de Denis » Dim 12 Juin 2011 17:57
Curieuse interprétation que d'imaginer, d'abord, la zizanie au sein du PS. Dans cette histoire comme dans tout événement, et donc dans l'Histoire, l'important est dans la représentation que les gens en ont.
1. La phrase de Chirac fait séquence avec les extraits de son livre. Humour ou pas, elle est renforcée dans la vérité telle qu'on se la représente par la référence à Jupé. Pourquoi parler de lui si c'est une simple plaisanterie, se dira tout un chacun. On ajoutera le geste de la main qui s'abat sur le bras de l'ancien président que tout le monde a vu, voit ou verra à la télé. Quelle signification lui donner sinon celle de lui demander de se taire, se dira, encore, tout un chacun. Question de perception. Question de représentation. L'événement représenté prend statut d'événement et dès lors agit sur le réel en tant que représentation. Peu importe ce qui s'est réellement passé.
2. La phrase est prononcée alors que Sarkozy est malmené au sein même de sa majorité et que bien de ses soutiens doutent de sa capacité à gagner.
3. Cela peut créer des problèmes au PS, si le PS s'engage dans des luttes de clan. C'est bien sûr possible mais ce n'est pas (encore peut-être, mais qui sait) le cas. Les observateurs semblent sous-estimer, à mon sens, la singularité des deux prétendants principaux: l'un a été secrétaire national du PS pendant dix ans, l'autre l'est depuis trois ans et est en poste. La séquence dramatique de 2007-2008 et leur propre expérience les rendent particulièrement sensibles à la question de l'unité du PS. Cette culture partisane, que ne partage pas par exemple Ségolène, fait qu'ils considéreront, certes, qu'ils sont les mieux à même de battre Sarkozy, mais aussi que la priorité, pour eux, est dans cette défaite.
Donc :
* la configuration est tout à fait différente de celle de 2006-2007
* je vois mal Martine Aubry reprocher, aujourd'hui, Ã Hollande la parole chiraquienne. On verra, mais je ne l'imagine pas entrer dans ce jeu.
Au total, on a un président devenu très sympathique aux yeux de l'opinion, y compris de par ses problèmes de santé. Pourquoi sa posture profiterait-elle à celui-là même qu'il vise de la parole et de l'écrit plutôt que ses opposants ? Ce serait bien surprenante dialectique.