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Les législatives à Paris

Dimanche 17 juin
A partir de 20h00
Nouveau découpage électoral et composition de l'Assemblée nationale : exprimez-vous sur les enjeux des prochaines législatives de juin 2012.

Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Lun 30 Jan 2012 02:39

Passons maintenant à la cinquième circonscription.

Les choses sont, dans ce cas précis, à peu près aussi simples que pour la quatrième, clairement vouée à la droite, à la différence que cette fois, c'est plutôt à gauche que cela se passe.

Les 3e et 10e arrondissements comptent aujourd'hui respectivement 35 655 et 95 911 habitants, ce qui donne à la circonscription une population supérieure à 130 000 résidents...

Le 3e, c'est bien évidemment le Marais, nom quasi générique pour désigner un quartier partagé avec le 4e, mais c'est surtout, dans cet arrondissement dit du Temple, quelques uns des lieux historiques les plus connus de Paris.

On y trouve ainsi le Conservatoire national des Arts et Métiers (et son exceptionnel musée), même si celui ci organise une bonne part de ses cours à la Plaine Saint Denis, le musée Picasso, hébergé dans l'hôtel Salé, le musée des Archives Nationales, installé dans l'hôtel de Rohan et l'hôtel de Soubise, dans lequel le Président Sarkozy entend toujours, pour l'heure, installer un Musée de l'Histoire de France, le Musée Carnavalet, consacré à la vie parisienne au cours des siècles, sans oublier les nombreux hôtels situés près de Beaubourg, notamment celui de Montmorency, dont les vestiges sont utilisés par l'Ecole Nationale des Impôts.

C'est d'ailleurs en cela une forme de logique puisque le lieu fut consacré à la recette générale des Finances au cours du XVIIIe siècle.

L'arrondissement est aussi, comme son voisin du 4e, habité par une importante communauté juive qui constitue aujourd'hui l'une des bases du vote de gauche, d'autant qu'elle est issue de la population ashkenaze en très grande majorité.

Aux élections régionales de 2010, le 3e a massivement voté à gauche.

Au second tour, la liste Huchon a en effet dépassé les 67 % des voix.

Au premier tour, la liste Pécresse est arrivée troisième dans les quatre quartiers de l'arrondissement, stagnant même à 19,4 % dans le quartier Arts et Métiers, avec un score à peine supérieur à 15 % dans le bureau 13, situé Rue de Vaucanson, à côté du siège historique du CNAM.

Au second tour, la liste Huchon a obtenu 6 714 voix et la liste Pécresse 3 238 suffrages.

Quartier des Arts et Métiers : Huchon 1 779 voix, Pécresse 739 voix
Quartier des Enfants Rouges : Huchon 1 773 voix, Pécresse 796 voix
Quartier des Archives : Huchon 1 656 voix, Pécresse 1 011 voix
Quartier Sainte Avoye : Huchon 1 506 voix, Pécresse 692 voix


Passons au 10e arrondissement, comprenant lui aussi quatre quartiers relativement différents, et qui a, là encore, massivement voté à gauche, à près de 73 % au second tour.

Au premier tour, ce n'était déjà pas terrible pour l'UMP avec un score moyen inférieur à 18 % et des pourcentages de 15 % et quelques dans certains secteurs.

Le 10e n'est pas, à proprement parler, une destination touristique de première importance pour Paris, sauf évidemment si l'on aime le sifflet des locomotives fréquentant la Gare du Nord et la Gare de l'Est, ou les bateaux et péniches sur le Canal Saint Martin et son atmosphère assez particulière...

Autrement, c'est aussi un arrondissement fortement marqué par la présence de grands établissements hospitaliers, comme l'hôpital Lariboisière ou encore Saint Louis, sans parler de l'hôpital Fernand Widal, spécialisé dans les soins aux personnes victimes d'empoisonnement.

La partie Sud de l'arrondissement, ceci dit, propose désormais la Pinacothèque de Paris et s'avère particulièrement marquée par des activités liées tant aux arts de la table (rue de Paradis notamment) qu'au textile, à proximité des portes Saint Denis et Saint Martin qui marquent les limites respectives de l'arrondissement avec ses voisins du 2e et du 3e.

On note aussi un certain nombre de théâtres sur le territoire de l'arrondissement comme les Bouffes du Nord, qui furent longtemps le lieu de travail de Peter Brook, ou encore le Théâtre de la Porte Saint Martin et le Gymnase Marie Bell qui fut le lieu de l'un des plus longs spectacles comiques du passé, avec Coluche.

Dans un autre style, dans un arrondissement quasiment dépourvu de salle de cinéma, après avoir accueilli un temps des salles spécialisées dans la projection de films pornographiques, on trouve encore, dans un passage voué au commerce de produits indiens (il y a d'ailleurs dans une autre partie de l'arrondissement, rue du Faubourg Saint Denis, entre la Gare du Nord et le boulevard de la Chapelle, une sorte de quartier indien avec moult boutiques dédiées à ces produits), la salle de cinéma « Le Brady » dont le patron est le cinéaste Jean Pierre Mocky (à moins que ses difficultés financières ne l'aient contraint à céder sa salle).

Bon, revenons à nos conjectures électorales...

Quartier de la Porte Saint Martin : liste Huchon 4 588 voix, liste Pécresse 1 664 voix.
Quartier de l'Hôpital Saint Louis : liste Huchon 5 113 voix, liste Pécresse 1 736 voix
Quartier de la Porte Saint Denis : liste Huchon 2 889 voix, liste Pécresse 1 057 voix
Quartier Saint Vincent de Paul : liste Huchon 4 100 voix, liste Pécresse 1 789 voix.


Parmi les scores élevés à gauche, notons le bureau 4, situé rue de Marseille (quartier Porte Saint Martin) avec 587 voix Huchon et 151 voix Pécresse, le bureau 11, situé rue du Buisson Saint Louis (quartier Hôpital Saint Louis), avec 521 voix Huchon et 87 voix Pécresse ; le bureau 13, 200 rue Saint Maur (même quartier) avec 479 voix Huchon et 110 voix Pécresse ; le bureau 29, rue de Paradis (quartier Porte Saint Denis), avec 458 voix Huchon et 152 voix Pécresse...
On trouve aussi le bureau 31, rue Martel (même quartier), avec 555 voix Huchon contre 177 voix Pécresse ou le 32, même adresse, avec 532 voix Huchon contre 165 voix Pécresse.

Aucun bureau de vote de l'arrondissement n'a donné de majorité à la liste de droite, malgré quelques scores honorables comme au bureau 30, rue de Chabrol avec 240 voix Pécresse sur 660 exprimés, 293 voix sur 738 exprimés au bureau 26, Ecole de la rue Bossuet (quartier Saint Vincent de Paul, près de l'église du même nom, en retrait de l'axe de la gare du Nord et près du 9e arrondissement).

Toujours est il que les scores de la gauche dans ces deux arrondissements du Centre Nord Est de la capitale ne laissent planer aucun doute sur le résultat final de l'élection.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Lun 30 Jan 2012 02:59

Utile précision dans la première circonscription, comportant les 1er, 2e, 8e arrondissements et l'essentiel du 9e, sauf, en fait, les bureaux 19 à 22, situés dans le quartier Rochechouart et rattachés au 18e arrondissement au sein de la 18e circonscription.
Les bureaux sont situés dans le Lycée Jacques Decour et, les écoles de la rue Turgot, de la rue de Rochechouart et couvent des secteurs comme l'avenue Trudaine, la rue Pétrelle, la rue de Dunkerque finissante ou le square d'Anvers.

Le quartier avait voté en faveur de la gauche aux régionales, avec un score de 4 158 voix contre 2 535 voix pour Pécresse.
Ces quatre bureaux de vote avaient donné 1 966 voix à gauche et 1 036 voix à droite.
Ce qui fait qu'il nous reste 2 192 voix de gauche et 1 499 voix de droite dans le quartier Rochechouart.

CQFD pourrait on dire au regard des intentions de Marleix qui a viré sur Montmartre la partie la plus à gauche du quartier le plus à gauche du 9e arrondissement.
L'ensemble rattaché à la 1ere circonscription apporte 1 874 voix à la gauche, plus les 2 voix du 1er arrondissement et les 1 420 voix d'avance du 2e,le tout ne pesant qu'assez peu face aux 4 888 voix d'avance de la droite dans le 8e arrondissement.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Lun 30 Jan 2012 21:30

Avec la sixième circonscription, je crois que nous entrons dans le champ de la grande manipulation des bureaux de vote.

Posons la question comme elle se pose : les 11e et 20e arrondissements de Paris constituent deux des points forts de la gauche, notamment là où confinent, du côté de Belleville, des quartiers populaires, largement acquis à la gauche après avoir été très vite républicains.

Le 11e comprend quatre quartiers, comme les autres, qui se répartissent du Nord au Sud de l’arrondissement, dans l’ordre quartiers de la Folie Méricourt, de Saint Ambroise, de la Roquette et de Sainte Marguerite.

Pour le premier, contigu des 3e, 10e et 20e arrondissements, c’est la rue de Ménilmontant, devenue rue Oberkampf entre le Cirque d’Hiver et la jonction Boulevard de Belleville / Boulevard de Ménilmontant qui marque la différence.
On est dans le Paris des fabriques et des ateliers, du petit peuple qui fit la prise de la Bastille, aussi…
Et dans le coin Nord Ouest, la place de la République !

Pour le second, entre Oberkampf, boulevard de Ménilmontant, rue du Chemin Vert, boulevard Beaumarchais et boulevard des Filles du Calvaire, on se retrouve entre Richard Lenoir et le parcours de moult manifestations populaires et ouvrières.

Pour le troisième, on est dans le souvenir des prisons d’antan, désormais remplacées par un square tandis que le quartier est assez marqué par la présence de la communauté juive.

Au coin Sud Ouest du quartier, la Bastille !

Enfin, Sainte Marguerite, c’est la limite avec le 12e arrondissement, le quartier s’étirant de la Bastille vers la Nation, le long de la rue du Faubourg Saint Antoine, tandis que le nom de Voltaire a été donné au long et large boulevard conduisant de la place Léon Blum, dans le quartier de la Roquette, où se trouve la mairie d’arrondissement, à la place de la Nation (ex place du Trône sous le Second Empire, d’où, encore, la présence de l’avenue du Trône), en lieu et place, pour le boulevard du nom du Prince Eugène (de Beauharnais) qu’Haussmann avait d’abord donné à la voie nouvelle.

Politiquement, et en général, peu de différences entre les quatre quartiers lors des régionales de 2010.

Si ce n’est que le quartier de la Folie Méricourt, morceau de Ménilmuche placé dans le 11e, vote encore plus à gauche que les autres.

La gauche l’a nettement emporté avec près de 72 % des voix sur l’ensemble de l’arrondissement.

Aucun des 59 bureaux de vote de l’arrondissement n’a voté à droite.

Du Nord au Sud, nous avions les résultats suivants

Quartier de la Folie Méricourt, bureaux 36 à 46 (je rappelle que la Folie, dans la terminologie de l’Est parisien, désigne à la fois les maisons de loisirs de quelques nobles mais aussi les lieux plantés d’arbres ou petits bois qui ont parfois été essartés pour laisser place aux premiers) : Huchon 5 981 voix, Pécresse 1 716 voix, soit 77,8 % à gauche.

Quartier Saint Ambroise, bureaux 47 à 59 : Huchon 6 248 voix, Pécresse 2 682 voix, soit 70 % à gauche

Quartier de la Roquette, bureaux 1 à 20 : Huchon 9 499 voix, Pécresse 3 529 voix, soit 72,9 % à gauche

Quartier Sainte Marguerite,
bureaux 21 à 35 : Huchon 7 116 voix, Pécresse 3 332 voix, soit 68,1 % à gauche (seulement pourrait on dire).

L’habile découpage Marleix transperce du Nord au Sud les quatre quartiers de l’arrondissement, alors que l’ancien découpage avait mis Folie Méricourt et Saint Ambroise avec Belleville et Père Lachaise, ce qui présentait une cohérence réelle en créant une sorte de député de Belleville Ménilmontant et mis les deux autres quartiers en lien avec le quartier des Quinze Vingts, ce qui présentait aussi une certaine cohérence, ce quartier abritant en fait la partie 12e du secteur de la Bastille.

Là, Marleix tranche dans le vif, en faisant de l’avenue Parmentier un premier axe mettant l’essentiel de Folie Méricourt avec le 20e, avant de faire moult zigzags entre Chemin Vert, rue Saint Maur ou Léon Frot, sans trop de respect pour la cohérence territoriale.

Certes, aucun bureau de vote n’a donné de majorité à la droite dans le 11e lors des régionales mais tout de même.

Le découpage Marleix place dans la 6e circonscription les bureaux de vote 7 à 9, 16 à 20, 24 à 35, 40 à 46 et 54 à 59.

Il place donc les bureaux 1 à 6, 10 à 15, 21 à 23, 36 à 39 et 47 à 53 dans la septième circonscription.

Le total des votes des régionales donne 16 454 suffrages à gauche, a priori, et 6 422 voix à droite dans cette circonscription, soit un rapport 71,9 /28,1 % très proche de celui de l’ensemble de l’arrondissement.

Pour la septième circonscription, il reste donc 12 390 voix de gauche et 4 837 voix de droite, soit un rapport exactement identique.

Pour le 20e, nous verrons avec la deuxième partie de notre étude…
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Mar 31 Jan 2012 21:57

Ce 20e arrondissement, dont nous allons regarder le comportement politique le plus récent, comprend les quatre quartiers de Belleville, de Saint Fargeau, du Père Lachaise et de Charonne.

Les quartiers de l’arrondissement ont été annexés par Paris lors de la grande affaire de 1860, les villages de Belleville et celui de Charonne, sans compter celui de Ménilmontant qui a donné son nom à l’ensemble de l’arrondissement.

Populaire et ouvrier à l’origine, le 20e a toujours été un arrondissement orienté à gauche sur la carte politique parisienne, et les mutations du quartier (construction du grand cimetière de l’Est parisien au Père Lachaise, réalisation de nombreux logements en immeubles haussmanniens ensuite, logements sociaux au XXe siècle, maisons ouvrières le long des anciennes fortifs) n’ont jamais vraiment modifié le comportement politique du quartier, celui-ci n’ayant été « de droite « de la manière la plus nette qu’à l’époque du gaullisme triomphant puis de 1983 à 1995, quand Chirac régnait sans partage sur Paris.

Et, même dans ces périodes là, la droite était moins influente entre Porte des Lilas et Porte de Vincennes qu’elle ne pouvait l’être ailleurs dans Paris.

Les quatre quartiers, donc.

D’abord Belleville, circonscrit dans l’espace compris entre le Boulevard de Belleville (limite du 11e), la rue de Ménilmontant (qui monte justement), la rue de Pixérécourt qui ramène vers la Place des Fêtes mais qui croisant la rue de Belleville, s’interrompt avant d’entrer dans le 19e, ladite rue de Belleville marquant la limite Nord du quartier.

Le quartier proprement dit ne recouvre pas la totalité du territoire de l’ancien village de Belleville que l’on retrouve dans le 10e (quartier de l’Hôpital Saint Louis), le 11e (Folie Méricourt), le 19e (quartiers du Combat et d’Amérique).

Mais on est au cœur du Paris populaire, largement de gauche puisque la liste UMP des régionales n’y a obtenu que 10,7 % des voix au premier tour, devancée par le PS (30 %), les Verts (28,1 %) et le Front de Gauche (13,4 %).

Le quartier couvre les bureaux 54 à 65 et voit sa population largement concentrée sur les Hauts de Belleville, secteur profondément rénové dans les années 60 et dont les tours sont visibles de tous les points de Paris.

Et la rue des Envierges offre, en certains points, notamment dans le parc de Belleville, un panorama absolu sur l’ensemble de la capitale.

Deuxième quartier : celui du Père Lachaise, selon le nom du confesseur de Louis XIV, qui a laissé son nom au grand cimetière parisien de l’Est, occupé par une foule de tombes familiales et d’autres consacrées à des personnages plus illustres, la liste des occupants (ou ce qu’il en reste) étant si longue que je ne peux la citer en totalité.

Toujours est il qu’on peut y trouver les tombes de Simone Signoret, née Kaminker (qui avait habité le quartier), d’Yves Montand, d’Edith Piaf, d’Henri Salvador, d’Honoré de Balzac, de Jim Morrison ou encore de Mano Solo et du cinéaste turc Yilmaz Guney, qui eut la Palme d’Or à Cannes en 1982, peu de temps avant son décès.

On peut aussi ajouter Oscar Wilde (dont la tombe est le sujet d’un des sketches du film Paris je t’aime, celui consacré à l’arrondissement), comme Jean de La Fontaine, le grammairien La Harpe, le baron Haussmann lui-même, le chirurgien Larrey, le fondateur de l’Ecole Centrale Alphonse Lavallée, des maréchaux et généraux d’Empire comme Grouchy, Masséna, Ney, Mortier ou Macdonald, mais aussi des auteurs comme Molière, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Charles Nodier.

Autre particularité bien connue : le Père Lachaise est le cimetière de nombre de grands héros et combattants du mouvement ouvrier, depuis Laura Marx et Paul Lafargue, en passant par les Communards honorés au Mur des Fédérés et la plupart des dirigeants du PCF aujourd’hui décédés, comme Marcel Cachin, Jacques Duclos, Maurice Thorez ou encore Paul Vaillant Couturier.

Enfin, pour l’anecdote, on rappellera l’étonnante tombe gisant du jeune journaliste Victor Noir, assassiné en 1870 par un cousin de l’empereur Napoléon III, dont le réalisme, dû à la maîtrise du sculpteur Dalou (peut être inspiré par les gisants de la Renaissance, en tout cas familier des macchabées d’amphithéâtres de médecine), a inspiré un culte un peu particulier, du fait, entre autres, de nombreux contacts d’une certaine partie du gisant, parfaitement dessinée par l’auteur.

Le Père Lachaise, sous certains aspects, est une forme de promenade dans l’Histoire de France au plan politique, culturel, syndical, artistique et même économique, vu que certains monuments sont dédiés à des ingénieurs, chefs d’entreprise, banquiers ou industriels divers…

Pour le reste, le quartier compris dans un ensemble inscrit entre le Boulevard de Ménilmontant et celui de Charonne à l’Ouest, en limite du 11e, la rue de Bagnolet au Sud, la rue Pelleport à l’Est et la rue de Ménilmontant au Nord, est marqué par la présence de l’hôpital Tenon, et celle de la mairie du 20e, place Gambetta.

Il couvre les bureaux 1 à 8, et 47 à 53.

Le troisième quartier, c’est Saint Fargeau, le nom étant évidemment tiré du conventionnel Le Peletier de Saint Fargeau, assassiné le 21 janvier 1793 par un dénommé Pâris, pour avoir voté la mort du roi Louis XVI qui sera d’ailleurs guillotiné le même jour.

Le Peletier de Saint Fargeau, ancêtre de l’écrivain Jean d’Ormesson, était alors âgé de 32 ans et avait pris le parti de la Révolution, alors même qu’il était issu de la Noblesse et avait, à ce titre, participé aux Etats Généraux en mai 1789.

Représentant de l’Yonne (où se trouve le domaine originel des Saint Fargeau dans la commune du même nom), il prit une part active au gouvernement de la Montagne, étant de surcroît ouvert aux idées des Lumières, notamment de par son appartenance à la Franc Maçonnerie.

Le quartier, partie de l’ancien village de Belleville pour une bonne part, n’a réellement commencé à s’urbaniser qu’après l’annexion des villages de proche banlieue, et dispose de certains monuments assez particuliers.

Notamment de la piscine Georges Vallerey, ex piscine des Tourelles, lieu de déroulement des épreuves de natation des Jeux Olympiques de 1924, devenu siège de la Fédération française de natation et, à proximité, du siège de la Direction générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) dont l’immeuble, par référence, est également appelé « La Piscine ».

Saint Fargeau vote plutôt à gauche, comme le reste de l’arrondissement, mais de manière moins nette que Belleville.

Le quartier est inscrit dans le périmètre défini par la rue de Belleville au Nord, le boulevard Mortier (et la limite avec les communes des Lilas et surtout, de Bagnolet) à l’Est, la rue de Bagnolet au Sud et la rue de Pelleport.

Il couvre les bureaux de vote 31 à 46.

Enfin, au Sud de l’arrondissement, à partir du côté pair de la rue de Bagnolet jusqu’à la place de la Nation et la porte de Vincennes au sud, le Boulevard de Charonne sur l’Ouest et le périphérique à l’Est, on se retrouve dans le quartier de Charonne, le plus peuplé du 20e.

Sur un plan électoral, le quartier couvre les bureaux 9 à 30.

Aux régionales de 2010, aucun des 65 bureaux de vote n’a choisi la liste Pécresse.

On a même atteint le fond, si l’on peut dire, dans le bureau 56, rue de Tourtille (quartier Belleville) avec 709 voix Huchon sur 799 exprimés ; soit 88,7 % des voix et dans le bureau 60, dans l’une des écoles de la Rue des Couronnes (même quartier), avec 550 voix Huchon sur 617 exprimés, soit 89,1 %.

Connaissant un peu les votes en banlieue, je crois qu’il n’y a même pas de bureaux de vote sur Aubervilliers, Saint Denis ou Bagnolet qui aient accordé une telle majorité à la liste de gauche du second tour.

La gauche a frisé les 75 % des voix au second tour des régionales et tout est donc à l’avenant, si l’on peut dire.

Ce qui nous donne plus précisément :

Quartier de Belleville : Huchon 7 464 voix, Pécresse 1 650 voix, soit 81,9 % des voix à gauche.
Quartier du Père Lachaise : Huchon 9 309 voix, Pécresse 2 834 voix, soit 76,7 % à gauche.
Quartier Saint Fargeau : Huchon 8 259 voix, Pécresse 3 584 voix, soit 69,7 % à gauche (on voit tout de même la différence avec Belleville).
Quartier Charonne : Huchon 11 572 voix, Pécresse 4 256 voix, soit 73,1 % à gauche.


Marleix a donc pris ses ciseaux pour découper l’arrondissement en trois morceaux.

L’un rattaché à la majorité du 11e dans la 6e circonscription, une partie de Charonne mêlée au 12e dans la 8e circonscription et le reste, c'est-à-dire l’essentiel de Charonne, tout Saint Fargeau et un morceau de Belleville et du Père Lachaise, dans une seule et même circonscription, la 15e.

Pour la partie rattachée au 11e dans la 6e circonscription, là où veut se présenter Cécile Duflot, si je me souviens bien, ce sont a priori les bureaux 54 à 60, la 15e recueillant les bureaux 61 à 65 dans le quartier Belleville.

Pour le Père Lachaise, la 6e circonscription comprend les bureaux 7 et 8, et les bureaux 47 à 53, tous situés entre le cimetière et le quartier de Belleville ; la 15e circonscription garde donc les bureaux 1 à 6.

Enfin, comme nous l’avons vu, un petit morceau de Charonne est dans la 8e.

Il s’agit en l’espèce des bureaux 10 à 13 et des bureaux 26 à 28.

Ce qui nous donne 7 bureaux de vote dans la 8e, 16 dans la 6e et 42 dans la 15e.

Les sept bureaux de la 8e ont donné 3 763 voix Huchon et 1 733 voix Pécresse.

Dans la 6e, la partie Père Lachaise donne 5 864 voix Huchon et 1 628 voix Pécresse ; la partie Belleville 4 502 voix Huchon et 881 voix Pécresse, soit un total de 10 366 voix de gauche contre 2 509 voix de droite…

Pour la 15e, par déduction, nous avons donc 8 082 voix de droite et 22 475 voix de gauche.

Bilan des courses, si j’ose dire :
La quinzième circonscription de Paris ne devrait pas échapper à la gauche, vu que le rapport de forces y est de 73,6/26,4 en sa faveur lors des régionales.

Même une réélection de Sarkozy avec une poussée légitimiste semble bien insuffisante pour éviter l’inévitable victoire de la gauche.

Dans la sixième circonscription, nous avons 26 820 voix de gauche et 8 931 voix de droite, soit un rapport 75/25 encore plus déséquilibré.

On comprend d’autant mieux la volonté des dirigeants d’EELV de disposer d’une investiture soutenue par le PS dans ce secteur.

Et nous garderions comme une poire pour la soif le score du morceau de village de Charonne (plutôt d’Avron et de Montreuil en fait) qui a massivement voté à gauche, même si on est, en gros, sur un rapport 2 contre 1.

Comme le siège de la huitième circonscription mérite examen, puisqu’il réunit les trois quartiers extérieurs du 12e arrondissement, mettons nous de côté le score observé dans nos bureaux du 20e

Surtout que c’est là où Charles Beigbeder entend se présenter, dans une partie de la capitale stratégique pour toute alliance politique en vue d’une conquête ou d’une reconquête de l’Hôtel de Ville.

Je ne sais pas si l’amour dure trois ans, mais possible que ce Beigbeder là ne se retrouve avec une abstinence municipale prolongée au-delà de 2014…
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Mer 1 Fév 2012 00:49

Petite pause dans l'exposé de la situation des différentes circonscriptions parisiennes pour un petit retour sur un aspect important de la vie politique locale.

Paris compte vingt arrondissements depuis 1860, de taille et de populations fort différente, eux mêmes divisés en quatre quartiers administratifs, dont les noms évoquent, comme on l'a vu, une partie de l'Histoire de notre grande capitale...

Au regard de l'intéressante carte publiée au début de ce fil de discussion, on notera que la gauche était devant dans tous les quartiers des 18e, 19e, 20e, 12e, 13e, 11e, 10e, 3e et 4e (encore que j'ai un petit doute sur un quartier), soit 32 à 36 quartiers.

La droite était en tête dans tous les quartiers du 8e, du 9e, du 15e, du 6e, du 7e, du 16e, soit au total 24 quartiers.

Et il y avait les quartiers sur la tranche, si j'ose dire, ceux partagés.

D'abord le premier arrondissement, où la droite était en tête dans trois quartiers (Saint Germain l'Auxerrois, Palais Royal et Place Vendôme), la gauche dans celui des Halles.
Ensuite, le second arrondissement, où la droite était en tête sur les quartiers Gaillon et Vivienne, laissant à la gauche les deux autres et la majorité des suffrages de l'arrondissement.
Puis le cinquième arrondissement, où la droite était en tête sur Sorbonne, Val de Grâce et Jardin des Plantes, la gauche dans le quartier Saint Victor.
Ensuite, le quatorzième où la gauche était en tête sur les quartiers Plaisance, Petit Montrouge et Parc Montsouris, la droite à Montparnasse.
Puis le dix septième, partagé entre Ternes, Plaine Monceau et Batignolles à droite, Epinettes à gauche.

Ce qui devait donner 8 quartiers à gauche (soit 43 à 44 au total) et 12 à droite (soit 36 ou 37 ).

Aux régionales 2010, la gauche aura fait basculer les quatre quartiers du 9e, les trois quartiers du 5e à droite en 2007, le quartier Montparnasse et celui des Batignolles.
Enfin, la gauche est également arrivée en tête sur le quartier de la Monnaie , dans le 6e arrondissement.
Ce qui porte à 56 le nombre des quartiers parisiens ayant voté à gauche en 2010.
Et réduit celui des quartiers de droite à 24.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede pierrep » Mer 1 Fév 2012 16:52

Bon......Vu de près ( et avec du temps ) c'est interessant , mais cela ne devrait il pas figurer dans une rubrique spécifique, genre
" Etudes historiques et géographiques , topographiques et toponymiques de Paris " ? Ainsi le lecteur ayant moins de temps ou désirant voir ça de loin, pourrait se contenter de textes plus brefs , voir plus condensés concrnant LES LEGISLATIVES 2012 A PARIS ...Enfin c'est une simple proposition qui vise à trouver un pis-aller entre le Que sais je? et l'encyclopédie en 48 volumes .... :lol:
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Re: Les législatives à Paris

Messagede MiniM » Mer 1 Fév 2012 19:00

Regardez, si vous n'aimez pas, y'a une barre de défilement à droite qui permet de sauter un message trop long que vous n'aimez pas.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Mer 1 Fév 2012 19:02

Avec le 12e arrondissement, nous allons solder les comptes pour les 7e et 8e circonscriptions, puisque le premier de ces deux sièges comporte environ la moitié du 11e (ce que nous avons déjà vu, nous ferons les totaux à la fin) et que le second recoupe l’essentiel de l’arrondissement, légèrement augmenté par la partie du quartier de Charonne issue du 20e, que nous avons déjà regardée.

Le 12e comprend, comme chacun des arrondissements parisiens, quatre quartiers (même si le découpage de la démocratie participative est différent, puisqu’il distingue notamment un Bel Air Sud d’un Bel Air Nord), ainsi définis.

Le premier, en partant de l’Ouest, donc du centre de la capitale, est le quartier des Quinze Vingts, qui doit évidemment son nom au célèbre hospice fondé par Saint Louis, devenu depuis la référence française en matière d’ophtalmologie, puisque l’hospice était dédié aux aveugles devenus indigents et recueillis par charité et ordre de Louis IX.

Un Louis IX, fils de Blanche de Castille, qu’on a sanctifié, ne serait ce que pour ses croisades assez peu réussies (fait prisonnier à Mansourah lors de la septième après une première victoire à Damiette puis victime d’une forme de peste lors de la huitième croisade à Tunis en 1270), et pour sa charité proverbiale, même si quelques ombres viennent tout de même obscurcir le tableau, notamment le caractère profondément intolérant de sa politique envers les Juifs du royaume, qu’il contraindra en particulier à porter la rouelle, signe de couleur distinctif de leur appartenance à la religion hébraïque.

Quant au nom de Quinze Vingts, il vient tout simplement du fait que l’hospice d’origine comptait trois cents lits (15 x 20).

Le quartier, qui compte environ 26 à 28 000 habitants, se définit comme une sorte de pentagone dont les angles seraient la place de la Bastille au Nord Ouest, la Seine au Sud Ouest, la rue Villiot au Sud Est, les voies du réseau Paris Lyon au centre Est et le bout de la rue de Chaligny, finissant au coin de l’hôpital Saint Antoine et de la rue du Faubourg du même nom, au Nord Est.

C’est là le seul des quatre quartiers du 12e qui existait à l’intérieur du Paris d’avant 1860, accueillant une partie des ouvriers et boutiquiers qui prirent la Bastille avec leurs collègues du Faubourg Saint Antoine.

C’est un quartier orienté à gauche, puisque, lors des régionales 2010, votant pour la liste PS à 29,6 %, pour les Verts à 25,3 % et le Front de Gauche à 7 % lors du premier tour.

Les Quinze Vingts, outre l’ancien hospice et Saint Antoine, ont aussi comme bâtiments remarquables l’Opéra Bastille, mais aussi la Gare de Lyon et la fameuse promenade des Arts, promenade plantée au dessus de l’avenue Daumesnil, qui accueille nombre de magasins de mobilier moderne.

Sur le plan électoral, ce sont les bureaux 51 à 60.

Le second quartier, correspondant à un ancien village dont la vie fut longtemps associée à la vigne et au vin, est celui de Bercy.

C’est, de fait, le plus récent et le moins peuplé des quartiers de l’arrondissement.

Dominé par le paquebot planté en bord de Seine du Ministère de l’Economie et des Finances, agrémenté par le parc de Bercy et le Palais Omnisports, le quartier est en fait calé entre la rue de Charenton qui le borde sur toute sa longueur dans le sens Nord Ouest Sud Est, et la Seine, le quartier se terminant au Sud Est par le Bois de Vincennes et la limite de Charenton le Pont.

Sur le plan électoral, il correspond aux bureaux 46 à 50, auxquels s’est ajouté le bureau 61, nouvellement créé.

Le troisième quartier, comportant une part importante de l’arrondissement, c’est celui de Picpus.

Il se définit entre la rue de Charenton, qui le sépare de Bercy, la rue de Chaligny, qui le distingue des Quinze Vingts, la rue du Faubourg Saint Antoine qui longe la limite avec le 11e arrondissement et l’ensemble Boulevard de Picpus et rue de Picpus qui marquent les limites du quartier Bel Air.

Picpus, comme Bel Air, c’était un bout de Saint Mandé, avant l’annexion par Paris, mais c’était surtout à la fois une sorte de campagne à proximité de Paris (La Fayette, né en Auvergne au château de Chavaniac comme la plupart de ses ancêtres, est en effet enterré dans le cimetière privé de Picpus qui est surtout connu pour avoir recueilli les corps décapités de quelques uns des guillotinés de l’époque de la Terreur) et, de fait, un lieu de villégiature pour les Parisiens enserrés dans l’enceinte des Fermiers Généraux.

L’urbanisation du quartier est donc marquée par l’annexion haussmannienne et les constructions du XXe siècle, orientant le quartier vers un caractère bourgeois tranquille assez marqué.

Au plan électoral, Picpus, qui abrite la plus large proportion des habitants du 12e arrondissement, regroupe les bureaux 1 à 29, ce qui est somme toute logique vu que la mairie de l’arrondissement, située près de l’avenue Daumesnil, se situe dans le quartier.

La population du quartier est assez nettement parisienne comme on peut l’imaginer (notamment avec les Auvergnats patrons de bars et de brasseries), mais comprend quelques particularités, notamment rue Montgallet, où se trouvent plusieurs magasins dédiés à la micro informatique et sa maintenance, gérés par des représentants de la communauté chinoise de Paris.

Ce n’est pas forcément une extension du 13e, puisque l’immigration chinoise est déjà relativement ancienne dans le 12e, datant pour les premiers arrivants des années ayant suivi la Première Guerre Mondiale.

Sur les points intéressants du quartier, relevons tout de même la Place de la Nation, débouché de quelques manifestations populaires, les hôpitaux Rothschild et Diaconesses, le lycée Arago ou encore l’école Boulle (on est tout de même dans le 12e où les arts du bois sont assez pratiqués).

Et je ne parle pas de la Caserne de Reuilly, vu que Zazie vient de repasser devant…

Notons enfin que Picpus partage avec Bercy un lieu dit nommé La Grande Pinte, aujourd’hui partagé entre voies ferrées et ruelles urbaines.

Le dernier quartier, le plus à l’Est de l’arrondissement, est celui de Bel Air.

La proximité du périphérique, entre Porte de Vincennes et Porte de Charenton, entre Boulevard Soult et Boulevard Poniatowski, ne justifie évidemment pas ce sympathique substantif.

Bel Air, au moment de l’annexion, est un quartier de Saint Mandé, comptant environ 2 500 habitants un peu perdus dans les bois qui feront plus tard le Bois de Vincennes, une fois remodelée tout à fait la géographie d’un secteur déjà largement investi par l’Armée qui en avait fait un lieu de manœuvres.

Autant dire que le quartier est évidemment urbanisé de manière récente, entre immeubles fin XIXe et constructions XXe et qu’il a, comme Picpus, le caractère d’un quartier bourgeois tranquille.

Le Bois de Vincennes et ses aménagements proches (Lycée Paul Valéry, Hôpital Trousseau ) est évidemment le point le plus intéressant du quartier.

Mention spéciale ceci dit pour la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, installée dans le Palais de la Porte Dorée, construit à l’occasion de l’Exposition Coloniale de 1931.

Le bâtiment, centre d’intérêt principal de cette manifestation marquée par l’exposition, parfois voyeuriste, d’êtres humains venus des différentes parties de l’Empire colonial français de l’époque (notamment, comme le raconte l’écrivain Didier Daeninckx dans l’une de ses nouvelles, l’un des aïeux du footballeur Christian Karembeu) et l’ouverture du fameux Zoo de Vincennes, a hébergé alors ce que l’on a d’abord appelé le Musée des Colonies.

Le nom étant connoté, le lieu fut rebaptisé en 1935 Musée de la France d’Outre Mer, avant de devenir en 1960, Musée des Arts Africains et Océaniens.

Fermé, le musée vit ses collections regroupées au quai Branly, dans le nouveau musée voulu par Jacques Chirac, celui dit des Arts Premiers (nom aussi connoté, me semble t il) et rouvert pour devenir la Cité nationale.

Bel Air est donc moins orienté à gauche que les autres quartiers de l’arrondissement.

Il couvre les bureaux 30 à 45.

Lors du premier tour des élections régionales de 2010, dernière consultation référence, si l’on peut dire, nous avions observé les résultats suivants :

Quartier Quinze Vingts (comme précisé plus haut) : PS 29,6 %, Verts 25,3 %, Front de Gauche 7 % ; UMP 21,1 %, FN 5,4 %, Modem 4,3 %.
Soit, sur les trois principales listes de chaque côté un rapport 61,9/28,8.

Quartier Bercy : PS 31,5 %, Verts 21,8 %, Front de Gauche 7,2 % ; UMP 20,4 %, FN 6 %, Modem 4,7 %, soit un rapport 60,5/31,1

Quartier Picpus : PS 29 %, Verts 20,4 %, Front de Gauche 6,5 % ; UMP 25,2 %, FN 6,2 %, Modem 4,2 %, soit un rapport 55,9/35,6

Quartier Bel Air
: PS 27,4 %, Verts 19,5 %, Front de Gauche 6,1 % ; UMP 26,8 %, FN 7,2 %, Modem 4,4 %, soit un rapport 53/38,4.

La marge en faveur des trois premières listes de gauche était donc de 33 points aux Quinze Vingts et de moins de 15 dans Bel Air.
Avec les chiffres du second tour, la situation est la suivante :

Pour la huitième circonscription où Sandrine Mazetier se retrouvera face à Charles Beigbeder, nous avons mis de côté les votes du 20e, avec 3 763 voix contre 1 733, soit déjà un bonus de deux mille suffrages à gauche.

Pour le solde, une fois déduits les Quinze Vingts, qu’avons nous à vue d’œil ?

Tout simplement 13 527 voix de droite pour la liste Pécresse et 21 505 voix pour la liste Huchon.

Pour la huitième circonscription, le rapport de forces est donc de 25 268 voix de gauche contre 15 260 voix de droite, soit un bon 62/38 environ qui ne laisse qu’assez peu de chances à Charles Beigbeder de reprendre le siège de Sandrine Mazetier.

Pour la septième circonscription, comprenant aussi la partie du 11e que nous avons examinée, nous en sommes à la situation suivante :

Gauche : 12 390 voix issues de la partie 11e (la face Ouest des quatre quartiers de l’arrondissement, pour mémoire) et 5 107 voix venues des Quinze Vingts, soit un total de 17 497 suffrages.
Droite : 4 837 voix issues de la partie 11e et 2 477 voix venues des Quinze Vingts, soit un total de 7 314 suffrages.

Nous restons pour l’heure sur un rapport 70/30.

Pour le 12e arrondissement dans son ensemble, notons que la droite est arrivée en tête dans le bureau 17, situé 56 rue de Picpus (quartier de Picpus), et qui regroupe des électeurs domiciliés entre place de la Nation, Avenue de Saint Mandé et cours de Vincennes ; s’est positionnée à égalité avec la gauche dans le bureau 35, situé dans le collège Courteline, avenue du Docteur Netter (quartier Bel Air), regroupant des électeurs domiciliés à proximité de l’hôpital Trousseau ; et s’est donc retrouvée devancée dans les 59 autres bureaux de vote.
A noter parmi ceux-ci le bureau 57, situé 40 boulevard Diderot (quartier Quinze Vingts), où la liste Huchon a obtenu 524 voix sur 700 exprimés, soit 74,9 % des votes.

Dans un quartier proche de l’hôpital Saint Antoine.

Pour boucler l’affaire de la septième circonscription, il nous faut regarder ce qu’il en est pour le 4e arrondissement.

Relativement peu peuplé, ce dernier arrondissement central de Paris, dernier découpage de l’ancienne première circonscription qui regroupait les quatre premiers arrondissements parisiens, compte un peu moins de 30 000 habitants, répartis entre ses quatre quartiers habituels.

Le recensement fait état de 28 192 habitants au 1er janvier 2009 et la population de l’arrondissement a tendance à se tasser.

Le plus peuplé des quatre quartiers est le quartier Saint Gervais, circonscrit entre la rue de Lobau et la rue des Archives à l’Ouest, la rue Rambuteau et la rue des Francs Bourgeois qui le distinguent du 3e arrondissement, la rue de Turenne et la rue Saint Paul qui le séparent du quartier de l’Arsenal, et la Seine au Sud, le long des quais (Hôtel de Ville et Célestins).

Riche de nombreux immeubles remarquables, comme l’Hôtel de Sens, l’Hôtel d’Angoulême (abritant la Bibliothèque historique de la Ville de Paris), l’Hôtel de Chalon Luxembourg, l’Hôtel d’Aumont (Tribunal administratif de Paris), l’Hôtel de Beauvais (Cour administrative d’appel de Paris), ce quartier est la partie du Marais située dans l’arrondissement.

Il présente aussi une particularité : celui de réunir à la fois une partie importante de la communauté juive de Paris, notamment autour de la rue des Rosiers, le quartier abritant notamment le Mémorial de la Shoah rue Geoffroy l’Asnier et, depuis quelques années, une non négligeable communauté homosexuelle, dans la partie occidentale du quartier, singulièrement autour des rues Sainte Croix de la Bretonnerie ou des Blancs Manteaux.

Le second quartier de l’arrondissement, pour la population, est celui de l’Arsenal.

Situé à l’Est de l’arrondissement, il est surtout connu pour abriter l’ensemble urbain exceptionnel de la Place des Vosges, la partie de la place de la Bastille dépendant du 4e (avec la Colonne de Juillet), la Préfecture de Paris, boulevard Morland et le fameux Port de l’Arsenal, port fluvial où se rejoignent, en fait les cours de la Seine et du canal Saint Martin, descendant depuis le Boulevard Richard Lenoir (11e arrondissement) qui recouvre la voie d’eau.

Le troisième quartier qui nous intéresse est celui de Saint Merri, qui comporte deux bâtiments bien connus : d’une part, l’Hôtel de Ville de Paris et d’autre part, le Centre Georges Pompidou, encadré par la rue Rambuteau et la rue du Renard, et au bout de la rue Brisemiche, entre autres.

Le quartier Saint Merri, proche des Halles, en était un peu l’extension populaire, à l’époque de la pleine activité des Halles centrales, et demeure marqué par la présence du poète Robert Desnos qui y a vécu.

Par ailleurs, le quartier comporte aussi le siège de l’Assistance publique de Paris, le Théâtre de la Ville et la Tour Saint Jacques, dernier reste de l’église Saint Jacques de la Boucherie.

Reste le quatrième quartier du 4e arrondissement, le quartier Notre Dame, le plus bourgeois de tous, et qui correspond, en fait, à l’Ile Saint Louis et à la partie de l’Ile de la Cité comprise dans l’arrondissement.

Outre les Hôtels de l’Ile Saint Louis, trois bâtiments retiennent évidemment l’attention : la Cathédrale Notre Dame, la Préfecture de Police sur le quai du Marché Neuf et l’Hôtel Dieu qui se trouve de côté face à la cathédrale.

Sur le plan électoral, Saint Gervais couvre les bureaux 1 à 4 et 14 , l’Arsenal les bureaux 5 à 8, Saint Merri 11 à 13 et Notre Dame 9 et 10.

Les trois premiers quartiers votent à gauche, le dernier à droite.

Aux régionales 2010, le 4e arrondissement a en effet voté à gauche par 5 120 voix contre 3 465.


Mais avec les résultats suivants par quartier

Saint Gervais : Huchon 1 860 voix, Pécresse 1 074 voix, soit 63,4 % pour la gauche.
Arsenal : Huchon 1 634 voix, Pécresse 1 211 voix, soit 57,4 % à gauche.
Saint Merri : Huchon 1 188 voix, Pécresse 621 voix, soit 65,7 % à gauche
Notre Dame : Pécresse 559 voix, Huchon 438 voix, soit 56,1 % à droite.

Regroupé avec le reste de la septième circonscription, le 4e arrondissement offre donc la tendance suivante

Gauche 22 617 voix
Droite 10 779 voix.


Cette septième circonscription, autour de la Bastille et de Notre Dame, ne semble donc pas devoir échapper à la gauche, malgré son caractère pour le moins disparate.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede vudeloin » Mer 1 Fév 2012 19:15

pierrep a écrit:Bon......Vu de près ( et avec du temps ) c'est interessant , mais cela ne devrait il pas figurer dans une rubrique spécifique, genre
" Etudes historiques et géographiques , topographiques et toponymiques de Paris " ? Ainsi le lecteur ayant moins de temps ou désirant voir ça de loin, pourrait se contenter de textes plus brefs , voir plus condensés concrnant LES LEGISLATIVES 2012 A PARIS ...Enfin c'est une simple proposition qui vise à trouver un pis-aller entre le Que sais je? et l'encyclopédie en 48 volumes .... :lol:


Tu n'es pas obligé de tout lire et tu auras juste remarqué que je mets de temps à autre quelques points plus directement politico politiciens en gras, histoire de permettre une lecture rapide...;)

Ensuite, pierrep, tout le monde n'est pas Parisien sur ce forum (je l'espère en tout cas), et replacer quelques sites, monuments ou faits historiques peut, à mon sens (je me trompe peut être), permettre au lecteur de se rappeler telle ou telle image de la capitale.
De même, descendre au bureau de vote, parfois, cela met en évidence, me semble t il, toute la malignité du découpage Marleix.
Ce n'est pas pour rien qu'il a retiré un bout du 9e arrondissement, le découpeur en chef pour le coller avec Montmartre où, de toutes manières, il n'espère rien du point de vue électoral !

Et comme tu m'en offres l'occasion, un petit point rapide.
1ere circonscription : sur le papier, à droite ; 2e circonscription : pareil ; 3e circonscription : à gauche ; 4e circonscription : à droite, bien sûr ! ; 5e circonscription : à gauche, fatalement ou presque ; 6e circonscription : ben, on a vu que c'était à gauche ; 7e circonscription : à gauche ; 8e circonscription : à gauche, désolé, Charlie, no power for Poweo ; 14e circonscription : à droite, bien entendu ! et 15e : à gauche, par déduction...
Total : 4 pour la droite et 6 à gauche pour le moment... Reste donc 8 à voir.
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Re: Les législatives à Paris

Messagede pierrep » Mer 1 Fév 2012 20:46

Sur les ciseaux de Marleix nous sommes bien d'accord cher Vudeloin!!!
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