de alamo » Lun 21 Mai 2012 13:20
La réponse est assez facile à trouver
Je crois que Martine Aubry n’a jamais voulu d’un accord entre PS et FdG même sur les circonscriptions à risque d’élimination de la gauche du 2ème tour., pour des raisons multiples
- le PS a été piégé par l’accord prématuré qu’elle a signé avec EELV, donnant un poids démesuré aux Verts au détriment de candidats socialistes (voire de sortants) ; après ça, le PS ne voulait ou ne pouvait plus lâcher grand chose
- M. Aubry a sans doute été surprise de sa défaite aux primaires, et devait sentir depuis un moment qu‘elle ne serait pas Premier Ministre, F. Hollande préférant assez naturellement un proche (cohérent avec son discours « si je gagne, c’est mon programme que l’on applique »). D’où une certaine aigreur
- Les « spécialistes » des élections tenant les calculettes au PS ont toujours été assez mauvais (la dessus, Manudu83, militant PS, semble plus lucide que d’autres contributeurs plus éloignés des arcanes du parti). Ils se sont toujours trompés, confondant en permanence les résultats d’élections différentes, calquant par exemple systématiquement les résultats d’une Présidentielle sur des élections locales. Les Municipales de 2008 en ont été une illustration criante, lorsque le PS a provoqué des primaires dans un grand nombre de villes tenues par le PCF, pensant arriver en tête à peu près partout. Au final, ce n’est arrivé que dans deux villes de 25.000 habitants, Pierrefitte et Denain, alors qu’à Roissy-en-Brie, à l’inverse, le Maire PS était devancée par son adjointe PC. Partout ailleurs le PS (parfois Vert) a été devancé (St-Denis, Bagnolet, Vitry, la Courneuve, Villetaneuse, etc), y compris à Aubervilliers et Montreuil où ses candidats se sont fait élire par la droite en se maintenant. Même dans des villes de droite anciennement PCF, comme Nimes, LE Havre, Corbeil, etc, Le PC était toujours devant. Symboliquement, le responsable national aux élections du PS et celui de Seine-Saint-Denis rataient la leur, d’élection, à Epinay. Mais visiblement les expériences n’instruisent pas, et les négociateurs du PS sont encore cette fois persuadés que le PS devancera le FdG quasiment partout comme F. Hollande a devancé JL Mélenchon. S’y ajoute une sous-estimation du risque d’élimination (il n’est même pas certain qu’ils aient bien vu les différences induites par le passage de 10% à 12,5% du seuil permettant le maintien au 2ème tour).
- Alors que le PCF tenait à peu près la ligne prévue dans les négociations, le PG a brouillé le message en venant inclure dans les négociations des circonscriptions où le risque FN est inexistant (et en plus dans des secteurs où le candidat PG a déjà de réelles chances de l’emporter même en affrontant un candidat PS ou EELV au premier tour) : comment les proches de JLM ont-ils pu imaginer un instant le retrait de RG Schwartzenberg ou de M. Boutih ?. Cette attitude est venue en contradiction avec tous les discours d’indépendance de JLM pendant la campagne des Présidentielles et après. C’était donner un prétexte idéal au PS pour refuser des demandes qui sortaient du cadre. Le FdG a donné des bâtons pour se faire battre
- Certaines déclarations un peu « musclées » de JLM ont pu légitimement hérisser certains dirigeants du PS (des fois, c’est un peu limite…)
- Dans la dernière ligne droite, la candidature de JLM à Hénin-Beaumont (où le candidat socialiste, proche de M. Aubry, était favori), a sans doute été vue comme une provocation par M. Aubry, et encore plus les discours pointant les pratiques de la fédération PS du 62, que M. Aubry a quand même toujours couvertes (c’est d’ailleurs Montebourg qui le dit…)
Toutes conditions réunies donc pour empêcher tout accord de premier tour
Le renvoi des discussions à l’après Présidentielles (ne laissant que deux semaines à peine pour s’entendre) était un argument ridicule, alors que M. Aubry avait fait preuve d’une précipitation inouïe pour signer un accord politique délirant avec EELV à peine passées les primaires socialistes (la partie accord électoral étant un aspect somme toute mineur de l’ensemble).
La volonté hégémonique du PS, dénoncée il y a quelques jours par JM Baylet du PRG, n’est pas nouvelle.
Cette fois, il semble surtout que le PS cherche à tout prix à détenir la majorité absolue à l’Assemblée pour éviter de dépendre de ses « partenaires » de gauche pour le vote de certaines mesures.
Au pire, ne la détenir qu’avec EELV (totalement dépendant du PS, aucun candidat EELV ne serait élu s’il n’était pas investi par le PS au premier tour) voire avec le PRG (qui partage les positions de l’aile majoritaire du PS sur les orientations économiques et l’Union Européenne) n’est pas gênant.
Le FdG est infiniment plus incontrôlable et surtout, s’il occupait une position charnière, pourrait contraindre le PS à faire passer des mesures avec l’appui de la droite (d’autant qu’il y a toujours quelques voix dissonantes au sein du Groupe Socialiste), avec un effet désastreux dans l’opinion (le Traité de Lisbonne a laissé des traces).
Le MRC n’est pas tellement mieux traité, la Direction du PS, européiste, n’ayant pas forcément confiance dans la solidarité gouvernementale du mouvement de JP Chevènement, dont les députés risquent de voter avec ceux du FdG dès qu’il s’agira des traités européens.
Il ne pouvait donc finalement pas y avoir d’accord (même si F. Hollande, lui, le souhaitait sans doute sincèrement). La Direction du PS minimise les conséquences de l’échec des négociations à coup de méthode Coué : l’absence d’accord ne ferait quasiment pas perdre de circonscriptions à la gauche. Peut-être, mais elle empêche d’en gagner (au bas mot entre 20 et 30, soit un écart de 40 à 60 sièges avec la droite) alors qu’aux dernières nouvelles c’est toujours l’UMP qui est actuellement majoritaire à l’Assemblée.
Mauvais calcul, la gauche sera nettement moins majoritaire qu‘elle n’aurait pu l’être, et électoralement elle risque de se trouver éliminer dans des départements entiers. Et le PS a sans doute encore moins de chances d’avoir seul la majorité absolue
Résultat des courses les 10 et 17 juin…