de vudeloin » Mar 16 Aoû 2011 02:33
La lecture des messages sur la nouvelle sixième circonscription du Val de Marne m'amène naturellement à apporter quelques utiles précisions à l'ensemble des contributeurs...
Tout simplement parce que cette circonscription ressemble trait pour trait à l'ancienne septième circonscription dans le découpage précédent...
Ce qui va nous amener à regarder les résultats de 1981 et ceux de 1978 en regard...
En 1978, Robert André Vivien était arrivé en tête du premier tour avec 15 823 voix, de peu devant Jean Clouet, le maire giscardien de Vincennes, qui avait capitalisé 15 330 voix.
A gauche, le maire communiste ( depuis 1971 ou 1965, chacun vérifiera ) Louis Bayeurte, avait obtenu 12 596 voix ( cela faisait 21 % ) et Jean François Collet, le candidat PS, 9 022 suffrages, soit 15 %.
Des candidats d'extrême gauche avaient fait 1 123 voix, un candidat MRG 841, deux candidats gaullistes 777, deux écologistes 1 224, deux candidats d'extrême droite 1 026 et une candidate féministe et écologiste 2 243.
Au second tour, Robert André Vivien avait gagné avec 34 464 voix contre 23 970 suffrages pour Louis Bayeurte ( rapport 59/41).
En 1981, l'offre politique fut plus réduite, effet patent de la dissolution.
Et la participation électorale connut une baisse par rapport aux présidentielles mais aussi vis à vis des législatives précédentes.
On passait en effet de 60 504 votants en mars 78 Ã 51 853 le 14 juin 1981.
( si je me souviens de la date, voyez vous, c'est uniquement parce que j'étais dans un bureau de vote, non pas à Fontenay ou à Vincennes, mais tout de même ! ).
A droite, Robert André Vivien est le seul candidat, assisté d'un ancien député, Roland Vernaudon, dont la profession déclarée était celle « d'attaché des services extérieurs de la Ville de Paris « .
Ce ticket obtint 25 428 suffrages, soit 49,5 % des exprimés.
A gauche ou autour, si l'on peut dire, on trouvait tout d'abord une candidate du PSU, Catherine Balazs, éducatrice spécialisée, qui fit 644 voix.
On trouvait aussi Albert Bunelier, un sympathique retraité, candidat radical de gauche, doté de 814 voix.
Puis Anne Franchomme une employée écologiste qui fit 1 600 suffrages.
Et le maire de Fontenay sous Bois, Louis Bayeurte, assisté de Vlady Ferrier, élu communiste de Vincennes pendant un certain nombre d'années à compter de 1983, ticket qui obtint 10 599 voix et un pourcentage de 20,6 % très proche de celui de 1978.
Le ticket PS était composé de Marie Françoise Gérard, assistante sociale et de Michel Vergnaud, directeur de coopérative ouvrière.
( une autre époque, en fait, quand on examine le parcours de nombre de candidats aujourd'hui ).
Ils obtinrent 12 276 voix et 23,6 % des suffrages.
N'ayons pas peur de le dire : les deux surprises de l'élection furent à la fois de voir la candidate PS dépasser le candidat PCF, habituel opposant de Robert André Vivien au second tour mais aussi de voir celui ci tenu en échec et contraint d'en passer par un second tour...
C'est que le cumul des scores de 1978 ( Vivien et Clouet ) aurait pu le dispenser de cette épreuve au demeurant assez aisément affrontée.
Puisque le second tour vit Marie Françoise Gérard échouer avec le résultat estimable de 24 345 voix contre 28 275 seulement pour Robert André Vivien.
C'est à dire qu'elle gagna 375 voix sur le score de Louis Bayeurte au second tour de 1978 tandis que le sortant RPR en perdait 6 189...
Pour aller jusqu'au bout de l'analyse, un retour sur le premier tour dans les différents cantons de la circonscription, alors découpés un peu différement.
En effet, si les cantons de Fontenay Est ( ce qui correspond essentiellement au quartier du Val de Fontenay ) et de Vincennes Ouest ( partie de la ville la plus proche de Paris ), comme de Saint Mandé correspondaient grosso modo aux actuels cantons, il n'en était pas de même des deux cantons de Vincennes Fontenay Nord et Sud qui regroupaient, l'un et l'autre, un morceau de chacune des deux villes, découpant la partie Est de Vincennes et la partie Ouest de Fontenay pour tenter d'assembler des secteurs a priori opposés sur un plan politique.
Ce découpage, peu respectueux de la logique urbaine, était le produit du découpage Poniatowski de 1976 et visait concrètement, en ouvrant la possibilité de l'élection de deux conseillers généraux de droite sur les deux ensembles ainsi constitués d'une part à fragiliser la position du maire communiste de Fontenay ( il aurait alors eu deux conseillers généraux sur trois contre lui ) et à peser sur la majorité du conseil général du Val de Marne qui, avant le découpage Poniatowski, se jouait à un siège entre droite et gauche.
Les cantonales de 1976 n'avaient cependant pas empêché le succès du PCF et de la gauche dans son ensemble pour la conquête du Conseil général et celles de 1979 confirmèrent la tendance, notamment avec le basculement du canton de Thiais qui avait pourtant été conçu pour constituer une position de force de la droite val de marnaise en unissant Rungis, Thiais et Chevilly Larue, trois communes à droite en 1976...
Revenons en à nos moutons de 1981 et aux résultats par canton donc...
A Saint Mandé, Robert André Vivien obtint la majorité absolue en faisant 5 917 voix au premier tour sur 9 217 exprimés, laissant la candidate PS loin derrière ( 2 171 ) et plus encore Louis Bayeurte (552).
A Vincennes Ouest, le député RPR fit 5 473 voix sur 9 872, obtenant donc une majorité absolue, là encore, loin devant Marie Françoise Gérard ( 2 736 voix ) et Louis Bayeurte (1 086).
Sur le canton Vincennes Fontenay Nord, le candidat RPR obtint 4 756 voix sur 10 209 exprimés, perdant donc la majorité absolue, sans doute du fait de l'impact de quelques bureaux situés notamment dans le voisinage de Montreuil sous Bois...
Il devançait le candidat communiste, pourvu de 2 493 voix et la candidate PS, nantie de 2 329 voix ( cela m'amuse toujours, désolé, de faire suivre le sigle PS de l'adjectif » nanti(e) » parce que c'est là un oxymore assez intéressant ).
Sur le canton Vincennes Fontenay Sud, par contre, Vivien fit 6 829 voix sur 12 358 suffrages, devançant la candidate PS (2 925 voix) et le candidat PCF (1 869).
Enfin, reste le canton Fontenay Est où Louis Bayeurte réalisa 4 599 voix sur 9 705 exprimés, devançant Robert André Vivien, pourvu de 2 453 voix et la candidate du PS, 2 115 voix.
Selon la formule consacrée, toute ressemblance avec une situation connue ne saurait être tout à fait fortuite et involontaire et semble bien correspondre à une forme de prégnance historique pour le moins affirmée...
Tout juste pourra t on observer que Robert André Vivien, avec un score moyen de 49,5 %, se retrouvait avec moins de 25 % ( c'est à dire la moitié de son score ) dans le canton le plus favorable à la gauche.
Question non tranchée : mauvais reports pour le PS au second tour ou bien retour à la maison d'électeurs plutôt de droite qui avaient voté PS pour écarter le candidat communiste ?
Ensuite, retour sur l'histoire récente.
Prenons les cantonales 2008 et 2011.
On pourrait prendre les européennes ou les régionales, mais toutes choses égales par ailleurs, pourquoi faudrait il accorder aux européennes, marquées par une faible participation ( la plus faible du cycle récent de consultations ) une importance plus grande qu'aux autres scrutins, n'est ce pas ?
Bref, les cantonales.
En 2008, Saint Mandé a élu au second tour ( seulement pourrait on dire ) un conseiller général UMP, Jean Eroukhmanoff.
Au premier tour, celui ci a obtenu 3 036 voix, un divers droite 1 351, la candidate du PS 1 599, une candidate Verte 746 et le candidat PCF 383.
Le canton de Vincennes Ouest a réélu la sénatrice UMP Catherine Procaccia au second tour, là encore, avec un score de plus en plus réduit en termes d'avance.
Au premier tour, la candidate de la droite a fait 3 247 voix, contre 1 568 au candidat PS, 1 422 au candidat Vert Pierre Serne, 929 au candidat du Modem et 346 Ã la candidate PCF.
Au second tour, Catherine Procaccia fut élue avec 3 387 voix contre 2 609 au candidat PS.
C'est à dire la preuve d'une évidente mauvaise volonté des électeurs Verts quant à leur report.
Sur le canton de Fontenay Ouest, élection de la candidate communiste Liliane Pierre, face au candidat UMP Christophe Esclattier.
Celui ci était arrivé en tête au premier tour avec 3 323 voix, contre 2 492 voix pour la candidate PCF, 1 617 voix pour la candidate du PS, 984 voix pour un candidat Verte et 360 pour le FN.
Au second tour, malgré une déperdition de votes PS et Verts, Liliane Pierre était élue avec 3 991 voix contre 3 512 au candidat de droite.
Sur les trois cantons, le premier tour donnait donc 9 606 voix pour l'UMP, 1 351 votes DVD, 929 Modem et 360 FN, soit un total de 12 246 suffrages sur ce côté ci de l'échiquier.
A gauche, on compte 4 784 voix PS, 3 221 voix PCF, 3 152 votes Verts, soit un ensemble de 11 157 suffrages.
En 2011, ont voté les cantons de Vincennes Est et de Fontenay Est.
Dans le premier cas, le PS s'est accordé sur une candidature Verte, celle de Murielle Hauchemaille qui a obtenu 2 077 voix contre 2 999 pour Dominique Le Bideau, candidate de la droite et du centre ( en l'occurrence plutôt du centre d'ailleurs ).
Affaire de femmes que ce canton avec Chantal Madiot, candidate FN, pourvue de 841 voix et Michèle Le Gauyer, candidate PG pour le Front de Gauche, avec 487 voix.
Au second tour, élection de Le Bideau, dans la partie de la ville la plus favorable à la droite.
Pour mémoire et info, lors des régionales de 2010, Vincennes s'est retrouvé avec un 50/50 entre droite et gauche et le canton Ouest a donné une courte majorité à la gauche.
Dans le canton de Fontenay Est, pas de surprise.
Là encore, le PS avait accordé son soutien à une candidate Verte, en l'occurrence Fabienne Bihner mais je sais de quelques sources que l'engagement des militants PS de Fontenay n'a pas été franc et massif auprès de cette candidature.
Et Fabienne Bihner a fait 955 voix, avec un peu plus de 16,5 % des exprimés, prenant la seconde place au premier tour.
Au demeurant, un jeune élu local, Nassim Lachelache, sorti du mouvement local « Fontenay Ecologie « constitué autour de Michel Carré et de son épouse Michèle Perrigueux, expérimentés élus et militants écolos de la localité, s'est présenté et a obtenu 476 voix.
Un ensemble produit de l'influence locale du groupement et d'un vote de transfert de quelques sympathisants socialistes, chi lo sa ?
Un autre élu, d'extrême gauche, Damien Alarcon, a fait 135 voix.
A droite, la candidate unique, sortie du Nouveau centre, a plafonné à 479 suffrages ( 8,3 %), largement devancée par le candidat du FN, pourvu de 845 voix.
Un divers droite a fait 73 voix et le Modem 137.
Tout ce joli monde a pu voir Gilles Saint Gal, le sortant communiste, réaliser 2 664 voix, soit 46,2 % des suffrages, score évidemment à mesurer au regard de l'abstention, mais soit...
Sur les deux cantons de 2011, la droite a donc fait 3 478 voix, le FN 1 686, les divers droite 73 et le Modem 137, soit un ensemble de 5 374 voix.
A gauche, on compte 3 032 voix pour l'ensemble PS – EELV, 3 151 voix pour le PCF – PG au sein du Front de Gauche, plus 476 pour un écologiste divers et 135 pour l'extrême gauche, soit un ensemble de 6 794 voix.
C'est à dire qu'en fait, sur les deux renouvellements cantonaux, la gauche est peut être bien légèrement en avance sur la droite dans ce qui constituait quand même depuis 1958 une sorte de chasse gardée du gaullisme, notamment, le siège n'ayant jamais changé de mains, quelque soit la configuration et le contexte politiques.
Mais rien n'est écrit quant à la qualité du candidat de gauche le mieux à même d'aller poser quelques soucis à Patrick Beaudoin, le maire de Saint Mandé...
Notamment parce que le contexte peut évoluer en 2012.
Pas sûr, par exemple, que le ou la candidat(e) du Front de Gauche commence par tenter de remonter la pente d'un score de 1,93 % aux présidentielles, comme en 2007.
Pas sûr, non plus, qu'il y ait une candidature unique à la fois aux Verts et au PS.
LÃ dessus, je vous donne comme cela mon opinion.
Les socialistes du secteur ont été bien magnanimes ( mais c'était un choix de la Fédération, me semble t il ) de s'effacer dans les deux cantons de 2011 au profit des Verts.
Le résultat n'a pas été probant et le maintien de la candidate écologiste sur Fontenay Est a confirmé la tendance, celle ci n'obtenant que 26,5 % des voix au second tour, battue de plus de 2 200 voix par Gilles Saint Gal.
Je pense qu'ils souhaiteront légitimement présenter leur candidat ( et vu la participation de David Dornbusch à nos échanges, j'ai une vague idée du postulant ) mais je pense aussi que le courant écologiste ne sera pas forcément absent.
Donc, beaucoup de suspense encore là dedans, au delà de la conjecture éventuelle sur le second tour et la qualité présumée des reports.