de vudeloin » Lun 19 Mar 2012 14:51
L’évolution politique de la Lozère est une réalité prégnante depuis environ une bonne grosse quinzaine d’années et notamment l’élection d’un député de gauche sur la seconde circonscription en 1997.
Comme je l’ai toutefois indiqué dans d’autres messages, ce n’est pas une situation tout à fait nouvelle.
En 1946, la vie politique lozérienne était partagée entre le PCF, allié aux Progressistes et notamment à la haute personnalité de De Chambrun et de l’autre côté, le MRP démocrate chrétien, toujours influent sur un territoire qui fut, en grande partie, apanage d’évêque pendant plusieurs siècles.
La Résistance qui a joué un grand rôle en Lozère (le premier Préfet du département après guerre fut Henri Cordesse, issu des rangs des FFI locaux dont il avait pris le commandement) a également influencé les comportements électoraux.
Avec le temps, et notamment après le purgatoire dont souffrirent quelques uns des « indépendants « fort présents en Lozère, l’influence de la droite, appuyé autant sur son élément centriste et démo chrétien que sur l’élément indépendant et paysan, futurs Giscardiens, s’est renforcée.
Ajoutez l’exode rural et la dépopulation et la gauche lozérienne s’est, peu à peu, affaiblie, n’oubliez pas le passage au mode de scrutin uninominal en 1958 et vous avez ce qui s’apparente, de cette date aux années 90 environ à un bastion de la droite.
En 1974, la Lozère est l’un des dix meilleurs départements pour VGE, égalant les départements alsaciens ou d’autres, situés dans la partie Centre Ouest du pays.
Mais le différentiel va peu à peu s’estomper.
Outre l’élection d’un député de gauche en 1997, la gauche obtient 16 209 voix sur 45 517 exprimés au premier tour de 2002.
Le referendum européen, avec la victoire du NON par 53,77 % (22 572 contre 19 409) marqua une nouvelle étape, d’autant que le département avait voté OUI en 1992 (21 495 contre 18 082).
En 2004, avec 60,35 %, le département reste fidèle à Jacques Blanc.
En 2010, il donnera avec 52,8 % au second tour, la majorité à Georges Frèche.
Au premier tour, les différentes listes de gauche et écologistes ont dépassé les 56 %.
Lors de la présidentielle de 2007, le résultat de Sarkozy (31,8 %) se situera légèrement au dessus de sa moyenne nationale, tandis que Ségolène Royal sera en dessous (22,7 %) et Bayrou assez nettement au dessus (21,1 %).
Droite, centre et extrême droite recueillent alors 66,3 % au premier tour.
Au second, Sarkozy l’emporte avec 55,75 % des votes (28 100 voix contre 22 307) mais ne retrouve pas les 34 443 votes allant de Bayrou à Le Pen au premier tour.
L’électorat centriste lozérien semble bien rétif à l’idée de voter pour le candidat de l’UMP.
Les municipales 2008 sont marquées par les succès de la gauche sur Mende ou Langogne tandis que les cantonales de 2008 et 2011 voient le canton de Meyrueis à gauche, comme celui de Grandrieu ou, plus surprenant, celui de Châteauneuf de Randon.
Et l’indéracinable conseiller du Malzieu, Jean Noël Brugeron, avait été petitement élu face au gérant de la Réserve du Bison d’Europe dans le canton éponyme.
Sans oublier la confirmation du basculement à gauche du canton de Sainte Enimie (celui des Gorges du Tarn) et de la présence de la gauche dans la partie cévenole du département, illustré par les scrutins de Florac (PRG seul au second tour), du Pont de Montvert (duel PS/Verts) ou de Saint Germain de Calberte (candidat PCF seul au premier tour obtenant tout de même les voix de près de 40 % des inscrits).
L’évolution sociologique (chute de l’emploi agricole, retour au pays de personnes ayant travaillé ailleurs, arrivée de retraités plus fortunés que les retraités agricoles lozériens mais moins que ceux qui ont les moyens d’aller vivre sur la Côte languedocienne…) ajoute aux problèmes de la droite dans ce département où la gauche fut, tout de même, longtemps cantonnée au réduit cévenol.
Nous verrons bien ce qu’il en sera du 22 avril au 17 juin mais la Lozère terre de mission de la gauche semble bel et bien appartenir au passé.