossier ?
Rappelons un élément fondamental : en France, la peine de mort a été abolie. On peut le déplorer, ou pas, mais c'est ainsi : en France, le système judiciaire instaure qu'aucun crime ni délit ne peut justifier la mort. Et même à l'époque où la France la pratiquait, il fallait un procès et un jugement pour l'appliquer.
Je m'étonne toujours que dans ce genre de dossier on avance toujours l'éventuel casier judiciaire de la personne décédée comme un élément notable ou important. Un élément de quoi ? Si Traoré avait eu un casier vierge et immaculé, alors son décès serait plus tragique et justifierait donc une enquête plus poussée ? A l'inverse, un casier judiciaire long comme le bras justifierait la mort, ou la bavure le cas échéant ?
Ce genre d'arguments me fait toujours penser aux avocats qui, dans le cadre d'un procès pour viol, interrogent toujours le passé sexuel de la victime et ses mœurs. Dans les deux cas, j'ai beaucoup de mal à voir le rapport.
Je pense que ceux qui veulent éventuellement soutenir le dossier de la défense policière dans l'affaire Traoré gagneraient grandement à ne pas tomber dans ce piège là . Pour savoir si il y a bavure ou non, usage abusif ou non de la force, le casier judiciaire de Traoré (sachant que dans cette affaire je ne suis même pas certain que les gendarmes ayant participé à l'arrestation en avaient connaissance au moment de l'arrestation ?) me parait totalement hors sujet. De même pour savoir si les forces de l'ordre ont tardé ou non à appeler les secours, le casier judiciaire de Traoré est totalement non pertinent.
Stéphane a écrit:pop03 a écrit: Nos hôtels pénitentiaires nécessiteraient une transformation massive.
"Hôtels pénitentiaires" ? Quel est ce concept ? Si vous insinuez que les prisons sont des hôtels 5 étoiles, je vous invite à prendre connaissance des avis du conseil de l'Europe https://www.la-croix.com/France/Justice ... 1200837809 ou de la Cour Européenne des Droits de l'Homme https://www.dalloz-actualite.fr/flash/c ... xSz6bxxdPY
Effectivement, il faudrait construire des prisons. Je suis aussi favorable à l'exemple norvégien qui loue des prisons aux Pays-Bas car moins cher, on pourrait le faire avec des pays africains pour permettre au moins aux binationaux d’exécuter une partie des peines là -bas pour ainsi faire des économies.Surpopulation carcérale:
Manque d'activités ?le manque d’activités « pourraient être considérés comme un traitement inhumain et dégradant » :
Médiathèque
Chaque établissement possède au moins une médiathèque dont l'accès direct et régulier doit être favorisé.
Les publications sont mises gratuitement à la disposition des personnes détenues.
Activités sportives
Une programmation d'activités sportives est mise en œuvre dans chaque établissement.
https://www.service-public.fr/particuli ... its/F14149
La CEDH déplore la fréquence des insultes envers les détenus, les recours excessifs à la force et les coups portés délibérément par certains surveillants.
Les émissaires du Conseil de l’Europe s’offusquent des coups portés volontairement par des policiers lors des interpellations et dans l’enceinte des locaux de police. Ils pointent aussi du doigt « un nombre non négligeable d’allégations d’insultes, notamment à caractère raciste ou homophobe ».
pop03 a écrit:Et dire, qu'on alloue des moyens à cette CEDH, juste utile à dénigrer les professions parmi les plus pénibles de France et exposées au danger. Je vous invite à rencontrer des surveillants pénitentiaires plutôt que de lire les imprécations de la CEDH. D'ailleurs, chaque citoyen devrait être invité à visiter des prisons pour mieux y évaluer la situation. Certains seraient surpris.
pop03 a écrit: Vous avez raison pour la comparaison avec les hôtels, j'étais un peu trop réducteur puisque dans les hôtels où je me suis rendu, je n'avais aucune activité. "Centre de loisir " serait plus approprié.
pop03 a écrit:Je vous serai gré de ne pas déformer mes propos. Je n'ai jamais déclaré qu'il méritait de décéder au regard de ses antécédents judiciaires.
pop03 a écrit:Mais, évidemment que son accusation de viol change le contexte, je ne me verrais jamais manifester pour un individu accusé de viol.
pop03 a écrit:C'est son épais casier judiciaire qui lui a fait craindre la gendarmerie et tenté d'échapper aux gendarmes. J'ai été contrôlé à 2 reprises pendant le confinement par les gendarmes et j'ai toujours obtempéré sans aucune inquiétude. On devrait d'ailleurs enseigner dès le plus jeune âge qu'on ne fuit pas la police, cela éviterait des drames comme Zyed et Bouna.
pop03 a écrit: C'est la seule chose à retenir de l'affaire Traoré que de devoir se soumettre aux contrôles et assumer ses actes.
alamo a écrit:Je vois que le sujet d'A. Traoré continue de passionner les débats.
('...)
Enfin, j'ai vu passer des statistiques officielles sur les agressions racistes
« En 2019, selon les chiffres du SCRT (Service central du renseignement territorial) , 1983 actes racistes (687 antisémistisme, 154 antimusulmans, 1142 autres) «
Les chiffres sont ce qu’ils sont, mais là aussi on pourrait remarquer :
- en tête on trouve les actes antisémites. De qui sont-ils majoritairement le fait aujourd’hui ?
- Actes « antimusulmans ». Non. On peut parler d’actes contre ceux qui ont « une tête d’arabe», terme englobant pour les racistes aussi bien Turcs, Persans ou autres, mais pas « antimusulmans ». « musulman » c’est une religion, donc une croyance, donc une opinion comme une autre. Si je trouve que les Frères Clain, M. Hauchard ou M. Dos Santos (ou d’autres convertis qui constituent près du quart des tortionnaires islamistes) sont des ordures qui méritent d’être éradiquées, je ne vois pas bien en quoi ce serait « raciste »
- Les « autres » doivent regrouper pas mal de gens différents, là aussi je me souviens des expéditions anti-roms à Bobigny, elles étaient le fait de gens (plutôt jeunes mais pas tous) d’origine maghrébine ou africaine. Pour nos indigénistes de salon, ce ne sont donc pas des actes racistes puisque c’est bien connu seul le « blanc » peut être raciste. Non d’ailleurs, il ne peut pas, il l’est forcément, j'oubliais…
C’est Pierre Desproges qui disait qu’il adhérerait à SOS Racisme quand on mettrait un « s » à « racisme »
Corondar a écrit:Cela ne m'explique toujours pas en quoi le fait qu'Adama Traoré soit un délinquant ait la moindre espèce d'importance dans l'enquête sur son décès ? Cet élément là (que je ne nie absolument pas, puisque c'est vrai) est totalement inutile, dans le sens qu'il n'éclaire en rien le dossier et les accusations qui pèsent éventuellement sur les gendarmes à l'origine de l'arrestation (tout comme dans une enquête sur un viol on devrait totalement se contre ficher de la vie sexuelle de la victime potentielle). Je repose ma question : en quoi cet élément (Traoré avait un casier et était un délinquant, ou un criminel, ou n'importe quel autre terme qui vous siéra le mieux) est-il utile au dossier ? Je ne déforme pas vos propos (ou ceux de pop03), je m'interroge sur la pertinence ou le but du propos dans le dossier Traoré ? C'est une véritable interrogation de ma part...
Et quand je m'interroge sur l'exploitation que certains pourraient faire de cet élément, je n'ai jamais sous-entendu que c'est là l'exploitation que vous même ou Pop03 en feriez... Si mon propos vous a laissé cette impression ce n'était pas mon intention, et je m'en excuse bien volontiers.
Corondar a écrit:Vous n'êtes pas dans l'interprétation personnelle ? Il me semble que dans la phrase que je viens de citer vous prêtez des intentions non racistes aux gendarmes parce qu'il est possible que ce serait le cas ? Pour continuer à vous citer, pourquoi diable le racisme ne pourrait pas avoir joué un rôle dans cette affaire ?
Personnellement je considère que sur cette question précise (le racisme a t il joué un rôle dans cette affaire ?), on n'aura jamais la réponse. On ne pourra jamais répondre à cette question au delà du doute raisonnable. Donc, en droit, le doute profite toujours à l'accusé (les gendarmes ici). Mon propos était là pour essayer d'expliquer pourquoi et comment tous ceux qui pensent que le racisme a bien joué un rôle dans cette affaire pouvaient en arriver à cette conclusion (parce que oui le racisme existe, oui certains en sont victimes, et qu'à priori, les gendarmes ne sont ni plus ni moins susceptibles que la moyenne d'être racistes). Et j'essaye (visiblement sans grand succès) de démonter que les victimes de ce racisme (ou de cette homophobie, ou de cette misogynie pour essayer d'élargir mon propos au delà de l'affaire Traoré) ont sans doute des raisons que les personnes n'étant pas victimes de ce racisme (ou de cette homophobie, ou de cette misogynie) ont peut-être un peu plus de mal à appréhender ? Encore une fois, vous noterez que j'emploie le conditionnel et beaucoup de points d'interrogations dans mes propos : je matérialise ainsi (là aussi sans grand succès apparemment) que je n'ai que des interrogations et des doutes sur ces questions. Je n'affirme rien et ne prétends pas détenir la vérité. Je vous livre juste mon expérience et mon ressenti sur toutes ces questions (tout comme vous).
Le fait que certains de nos ressentis et certaines de nos expériences semblent diverger ne justifient en rien que l'on s'agresse ou que l'on se livre à des procès d'intentions, non ?
Corondar a écrit:Là pour le coup, je suis perplexe. Il faut très mal connaître les manifestations en question pour pouvoir affirmer que l'affaire Adama Traoré serait la seule qu'elles mettraient en avant pour éventuellement plaider des dérapages racistes (ou des bavures et un usage excessif de la force) au sein de la police française.
Sans remonter à des exemples de "ratonnades" dans les années 1950-1960, je ne citerai que quelques cas célèbres et plus récents (entre les années 1980 et aujourd'hui) : les morts (ou les violences exercées contre) de Lahouari Ben Mohamed, Bruno Zerbib, Malik Oussekine, Aissa Ihich, Makomé M'Bowolé, Habib Ould Mohamed, Zyed Benna et Bouna Traoré, Lamine Dieng, Moushin Sehhouli, Laramy Samoura, Abdelhakim Ajimi... Là aussi, je ne dis pas que toutes ces affaires démontreraient un racisme systémique des forces de l'ordre (ni même qu'elles soient toutes du même ordre dans leur gravité ou leur cadre), je précise juste qu'affirmer que les manifestations actuelles n'auraient que l'affaire Traoré à se mettre sous la dent pour plaider leur cause, cela me parait "un peu court" peut-être ? Précisons que dans toutes ces affaires, les parties civiles dénoncent généralement des peines trop légères (bien souvent, quand condamnation il y a, les policiers ou gendarmes ne prennent que du sursis, même en cas de mort d'homme).
Azertyuiop a écrit:Passons maintenant aux statistiques, beaucoup utilisées en France pour illustrer de pseudo-inégalités homme/femme. Prenons l'exemple le plus récurrent des inégalités de salaires avec les femmes gagnant en moyenne 19% de moins que les hommes. Avoir des chiffres, c'est bien, mais ils disent rien de plus que ce qu'ils disent, et ne disent en particulier rien sur le pourquoi. Mais chez les féministes, il est étrangement permis d'admettre le postulat que la raison est que les employeurs ont officieusement une grille de salaire homme et une grille de salaire femme bien distinctes... Or, beaucoup d'études ont démontré que ce chiffre de 19% tombait sous les 10% une fois qu'on prenait en considération un certain nombre de variables comme le poste occupé, le niveau d'études et le nombre d'heures travaillées. Certes, il reste près de 10% à expliquer mais toutes les variables ne sont jamais contrôlées et il y a aussi un élément extrêmement déterminant qui est la négociation du salaire. Or, les femmes ont tendance à être plus modestes que les hommes et ça se retrouve dans les prétentions salariales. En clair, ce n'est pas la féminité, mais la modestie qui est sanctionnée. Et ce raisonnement vaut aussi pour la faible présence des femmes dans les assemblées politiques : le moindre attrait (en moyenne, ce n'est pas la peine de venir contre-argumenter si c'est pour me dire qu'un tel connaît plusieurs femmes que ça passionne) des femmes pour la politique n'est plus à démontrer : les partis qui n'arrivent pas à boucler leurs listes aux municipales n'y parviennent pas à cause du quota de femmes, pas celui d'hommes. En 2017, la fameuse "primaire des Français" qui n'avait aucune barrière à l'entrée (donc aucune discrimination sexiste à l'entrée) n'avait que 15% de femmes candidates, soit pas beaucoup plus que le pourcentage d'élues avant les lois sur la parité ; ratio que l'on retrouvait également cette année chez les deux primaires des partis PS et LR : pourtant, le PS avait fait pression pour que des femmes se présentent et ne pas passer pour le mauvais élève. Mais quand ça veut pas...
Azertyuiop a écrit:J'ai beau me relire, non seulement je ne vois pas où il peut y avoir des interprétations personnelles de ma part dans ce passage, mais je ne vois même pas à quel niveau il peut être possible pour quelqu'un de penser qu'il y en a. J'ai littéralement écrit "ça ne prouverait pas pour autant que". Autrement dit, je dis simplement que les accusations de racisme ne repose sur rien, ce qui est le cas. Et à aucun moment je ne ferme la porte sur quoi que ce soit. Même si je décidais d'accuser le premier passant que je croise dans la rue de meurtre, il y aurait une probabilité non nulle pour que mon accusation (ne reposant pourtant sur rien) soit in fine fondée. Ça ne veut pas dire pour autant que j'aurais eu raison d'agir ainsi. Je ne dis pas grand-chose de différent que vous, à savoir qu'on ne peut pas savoir. Et vous dîtes vous-même qu'en absence de preuve, la charge de la preuve incombe à l'accusation. C'est à partir de là qu'on diverge : alors que j'en conclue qu'il faut alors remettre à leur place les manifestants qui accusent sans preuve, vous semblez penser qu'il faut comprendre leur point de vue. Mais expliquer ne veut pas forcément dire justifier : on peut très bien expliquer comme vous quel est le cheminement "intellectuel" (il n'y a pas beaucoup d'intellect derrière ça...) de ceux qui sont persuadés que cette bavure est forcément raciste, et dire, comme je le fais, que le raisonnement est complètement erroné en plus d'être dangereux.
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