de pierrot » Lun 10 Oct 2011 20:27
Je suis assez surpris par les analyses qui extrapolent les résultats du second tour sur la base de ceux du premier, utilisant les principes habituels de reports de voix comme s'il s'agissait d'un scrutin classique. Attention, on est dans le cadre d'un type d’élection tout à fait atypique et inconnu en France:
- Il peut y avoir un renouvellement très important du corps électoral entre les deux tours et une réserve énorme de voix pour les deux
- Il s'agit quasiment d'un autre scrutin : on passe d'un vote de convictions et d'affinités à un vote de désignation où la part de stratégie jouera beaucoup plus (ne pas choisir forcément son préféré mais l'adversaire idéal de Sarkozy et Le Pen)
- Les électorats sont extrêmement poreux d’un candidat à l'autre, bien plus qu'entre des candidats à une élection classique, ce qui est logique. Un électeur socialiste d'Aubry peut très bien voter Hollande ou réciproquement, un électeur de Valls pour Aubry ou un de Montebourg pour Hollande. Alors que dans un scrutin classique, le transfert au second tour de voix entre les deux candidats en tête au premier (par exemple un UMP et un PS) est toujours marginal et sans conséquences.
- Dans ce contexte les sondages, le débat d’entre deux tours, les interventions d'Aubry et d'Hollande peuvent bousculer beaucoup de choses dans les jours qui viennent. Les reports ne seront pas automatiques et les deux qualifiés ne repartent même pas de leur score du premier tour, mais repartent de zéro.
Je ne pense absolument pas que l'on puisse agréger mécaniquement aux 31% d’Aubry une bonne part de 17% de Montebourg comme on le ferait entre le candidat PC et le candidat PS au second tour d'une législative, même au prétexte d’une proximité de vues entre les deux candidats comme on le lit ici ou là ou d'une répartition des voix qui semble le suggérer. Les électeurs ayant rejoint le président du conseil général de Saône et Loire sur la démondialistaion, venaient pour partie de l’extérieur du PS et n’ont aucune raison de choisir Aubry - européenne convaincue- plus que Hollande. On les retrouvera d’ailleurs plutôt derrière Mélenchon, Dupont Aignan, Chevènement voire Le Pen au 1er tour de la présidentielle que derrière le/la candidat(e) PS . Les électeurs socialistes qui l'ont choisi sur des sujets plus internes au PS (il a fait 20% dans les Bouches du Rhône ce n’est pas un hasard) ne rejoindront pas automatiquement la première secrétaire longtemps proche et compréhensive vis-à -vis de Guérini. Quid du comportement des électeurs de Frêche en 2010 ?
En gros, mis à part un score béton d'Hollande en Corrèze et d’Aubry dans le Nord, on n'a que très peu de certitudes. Ce qui fait tout l'intérêt du scrutin.
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