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ce qui est certain en tout cas, c'est que les électeurs du 2ème tour ne sont pas forcément exactement ceux du 1er, même si le nombre de votants est identique. c'est même vrai à l'intérieur d'un électorat
exemple : en 2002, JM Le Pen a réalisé à peu près le même score au niveau national auxdeux tours, ce qui a fait conclure que son audience électorale tournait autour de 18%
Or quand on regardait les résultats par département (ou même par région), on voyait que JMLP avait perdu beaucoup de voix entre les deux tours en certains endroits (sans doute un vote protestataire "d'avertissement" au 1er tour d'électeurs qui ne vont pas jusqu'à souhaiter réellement la victoire de l'extrème droite au final et prennent peur, ou sont influencés par des médias qui à 100% appelaient à voter Chirac), alors qu'il s'était fortement renforcé dans d'autres : apport de voix de B. Mégret bien sûr mais surtout de J. Saint-Josse (CPNT) dans les zones où le vote chasseur avait été élevé (Aquitain, Picardie) et sans doute d'A. Madelin (qui pouvait être considéré comme de droite extrême à défaut d'être encore d'extrême droite)
en réalité, on peut considérer qu'au total, environ 20 à 25 % (a priori plutôt 22 à 23%) avait voté pour JMLP à au moins un des deux tours. le socle élctoral du FN se situant déjà à ce niveau en 2002, les 18% (et même les 20% annoncés par les sondeurs en début de soirée électorale dimanche) de M. Le Pen ne constituent pas forcément une très grosse surprise.
ce qui a changé, c'est la localisation du vote FN au cours des années :
- d'abord cantoné de façon marginale aux "beaux quartiers" au début des années 80 (à Assas ou même à Dauphine, les fil à papa trouvaient Chirac trop mou, Giscard aussi et en plus il avait perdu) : on est encore dans l'extrême droite des années 30 à 60 (les Ligues de 34, la Collaboration, l'OAS, etc)
- dans les quartiers de banlieues défavorisées ensuite, et chez les retraités et commerçants du Sud-Est (discours anti immigrés, sécuritaire)
- puis forte percée dans les zones d'emploi sinistrées (l'immigré étant devenu au passage responsable du chômage)
- aujourd'hui fort recul dans les grandes villes, y compris dans des secteurs comme la Seine-Saint-Denis) mais couverture de l'ensemble des zones rurales et péri-urbaines sur tout le territoire national, avec des scores impressionnants dans des cantons totalement ruraux du Limouusin, d'Aquitaine, de Bretagne, etc. Le FN est devenu le parti des campagnes qui subissent de plein fouet les conséquences de l'intégration européenn, de l'isolement, de la casse des services publics, des lubies pseudo écolo type taxe carbone, avec une détestation à la fois de l'Europe (telle que l'on appelle une union économique de libre échange dont la Suisse et la Norvège ne font pas partie, dérive sémantique), des médias et de la capitale
Cela ne veut pas forcément dire, comme l'a dit B. Hamon, que 20% des électeurs sont xénophobes (détester l'arabe du coin ou détester la Commission de Bruxelles, Merkel et l'Emir du Qatar, ça ne relève pas forcément de la même logique), mais c'est un phénomène nouveau qu'il ne faut pas mésestimer : imaginons que tous les électeurs qui ont voté au moins une fois pour le FN depuis 15 ans se mettent à le faire tous en même temps...
La gauche (ou en tout cas une partie) qui va probablement diriger le pays dans peu de temps devra prendre ce risque en considération dans sa politique vis à vis de l'Union Européenne.
