de vudeloin » Dim 11 Mar 2012 16:30
La stature internationale de Nicolas Sarkozy est sans doute, à mon avis, l'une des légendes les plus répandues dans le paysage médiatique français et, par voie de conséquence, dans le paysage politique.
Prenons quelques exemples.
La moralisation du capitalisme ?
Cette grande idée de Nicolas Sarkozy, après la crise de 2008 (le simple fait de laisser accroire que la crise n'existait pas avant me semble d'ailleurs une mystification sauf à considérer que les deux millions et quelques de chômeurs de catégorie A d'avant août 2008 n'étaient que la traduction d'une croissance forte et retrouvée ), qu'est elle devenue ?
Le monde a connu quelques évolutions en la matière : l'OCDE a émis un modèle de convention fiscale bilatérale censée lutter contre la fraude fiscale et l'optimisation dans les paradis fiscaux et le modèle a été si bien utilisé qu'il n'y a plus de paradis fiscaux, à part sans doute la Suisse, le Luxembourg et l'Autriche en pleine Union européenne, Jersey et Guernesey, les iles Caiman, les Bermudes, les Bahamas, les Iles Vierges britanniques et américaines, et j'en passe...
Signe patent de ce phénomène : GDF Suez, privatisé sous Sarkozy, a décidé il y a peu d'installer au Luxembourg, aux « fins d'optimisation fiscale », sa filiale de trading de contrats gaziers de long terme !
Faites ce que je dis, pas ce que je fais ?
La construction européenne ?
Echaudé par l'échec du 29 mai 2005, l'excellent Nicolas Sarkozy a souhaité faire adopter le « mini Traité « de Lisbonne, copie conforme ou presque du Traité Constitutionnel Européen, par la seule voie parlementaire.
Quand il s'agit de remplir des charters d'immigrés à renvoyer chez eux, apparemment le recours au referendum est possible mais il semble qu'il le soit moins pour des questions institutionnelles un peu plus fondamentales...
Ceci dit, le Traité de Lisbonne, sur le fond, la forme et l'application, je dois dire qu'il a été littéralement foulé aux pieds par ses propres auteurs puisque la stricte application de son contenu n'aurait sans doute pas permis l'intervention de la Banque centrale européenne pour éviter la dérive des dettes publiques des Etats les plus attaqués par la spéculation.
J'observe d'ailleurs qu'une bonne partie de la construction européenne, fondée sur la monnaie unique qu'est l'euro, n'a, manifestement, pas évité, loin de là , que la spéculation financière ne se développe avec autant, sinon plus, de force qu'avant l'introduction de cette unité de compte.
Passons un peu à autre chose, maintenant, notamment les relations que la France a entretenu avec le reste du Monde que les Etats du G 20.
Nicolas Sarkozy a engagé la France de manière plus significative encore dans la guerre en Afghanistan.
Je dois avouer que, pour le coup, on ne peut évidemment oublier dans cette affaire que plusieurs dizaines de soldats et officiers français, souvent d'ailleurs issus des régiments étrangers ont payé de leur vie leur présence dans un combat pour le moins douteux dont l'issue, hélas assez prévisible, semble bien de voir le pays en question continuer de connaître une longue période de troubles internes et d'absence de cohésion nationale et territoriale.
D'une certaine manière, pas plus que l'URSS n'avait réussi à imposer sa loi en Afghanistan, l'Occident et singulièrement l'OTAN n'a pas plus réussi...
La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, soit dit en passant, est l'un des choix politiques de Sarkozy, rompant avec la ligne suivie depuis 1965 par le Général de Gaulle, un choix dont la pertinence n'est au demeurant jamais apparue.
Et ce choix appelle d'ailleurs qu'on le passe au crible de la légitime critique.
Prenons le cas de la Côte d'Ivoire, maintenant.
Contrairement à un engagement qu'il avait pris lui même, Nicolas Sarkozy s'est opposé à l'aide française au financement des élections en Côte d'Ivoire à la date initialement prévue, revenant notamment sur la nécessaire révision des listes électorales qui devait constituer le préalable à toute consultation libre et transparente.
Je n'insiste pas sur le fait que ces élections furent finalement organisées dans des conditions déplorables, notamment parce que les milices armées n'avaient pas été désarmées et que la sincérité du scrutin était plus que sujette à caution.
La suite, tout le monde la connaît et c'est l'appui logistique de la France au soutien du camp Ouattara – Soro jusqu'à l'arrestation de Laurent Gbagbo et l'organisation des élections version Ouattara dont le taux de participation (36 % et des résultats sujets à caution dans nombre de circonscriptions) a largement montré qu'il y avait comme qui dirait un problème...
L'une des grandes initiatives de Nicolas Sarkozy a été de proposer l'Union pour la Méditerranée.
Je n'aurais pas la mauvaise grâce de rappeler quels chefs d'Etat (Moubarak, Kadhafi, Ben Ali et d'autres) avaient été les invités modèles de cette initiative.
Le projet est pour le moment à l'eau, c'est le cas de le dire...
Mais la Méditerranée nous amène évidemment à ce qui reste, pour certains, un fait d'armes exceptionnel de Sarkozy, à savoir l'affaire de Libye.
Le régime de Kadhafi a sans doute oublié d'être une démocratie exemplaire, en tout cas ne répondant pas aux canons habituels en la matière, mais le fait est que je m'interroge encore sur le fait de savoir si le Président Sarkozy a réellement eu raison de soutenir le Conseil national de transition, organisme qui s'avère aujourd'hui incapable de s'opposer aux visées contraires de bandes armées dont l'une des conséquences semble la perspective de la partition entre Tripolitaine et Cyrénaïque, sans oublier le Fezzan...
Rien ne permet donc de mettre ce genre d'élément à l'actif du bilan de Nicolas Sarkozy.
Alors, que reste t il de la stature internationale de Nicolas Sarkozy ?
La volonté, affichée désormais, de réguler et de réduire les flux migratoires en direction de la France et de l'Europe ?
J'avoue, là dessus, que je n'aurais qu'une question à poser : pour quelle raison la France, 65 millions d'habitants, présente sur cinq continents, cinquième puissance économique du monde, ne pourrait pas accueillir 200 000 étrangers par an ( dont la majorité ne sont d'ailleurs que les femmes et les enfants des travailleurs et résidents) quand la Côte d'Ivoire accueille pas moins de 2 millions de ressortissants burkinabés ?