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Pour prolonger notre appréhension de la situation du département, un regard rapide sur quelques données démographiques, la hausse de la population savoisienne ayant été suffisante pour générer la création d'un quatrième siège, alors que la moyenne d'habitants se situe de peu au dessus des 100 000 habitants.
Laissons de côté l'effet « tranche entamée » pour revenir à ce qui nous intéresse, à savoir la cohérence relative du découpage, qui préserve tout de même à peu près les différents pays de Savoie (la première autour d'Aix les Bains, la seconde autour de la Tarentaise, les choses étant peut être moins précises pour les deux autres)
La première circonscription est, sur le papier, plutôt contrôlée par la droite et par ce pauvre Dominique Dord, dont le nom avait amusé au moment où il avait été désigné pour remplacer Eric Woerth au poste de Trésorier de l'UMP.
Les cantons de droite de la circonscription sont donc ceux d'Aix les Bains Centre (un peu plus de 16 000 habitants), découpé dans le territoire de la station thermale et climatique alpine ; d'Aix les Bains Grésy sur Aix (un peu plus de 16 500 habitants sur 7 communes en sus d'Aix), avec la mairie de Grésy, fidèle à la droite, entre autres ; d'Albens (environ 8 000 habitants sur 8 communes) ; La Motte Servolex (17 000 habitants sur 4 communes), avec la Motte, municipalité d'environ 13 000 habitants devenue UMP en 2008 après avoir eu un maire écologiste de gauche, le Bourget du Lac, commune plutôt résidentielle passée au PS en 2008, tandis que la plus petite commune de la Chapelle du Mont du Chat est DVG, proche du Front de Gauche ; Le Pont de Beauvoisin (qui a un homonyme en Isère, canton de 9 500 habitants environ sur 12 communes, avec la particularité d'avoir eu pendant 32 ans un élu passé du PCF à la droite), dont le chef lieu est tout de même une mairie PS ; Saint Genix sur Guiers (6 500 habitants environ sur 10 communes ).
Les cantons de droite, ce sont donc un peu plus de 73 500 habitants dans 42 localités différentes, notion cependant à prendre avec quelques précautions dans un département alpin où les territoires communaux peuvent être quelque peu étendus...
Les cantons de gauche, moins nombreux, sont ceux d'Aix Sud (16 000 habitants environ sur 6 communes en plus d'Aix dont la plus importante, Drumettaz Clarafond, est celle du conseiller général DVG), Les Echelles (5 500 habitants environ, sur 11 communes ), canton marqué par le souvenir de Mandrin qui trafiquait dans ce secteur jadis frontière entre la France (et la province du Dauphiné) et la Savoie ; Ruffieux (5 000 habitants environ sur 8 communes plutôt rurales là encore) et Yenne (un peu moins de 7 000 habitants sur 14 communes ).
Ce dernier canton, dont l'homme de théâtre Charles Dullin, dont le nom est resté associé au Théâtre de l'Athénée, fut l'un des enfants, a longtemps été contrôlé par la famille Carron.
Les Carron tenaient la mairie de Yenne et René Carron fut, un certain temps, président de la Caisse Nationale du Crédit Agricole.
Bilan total : 81 communes dans cette première circonscription.
Nous délayons maintenant la situation de la deuxième circonscription, orientée clairement sur la Tarentaise, associée, comme souvent, au Beaufortin et au Val d'Arly.
Elle recoupe quasiment la totalité de l'arrondissement d'Albertville, à l'exception du canton de Grésy sur Isère, et au total 71 communes.
Les cantons de droite sont ceux d'Aime (9 500 habitants environ sur 9 communes dont Macot La Plagne, bien connue pour ses activités touristiques, Peisey Nancroix ), de Beaufort (4 600 habitants dans 4 communes dont Beaufort, qui a donné son nom au fameux fromage à pâte pressée cuite, et dont la maire serait proche du Modem, ou encore Hauteluce, dont le hameau des Saisies est devenu un des sites français du ski de fond ), de Bourg Saint Maurice (près de 17 000 habitants sur 8 communes dont Sainte Foy Tarentaise, Tignes ou Val d'Isère qui sont autant de hauts lieux du tourisme de montagne) dont le chef lieu est de droite, évidemment, comme d'ailleurs Val d'Isère, tandis que Tignes a un maire plus « indépendant » , de Moutiers (17 000 habitants environ dans 16 communes ).
Le conseiller général de Moutiers est Hervé Gaymard et les rapports de forces politiques locaux, plutôt favorables à la droite, n'empêchent cependant pas qu'on puisse y trouver aussi une commune comme la Léchère les Bains, mairie PCF.
LÃ encore, quelques stations de ski connues, notamment autour des noyaux villageois de Saint Martin de Belleville...
Le canton de Bozel, avec ses 10 communes et ses 9 500 habitants, est également connu pour le tourisme, autour de communes comme Pralognan la Vanoise, Brides les Bains ou Saint Bon Tarentaise ( traduisez Courchevel ) ou encore les Allues, village de naissance si l'on peut dire de la station plutôt chic de Méribel.
Enfin le canton d'Ugine, dont le nom est évidemment associé à l'acier, qui compte un peu plus de 11 000 habitants pour 8 communes dont la plus importante, Ugine, est le plus souvent le lieu d'un affrontement politique entre droite et PCF aux municipales et dans la plupart des consultations.
La vocation touristique existe encore dans ce secteur, notamment avec Flumet, station quasi jumelle de sa voisine haut savoyarde de Praz sur Arly (nous sommes en effet plus dans le Val d'Arly que dans la Tarentaise, dans ce secteur).
Les deux cantons de gauche sont ceux d'Albertville Nord et Sud, et c'est d'ailleurs là la grande affaire de la législature écoulée, c'est à dire le basculement à gauche de la capitale de la Tarentaise.
Les deux cantons comptent plus de 15 500 et près de 19 000 habitants et sont désormais nettement orientés à gauche et Albertville elle même a connu la fin d'un long règne de la droite aux affaires locales qui durait depuis au moins les débuts de la Cinquième République...
Il faudra sans doute beaucoup de voix à gauche pour faire basculer un siège où les communes touristiques de la Tarentaise ont quand même de quoi permettre à la droite de garder ses positions.
La troisième circonscription est un peu hybride : elle regroupe en effet les cantons de l'arrondissement de Saint Jean de Maurienne (6 cantons et 62 communes) et quatre cantons issus de l'arrondissement de Chambéry et, pour une partie, de son agglomération, à savoir Montmélian, Chamoux sur Gelon, La Rochette et La Ravoire.
Dans les faits, la droite n'a pas tant de positions cantonales que cela (pour les positions municipales, nous verrons).
Elle dispose du canton de Chamoux sur Gelon (5 000 habitants et 10 communes dont la commune de Coise Saint Jean Pied Gauthier, jadis municipalité gérée par Pierre Cot, ancien Ministre du Front Populaire, et Jean Pierre Cot, son fils, qui fut Ministre de la Coopération sous Mitterrand, si je ne me trompe ; le maire actuel est DVG), de celui de Lanslebourg Mont Cenis (un peu plus de 2 600 habitants dans 7 communes, vouées plutôt aux activités touristiques) et de celui de Saint Jean de Maurienne (16 000 habitants environ avec 16 communes en partie vouées au tourisme comme Fontcouverte la Toussuire, Saint Jean et Saint Sorlin d'Arves).
Dans le dernier cas, la droite a récupéré la mairie de Saint Jean où l'impact du vote des ouvriers de l'aluminium semble émoussé tandis que le PS gère une commune comme Saint Julien Montdenis.
Total : 3 cantons et 33 communes.
Le reste du siège, ce sont des cantons de gauche.
Aiguebelle, c'est 6 500 habitants et 12 communes dans un siège PCF sans interruption devant 1976 ; La Chambre, même si l'élection vient d'être annulée, c'est 7 000 habitants sur 14 communes dont plusieurs petits villages ouvriers acquis à la gauche, PCF et PS s'étant partagés le siège de 1949 à 1985 ; Modane, canton cheminot aussi, ce sont 7 000 habitants et 7 communes, dans un secteur de plus en plus marqué à gauche , Saint Michel de Maurienne, pour boucler la Maurienne, c'est 6 000 habitants dans 6 communes dont Valloire et Valmeinier qui ont quelques références en matière touristique.
Les trois cantons chambériens sont plus peuplés.
Montmélian, canton historique de Roger Rinchet, compte 15 000 habitants entre Montmélian (fief PS) et 14 autres communes dont Chignin et Apremont qui ont laissé leur nom à un cépage et un vin de Savoie , La Ravoire, canton de près de 21 000 habitants, sur 5 communes de l'agglo' chambérienne, dont le chef lieu (maire centriste), ou encore Challes les Eaux (maire UMP) et le canton de La Rochette (près de 8 000 habitants et 14 communes).
Le tout me semble devoir permettre à la gauche d'envisager quelque chose.
Nous verrons le cas de la nouvelle circonscription dans un autre message.
