de vudeloin » Ven 24 Fév 2012 19:00
Je ne sais pas si nous avons regardé la même émission, mais je dois avouer que j’ai de plus en plus quelque peine à comprendre comment le discours de Marine Le Pen peut avoir une quelconque influence et un quelconque intérêt pour les électeurs.
En fait de « dédiabolisation « du Front National, il me semble que nous avons vu, au contraire, monter une fois encore les mêmes arguments éculés et les mêmes thématiques, avec la manière habituelle du Front depuis quarante ans, c'est-à -dire celle de ne pas utiliser les mots pour désigner les choses…
Première remarque : le pic d’audience de l’émission a coïncidé avec le « débat » entre Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon, situant le nombre de téléspectateurs autour des six millions, avant de connaître une rechute, une fois parti le candidat du Front de Gauche.
J’observe au demeurant que, après avoir ostensiblement montré son refus de débattre avec Jean Luc Mélenchon (de quoi avait donc peur Marine Le Pen ?), les mêmes questions, posées notamment par la journaliste de France Inter, ont amené des réponses pour le moins évasives et embrouillées de la candidate du Front National.
Ainsi, sur la question de l’interruption volontaire de grossesse, Marine Le Pen a benoîtement expliqué que, compte tenu de l’état des comptes sociaux, elle préférait accorder la priorité au paiement des soins des personnes âgées ou des Français qui ne peuvent pas se soigner à tout remboursement de l’IVG.
Méthode assez traditionnelle d’un parti d’extrême droite, je dois dire.
Comme on peut difficilement, près de quarante ans après la loi Veil, être opposé à l’existence de l’interruption volontaire de grossesse « médicalisée » qui, au demeurant, ne s’est pas spécialement développée depuis (le taux d’avortements par génération de femmes en période de fécondité n’ayant pas bougé depuis fort longtemps), eh bien, on explique qu’on n’en a plus les moyens financiers…
Au demeurant, la lecture du site même du Front National et du projet présidentiel de Marine Le Pen suffisent à voir où veut en venir la candidate d’extrême droite.
Je cite
Le libre choix pour les femmes doit pouvoir être aussi celui de ne pas avorter : une meilleure prévention et information sont indispensables, une responsabilisation des parents est nécessaire, la possibilité d’adoption prénatale doit être proposée, une amélioration des prestations familiales pour les familles nombreuses doit être instaurée
(fin de citation)
Ce qui laisserait entendre que la pratique de l’IVG est abusivement développée.
Je rappelle que le taux observé est de 15 pour 1 000 aujourd’hui en France.
La Prévention et l’information ? La responsabilisation des parents ?
Le Front National propose t il de rembourser à 100 % toutes les pilules contraceptives, y compris celles qui ne le sont pas aujourd’hui ?
Cela serait, ceci dit, un coût de plus pour la Sécurité Sociale…
A moins que Marine Le Pen ne soit partisane d’une promotion de la méthode Ogino, de celle du thermomètre, qui ont fait de beaux enfants dans le passé, ou que les hommes redécouvrent les vertus de la méthode du retrait, ou bien dispose t elle de parts dans une société de fabrication de capotes anglaises ?
Trêve de plaisanterie, ce qui m’intéresse, parce que c’est souligné en gras dans le corps du projet présidentiel du FN, c’est l’adoption prénatale…
Marine Le Pen est favorable au développement du marché de la mère porteuse, figurez vous !
Elle offre en effet à toute femme en détresse financière la faculté de porter un enfant pendant neuf mois pour toute bonne bourgeoise qui craindrait d’être « déformée « par la maternité !
C’est cela, l’adoption prénatale, pour ceux qui voudraient mettre la chose en face du mot !
Rien d’autre que la mise en location d’utérus, la « marchandisation « du corps des femmes !
Sur le revenu parental, je dois avouer que Marine Le Pen a lâché le morceau, aussi…
Le mot parental pourrait prêter à confusion, et laisser accroire que cela concerne aussi bien les hommes que les femmes.
Mais je n’ai pas souvenance, dans ses explications ultérieures, qu’elle ait dit autre chose que « je veux laisser aux femmes la LIBERTE de retourner à la maison et d’élever leurs enfants ».
Une liberté qui rapporte 878 euros par mois maximum pour une femme avec deux enfants soit, ainsi que l’a rappelé judicieusement Jean Luc Mélenchon, moins que ce qu’une femme seule élevant deux enfants peut aujourd’hui percevoir avec le revenu de solidarité active !
Et, surtout, une somme inférieure au seuil de pauvreté puisque le montant de 80 % du SMIC ne correspond au mieux, qu’à la moitié du salaire médian…
Je constate d’ailleurs, avec intérêt, que la perception de ce revenu parental de misère ouvrirait droit à annuités en matière de retraite.
On pourrait dire « Encore heureux ! » sauf qu’il semble bien (ou bien est ce un oubli ?) que le droit au revenu parental emporte rupture du contrat de travail, la liberté de choix précédemment invoquée confinant en fait à une sorte de licenciement par démission…
Autre problème, qu’il faudra bien résoudre parce que cela pourrait quand même coûter un peu d’argent : qui paiera l’équivalent des cotisations retraite pour financer ces annuités de revenu parental ?
Les intéressés eux-mêmes ou la solidarité nationale ?
Et comme Marine Le Pen aime beaucoup les « sans grade » et les « sans voix », le programme du Front national propose également (je cite de nouveau)
Les allocations familiales, réservées aux familles dont un parent au moins est français, seront revalorisées et indexées sur le coût de la vie. Elles retrouveront pour objectif la couverture d’une partie conséquente du coût réel de l’enfant à charge.
( fin de citation ).
Je dois dire que j’aime beaucoup, déjà , cette formule « coût réel de l’enfant à charge » qui donne bigrement envie de faire des enfants, alors que je pensais jusqu’ici, naïvement, qu’on faisait des enfants par amour avec la personne que notre cœur avait choisi…
Je suis sûrement trop fleur bleue pour cela…
Mais c’est évidemment sur ce qui est en gras, à savoir le fait de réserver les allocations familiales aux familles dont un parent au moins est français qui m’intéresse…
Outre que je ne peux donner conseil à toutes mes copines beurettes, tamazight, peules soninkés, chinoises ou je ne sais trop quoi encore de se dépêcher de dénicher un Gaulois pour leur faire un enfant, je dois tout de même faire observer deux trois bricoles.
[b]Un, tous les enfants nés en France, que leurs parents soient Français dits de souche ou étrangers, sont présumés Français.[/b]
Donc, si les deux parents du petit Mohamed, Chen ou Abdoulaye sont étrangers, ils n’auront, dans la France de Marine Le Pen, que le droit de payer des cotisations sociales assises sur leur salaire sans avoir droit à en percevoir le produit.
Deux, si ces familles sont privées du concours éventuel des transferts sociaux normalement ouverts à tous sous condition de résidence sur le territoire national, comment vont-ils subvenir à leurs besoins ?
Marine Le Pen souhaite t elle favoriser le développement de la délinquance immigrée ? Le travail au noir ? La pluriactivité incontrôlée, avec son corollaire, c'est-à -dire qu’on laisse les enfants sans la surveillance de leurs parents ?
Parce que c’est aussi à cela que cela conduit, la préférence nationale, même dénommée « priorité » maintenant.
Trois, le tout sans oublier le fait que la France, aux dernières nouvelles, mais cela doit évidemment passer par-dessus la tête de quelques uns des « nez de bœuf » du Front National, est engagée par des traités et accords internationaux qui nous font obligation, avec la réciprocité correspondante, de ne pas traiter différemment les personnes résidant de manière régulière et normale sur le territoire de notre pays, notamment en matière de droits sociaux.
Dans le programme du FN, je lis aussi ce truc
Lutte contre la vulnérabilité et l’accroissement de la pauvreté des familles monoparentales françaises en les accompagnant dans leur recherche de logement et en mobilisant les grandes entreprises sur leurs conditions de travail (flexibilité des horaires).
( fin de citation)
J’aime les promesses qui ne changent rien…
Parce que, justement, les familles monoparentales, si elles sont vulnérables, c’est précisément parce que les conditions de travail qui leur sont faites sont fondées sur une flexibilité imposée sous forme de travail à temps partiel.
Parlons un peu économie, parce qu’apparemment, Marine patine sur le sujet.
Dans sa présentation de projet, je lis notamment ceci
Par ailleurs, j’attire votre attention sur la notion de la « charge de la dette » qui absorbe chaque année 80% de l’impôt sur le revenu et est en passe de devenir le premier poste de dépenses du budget de l’Etat.
Sur la période 1973-2011, la collectivité aura versé à nos créanciers plus de 1 400 Mds € (constants) d’intérêts financiers cumulés (125 millions d’€ d’intérêts / jour), pour un niveau de dette publique de 1700 Mds €, ce qui donne un solde net d’environ 300 Mds € (constants) de dette seulement, soit 15 % du PIB. Cela change toute la donne économique !
(fin de citation)
Le cas typique d’éléments très approximatifs sur la situation.
Un, la charge de la dette n’est pas, fort heureusement, le premier poste de dépenses publiques dans le budget de l’Etat.
Nous avons eu l’occasion de pointer que, contrairement à une légende répandue, c’était plutôt l’accumulation de dépenses fiscales et de mesures fiscales dérogatoires qui était le premier poste de dépenses de l’Etat.
Ainsi, en 2011, alors même que l’Etat présente un déficit de 110 milliards d’euros, la somme des dépenses fiscales et des mesures dérogatoires relatives à la fiscalité représente 178 milliards d’euros de moins values de recettes…
Deux, mais surtout, la démonstration en apparence sérieuse de Marine Le Pen « change effectivement toute la donne économique » parce qu’elle est fondée sur une confusion parfaitement hallucinante entre l’encours de la dette publique (c'est-à -dire le principal de la dette) et les intérêts versés depuis telle date à telle date (c'est-à -dire les intérêts).
Entretenir une telle confusion montre juste que Marine Le Pen n’a pas du comprendre les éclaircissements du professeur Jean Robert Sulzer, son expert économique, et que la candidate du Front National comprend l’économie à peu près comme une élève de première année de CAP comptabilité.
Une année où l’on apprend, soit dit en passant, que les dettes financières dont on est redevable figurent au passif du bilan et que les intérêts versés en sus du principal (amorti par dotation aux amortissements) figurent, pour leur part, au débit du compte de résultat au titre des charges financières…
Outre le fait que Marine Le Pen mélange allègrement dans l’encours de la dette publique celle de l’Etat, celle des collectivités locales (je ne reviens sur le fait que celle-ci ne concerne qu’une dette d’investissement, comme nous avons eu x fois l’occasion de le dire ici) et celle de la Sécurité Sociale, elle oublie aussi que la dette publique française est composée de titres dont la maturité moyenne est de sept ans et quelques et qu’il y a donc belle lurette que les titres de dette 1973 ont été amortis !
Ainsi, la dette de l’Etat comprend t elle, entre autres, environ 860 milliards d’euros d’obligations assimilables au Trésor, dont 55,3 amortissables cette année, 66 en 2013 et 42,6 en 2014.
Et les émissions les plus anciennes dont l’encours n’est pas totalement amorti sont constituées de titres émis en 1999 au plus tôt…
Pas de soucis, cependant, cette dette sera amortie, comme d’habitude, par émission de titres de remplacement…
La question, au fond, n’étant pas forcément de savoir ce qu’il faut amortir à un moment donné, mais bel et bien ce à quoi sert la dette publique…
Mais la lecture du programme du FN sur la manière de désendetter la France est encore plus signifiante et montre, de mon point de vue, une profonde distance entre les intentions affichées, les positions affirmées et la réalité des choix.
Je cite là encore le site du FN
1/ Economies PROGRESSIVES sur les mauvaises dépenses de budget entre 5 et 70 Milliards € / an (gel budget UE, fraudes sociales, coût de la décentralisation, coût de l’immigration, gains du non sauvetage de l’Euro et des aides aux états de la ZE, etc…);
2/ Monétisation par la Banque de France pour un TOTAL de 100 Milliards € / an (5 % du PIB 2012) dont + 90 Milliards € / an pour générer des excédents budgétaires ventilés en:
* AMORTISSEMENT direct et progressif du capital-dette (stock) pour 45 Milliards € / an (2,5 % du PIB), qui consiste à stériliser une fraction de la dette
* REMBOURSEMENT de la charge de la dette imputé dans le budget (flux), pour 45 Milliards € / an (2,5 % du PIB), dégressif à partir de 2018;
* RELANCE économique: + 10 Milliards € / an imputés dans le budget, pour soutenir la réindustrialisation, l’emploi, l’activité,…la consommation et au final les recettes fiscales.
( fin de citation)
Pour le gel et les réductions de dépenses publiques, je dois dire que Marine Le Pen va très au-delà de tous les programmes proposés par les autres candidats.
Sur le fond, je fais d’ailleurs observer que l’abandon des versements à l’Union Européenne ou, à tout le moins, celui de la contribution nette de la France au financement de l’euro a un défaut essentiel.
Il risque fort de priver la France des concours de la politique agricole commune qui n’est certes pas parfaite mais qui permet encore, sous forme de subventions (sans doute mal réparties et c’est plutôt là -dessus à mon avis que nous devrions dépenser notre énergie) à plusieurs centaines de milliers d’agriculteurs de notre pays de continuer à exister et travailler.
Quant au coût de l’immigration, je dois avouer de suite que Miss Le Pen fait fausse route en la matière puisque l’absence éventuelle et subite d’étrangers non communautaires sur le sol français conduirait, pour la seule Sécurité Sociale, à un accroissement du déficit de 12 milliards d’euros.
Pour deux raisons : la population étrangère en France, contrairement aux apparences, souvent trompeuses, est plus jeune et plus masculine que la population française et, de fait, contribue plus aux caisses d’assurance sociale relativement à ses besoins ; ensuite, la population retraitée d’origine et/ou de nationalité étrangère est moins importante et, de fait, les dépenses d’assurance vieillesse s’avèrent globalement plus faibles.
Quant aux gains opérés par non participation au non sauvetage des pays de la zone euro, ils sont sans doute à relativiser.
(Outre le fait que cette position fait limite : on va quand même pas payer pour ces fainéants de Grecs, non ?)
Et ce pour une raison très simple : c’est qu’une bonne partie des placements de l’épargne financière des Français, sans parler des engagements de nos établissements de crédit, sont précisément libellés en valeurs étrangères.
Nous sommes, ainsi, pour un grand nombre, au travers de nos assurances vie, notamment, copropriétaires de la dette publique française (pour 35 % de son encours, rappelons le au passage, soit tout de même plus de 450 milliards d’euros pour la seule dette de l’Etat) comme d’ailleurs de la dette publique de nombre de pays étrangers, dont la solvabilité est d’ailleurs parfois sujette à caution, mais pas toujours.
Ainsi, par exemple, les établissements financiers français sont extrêmement friands de dette publique allemande (bien plus d’ailleurs que les banques allemandes ne goûtent la dette publique française), titres qu’ils souscrivent régulièrement, notamment grâce aux facilités de trésorerie que leur accorde la Banque centrale européenne.
Pour donner une idée de l’impact de cette détention de titres de dette publique étrangère, il ne faut pas oublier, entre autres, que le taux d’intérêt attractif de certains livrets d’épargne défiscalisés proposés sur le marché et qui ressemblent ou ont la couleur du Livret A de la Caisse d’Epargne n’a pas d’autre origine que les taux d’intérêt très élevés que certains pays de la zone euro ont dû, dernièrement, supporter lors de leurs émissions de titres de long terme.
Pour qu’un établissement comme ING Direct vous serve, par exemple, un intérêt de 4,5 % les trois premiers mois de votre souscription d’un livret d’épargne, c’est que l’établissement néerlandais va chercher, sur le marché obligataire, des placements plus rentables encore et la dette publique de la Grèce ou du Portugal, entre autres exemples, peut de ce point de vue constituer un intéressant produit de court terme.
Sans compter bien sûr une affectation en trésorerie de court terme à une entreprise x ou y qui sera grevée d’un taux d’intérêt de 6 ou 7 %.
Ne pas participer aux plans de sauvetage de tel ou tel pays de la zone euro n’est pas mieux que d’y participer du point de vue du pays en question.
Ce qui est un problème, ce sont les conditions mises à l’attribution de subsides européens, pas l’existence d’une intervention !
Et le fait de ne pas solliciter notre propre dette pour participer à ses plans (situation d’autant plus regrettable que la France a tiré quelque profit, ce qui est en soi scandaleux, de ces opérations puisque le taux grevant nos émissions de titres de dette était inférieur à celui servi à la Grèce, par exemple) provoquera aussi une contraction de la demande européenne en direction de la France, alors même que l’essentiel du commerce extérieur de notre pays se fait au sein de la zone euro…
C'est-à -dire que l’économie budgétaire invoquée par Miss Le Pen deviendra une moins value économique !
Ensuite, il y a le problème de la monétisation de la dette publique française.
Là , je dois dire que Miss Le Pen fait très fort.
Parce que bon, prévoir aujourd’hui 45 Mds d’euros par an (ou l’équivalent en Francs) pour émettre des titres de dette nouvelle s’avère tout simplement insuffisant pour pallier les besoins de financement de l’Etat et notamment ceux d’amortissement de la dette publique.
En 2012, la France va émettre, au terme de la loi de finances rectificative pour 2012 instamment votée et promulguée, pour quelque chose comme 178 milliards d’euros de titres de dette publique, qu’il s’agisse d’obligations de moyen et long terme comme de Bons du Trésor.
C'est-à -dire que l’impact des 45 milliards d’euros de monétisation de la dette publique proposés par Miss Le Pen est relativement limité au regard de la réalité des besoins de financement.
On rappellera juste que les 178 milliards d’émissions correspondent, pratiquement, aux moins values fiscales autorisées sous forme de dépenses fiscales, de crédits d’impôt, de mesures dérogatoires d’application de la fiscalité et que le lien entre les émissions et ces moins values est autrement plus évident…
Bref, la monétisation des 45 milliards d’euros est loin de faire le compte, et risque de surcroît de favoriser une relance relative de l’inflation, par dépréciation de l’unité de compte, ce qui mettra notamment en branle le douloureux problème de l’indexation sur l’inflation d’une partie significative de la dette publique.
Un douloureux problème portant, pour l’heure, sur un encours de 157 milliards d’euros indexés…
Quant aux 45 milliards d’euros apportés pour payer les intérêts, il s’agit d’une simple opération « blanche » qui tend à accroître, sans que cela ait la moindre portée économique, la masse monétaire et ne règle aucunement la question de la dépense publique correspondante.
A dire vrai, ce qui est plus intéressant dans la démarche de désendettement, ce sont les 10 milliards de nouveaux titres monétaires qui vont financer des dépenses nouvelles…
Parce que là , on est dans le n’importe quoi.
La seule revalorisation statutaire de la rémunération des agents publics est déjà supérieure à ce montant.
Le fait de verser 200 euros de plus par mois, en prime pour l’emploi, ou je ne sais quoi, aux salariés au SMIC de ce pays, représente, par exemple, plus de 7 milliards d’euros…
Question à cent sous : les 10 milliards, cela marche une fois ou plusieurs fois ?
Plus sérieusement, sur bien des aspects, le programme du FN, alors même que Marine Le Pen n’a pas de mots assez forts pour flétrir la règle d’or et les politiques d’austérité, illustre d’une manière spectaculaire une volonté délibérée de l’appliquer de façon encore plus brutale que l’UMP ou le Modem de Bayrou.
Abroger la loi de 1973 (cela va être dur, mais cela peut se concevoir, ensuite) pour affecter les marges financières créées par ce retour à l’autonomie de notre planche à billets à financer la dette publique pour un quart ou peu s’en faut des émissions annuelles et pour payer les intérêts de la dette existante, c’est finalement recouvrer la liberté vis-à -vis des marchés financiers pour mieux les servir encore !
Franchement, ne consacrer que 10 % de la facilité de crédit retrouvée à développer des politiques publiques, c’est presque ruiner le sens même de cette facilité de crédit.
Car, derrière, le choix est fait : on mélange les choux et les carottes (la fraude sociale est une moins value de recettes avant d’être un excès de dépenses), on oppose travailleurs et familles les uns avec les autres, on met sur la paille, encore un peu plus, la moitié de nos paysans, on renvoie les femmes à la maison en les arnaquant au passage, bref, de manière générale, on développe une réduction intensive de la dépense publique.
On crée donc les conditions de l’étouffement de la croissance, plus sûr moyen de ne pas sortir la France de la spirale de l’endettement.
Si des marges financières existent, il convient de ne pas les affecter exclusivement à la seule réduction du déficit (ou de l’encours de la dette plus encore).
Les dettes sont faites pour être payées au moment de leur maturité.
Avant, cela ne sert à rien et risque même de geler les capacités économiques du pays.
Bon, j’ai été un peu long, mais quand on entend ce qu’on entend, qu’on lit ce qu’on lit et qu’on voit ce qu’on voit, des fois, on se dit que ce n’est pas plus mal si on écrit ce qu’on pense.