de vudeloin » Jeu 3 Nov 2011 19:58
Le premier aspect de ces élections 2012, avec le redécoupage intégral du département, c’est évidemment le rejet, par les services de Marleix, du respect de la cohérence territoriale, particulièrement sensible dans Marseille où le découpage ne correspond qu’assez peu aux limites actuelles des arrondissements ( qui sont assez nombreux à se retrouver coupés en morceaux ) et aux cantons qui, déjà , avaient quelque peine à respecter les premiers.
En fait, Marseille se retrouve avec un découpage municipal, y compris pour les élections, un découpage cantonal, pour le conseil général et un découpage législatif, et les trois ne s’accordent pas tout à fait.
Je ne vais pas entrer par trop dans les détails de la situation de Marseille même ( cela mérite un autre message ) mais le fait est que grouper ensemble les 7e et 8e arrondissements d’un côté, faire du 9e le pivot d’un autre siège et réunir de l’autre 14e, 15e et 16e est sans doute le plus sûr moyen d’assurer deux sièges à la droite d’une part et un autre à la gauche.
On aura noté, aussi, que, dans sa fine conception des choses, Marleix a réuni les trois premiers arrondissements ( qui votent tous à gauche depuis une éternité et sont ceux dont la population résidente est la plus modeste de la ville du point de vue des ressources, malgré les opérations de « requalification » urbaine autour d’Euroméditerranée et du Vieux Port ) avec deux morceaux du 5e et du 6e qui se trouvent, de manière générale, être les moins imperméables aux idées de gauche, ce qui procède de la même volonté de « ghettoiser » l’électorat de gauche.
L’autre objectif, avec le siège courant sur les morceaux restants du 6e, du 5e et du 4e, d’implanter durablement en plein centre ville de Marseille un élu de droite.
La bascule se fait évidemment sur le siège de la première circonscription, réunissant un morceau du 10e arrondissement, la totalité du 11e et un morceau important du 12e.
Le 11e, c’est l’arrondissement marseillais le plus concerné par les évolutions urbaines les plus récentes.
C’est celui de la zone commerciale de Plan de Campagne, entre autres…
Et si possible, de pourrir légèrement la position de la gauche sur la 3e circonscription avec la partie du 12e incluse à l’intérieur.
Revenons maintenant au reste du département qui aura, au fil du temps, gagné en importance.
Notamment parce qu’il y une quarantaine d’années, le département ne désignait que 11 députés, dont 8 comprenant une partie de la cité phocéenne et que nous en sommes aujourd’hui à 7 élus pour Marseille et 9 pour le reste du département.
Sur la 8e, groupant Berre l’Etang, Salon et Pélissanne, nous avons 14 communes dont 8 de gauche et 6 de droite, pour trois cantons PS.
Le maire PS de Tonon fut élu en 2008, avec une gauche minoritaire au premier tour, face à l’UMP et les deux autres élus PS l’ont emporté en 2011 face à un candidat du Front National dans les deux cas, la gauche étant majoritaire au premier tour en voix et la droite parlementaire littéralement écrasée ( moins de 13 % dans le canton de Berre ).
Un duel gauche FN est il possible ?
Sur la 9e, le siège porte sur trois cantons là encore, regroupant les communes d’Aubagne, La Ciotat, La Penne sur Huveaune, Gémenos, Roquefort la Bédoule, Cassis, Carnoux en Provence, Cuges les Pins t Ceyreste.
On est là dans un secteur de vieille influence communiste, encore aujourd’hui matérialisée par les mairies d’Aubagne, La Penne sur Huveaune et Cuges les Pins.
Toutes les autres communes sont gérées par la droite et le PS ne dispose donc pas de positions électives dominantes dans ce secteur.
De fait, si le canton Ouest est encore PCF, les deux autres cantons ont vu s’affronter au second tour un candidat de droite et un candidat FN.
Sur le canton de la Ciotat, la gauche était à 37,6 % contre 33,1 % pour l’UMP et 25,3 % pour le FN.
Sur le canton d’Aubagne Est, elle était à 29,9 %, contre 36,2 % pour l’UMP et 28,6 % pour le FN.
En fait, la situation politique locale est un vrai « sac de nœuds « qui fait qu’une participation « normale « des électeurs au scrutin pourrait conduire à une triangulaire pour le moins incertaine.
En fait, si la gauche doit l’emporter, ce sera avec un candidat PCF.
En 1988, avec une gauche minoritaire au premier tour, le maire PCF d’Aubagne, Jean Tardito, avait été élu.
Avant d’être réélu en 1993 et en 1997 par le biais d’une triangulaire.
Dans la 10e, le canton d’Allauch a, évidemment, voté en faveur du PS (le chef lieu est une très ancienne mairie socialiste) en lui donnant 3 540 voix d’avance sur la candidate PCF et en accordant la majorité des suffrages à la gauche.
Le canton de Gardanne, pour sa part, a voté en faveur du candidat PCF en 2008, après avoir donné une majorité absolue à la droite et au FN au premier tour.
L’avance du candidat PCF sur le candidat PS fut réduite (724 voix) et la configuration du canton l’explique pour partie.
Outre la ville minière, le canton comprend en effet la ville de droite de Bouc Bel Air, la mairie DVG de Mimet et la mairie PS de Simiane Collongue.
Le canton de Roquevaire, pour sa part, est très orienté à gauche avec la maire apparentée PS et conseillère générale d’Auriol, Danièle Garcia et le maire apparenté PCF de Belcodène, Patrick Pin.
Auriol a donc une maire PS, tout comme Gréasque ou Peypin, tandis que le PCF gère la Bouilladisse, la Destrousse, Belcodène , Roquevaire et Saint Savournin.
Meyreuil a un maire de droite, si mes souvenirs sont exacts, mais a voté massivement pour le candidat socialiste André Guinde lors des cantonales 2011.
La réalité est donc claire : Richard Mallié ne sera pas réélu dans cette circonscription plutôt portée à gauche où le match PS / PCF peut fort bien être arbitré par Allauch, d’autant que le maire DVD de Plan de Cuques, seconde commune de droite importante sur le secteur, n’est pas vraiment un fanatique partisan de l’UMP.
Dans la 11e, on rentre dans les grands coups de ciseaux.
Si le siège ne recoupe que la partie aixoise du canton, il faut donc en déduire, pour l’essentiel, les communes de Venelles, Vauvenargues et Le Tholonet, qui ont participé à donner 3 475 voix de majorité en 2008 au candidat UMP aux cantonales.
Déduction faite, nous en restons à une avance de 3 208 voix sur Aix.
En 2011, avec une moindre participation, le candidat PS du canton Sud Ouest a devancé le candidat de droite de 1 172 voix sur Aix ville tandis que le canton des Pennes ( Pennes Mirabeau à gestion PS, Cabriès DVG et Septêmes les Vallons PCF ) donnait lieu à un duel PS / FN au second tour.
La gauche a obtenu 7 787 voix sur le canton, le FN 3 526, la droite parlementaire 2 334.
Bon, en résumé, le PS peut viser le siège, d’autant qu’un bon score du FN aurait tendance à peser sur le score du candidat UMP.
Dans la 12e, le siège couvre les communes de Vitrolles (PS), Marignane (DVD guériniste), Saint Victoret (UMP), Châteauneuf les Martigues (PS), Carry le Rouet (UMP), Ensuès la Redonne (DVG), Gignac La Nerthe (PS), Le Rove (PCF), Sausset les Pins (UMP).
La gauche est à moins de 20 % dans le canton de Marignane en 2011, où l’a emporté le maire DVD de la ville ( opposé au FN au second tour), mais à plus de 56 % sur Vitrolles, où le FN supplante la droite.
Même profil sur le canton de Châteauneuf, où le sortant PS a été réélu face au FN, avec une gauche à 50,6 % au premier tour, contre 29,5 % au FN et 19,9 % pour l’UMP.
En résumé, un siège que la gauche peut gagner, notamment parce que la probabilité d’un second tour face au FN n’est pas à exclure.
Dans la 13e, on se retrouve avec les trois quarts d’Istres, Fos sur Mer, Saint Mitre les Remparts, Port Saint Louis du Rhône, Martigues et Port de Bouc.
Trois municipalités PCF, deux PS et une UMP.
Un siège promis à la gauche, une sorte de « bourg pourri « d’une certaine manière, avec les activités industrielles de l’Etang de Berre et d’une partie du bassin camarguais et les solidarités qui peuvent découler de ces activités au plan syndical ou associatif.
Ajoutez une population largement métissée par l’immigration italienne et grecque et vous avez une bonne idée de la situation.
Aux cantonales 2011, court succès du maire PCF dans le canton de Port Saint Louis, qui ne recouvre que ladite commune, avec 1 224 voix d’avance sur le PS.
Aux cantonales 2008, Martigues Est réélit au premier tour son conseiller général PCF, aujourd’hui maire, avec 7 082 voix sur un candidat DVG ; Martigues Ouest fait de même avec 5 543 voix d’avance sur le PS et Istres Sud vote PS en élisant le maire de Fos sur Mer avec 6 244 voix sur le candidat PCF au premier tour.
A noter la présence d’une candidate DVG, Nicole Joulia, qualifiée pour le second tour, élue d’Istres, et proche de François Bernardini, qui obtint 7 754 voix.
On voit très vite le sens du découpage : tout en laissant le siège à gauche, escompter que le vote istréen puisse, éventuellement, priver le PCF du député de l’étang de Berre.
Dans la 14e, le canton de Trets est resté à gauche aux cantonales de 2011, avec environ 50 % au premier tour, 30 % pour la droite et 20 % pour le FN, en gros.
Pour le canton Aix Nord Est, nous avons vu que l’avance de la droite était nette mais plutôt portée sur Aix ville que sur les trois communes annexes où les choses étaient plus équilibrées.
Le canton de Peyrolles en Provence, en 2011, a voté à gauche à plus de 57 %, devant le FN aux alentours de 26 % et l’UMP à 17 %.
Election au second tour du PS.
Enfin, le canton Aix Centre avait donné une courte majorité d’environ 400 voix au second tour à la droite, après un premier tour où la droite classique a fait environ 44 %, le FN un peu plus de 8,5 % et la gauche plus de 47 %.
Bref, une situation assez ouverte où les positions de la droite ne semblent pas assez solides sur les cantons de Trets et de Peyrolles ( malgré les mairies de Jouques, Meyrargues et Peyrolles dans un cas ; celles de Trets, Peynier, Châteauneuf le Rouge, Beaurecueil, Saint Antonin sur Bayon et Fuveau dans l’autre ) pour lui permettre de l’emporter à coup sûr.
Dans la 15e, on se retrouve un peu dans la Vendée provençale.
Châteaurenard a nettement voté à droite en 2008 ( conseillère UMP réélue au premier tour ), Orgon a fait de même.
Par contre, en 2011, Eyguières a reconduit son conseiller PS, victorieux du FN au second tour après un premier tour gauche 59,4 %, FN 27,4 % et UMP 13,3 %...
Lambesc a fait de même, dans la même configuration, avec gauche 61 %, FN 20,8 %, UMP 18,2 %.
Enfin, Saint Rémy de Provence, passé à gauche en 2008, a vu la victoire du PS Hervé Chérubini, avec une gauche à 46,4 % au premier tour, l’UMP à 29,1 % avec les divers droite et FN – extrême droite à 24,5 %.
Autant dire que la réélection du sortant de droite n’est pas assurée, là non plus, à tout coup, les trois cantons PS groupant tout de même l’essentiel des électeurs et l’influence du FN risquant de pénaliser la performance de l’UMP.
Terminons avec le pays arlésien et la 16e circonscription.
Là , nous avons les communes d’Arles, des Saintes Maries de la Mer, de Saint M artin de Crau, de Fontvieille, de Boulbon, Mas Blanc des Alpilles, Saint Etienne du Grès, Saint Pierre de Mézoargues, Tarascon, d’un quart d’Istres et de Miramas.
En termes de population, Arles, mairie PCF, est de loin la commune la plus peuplée (plus de 52 000 habitants), devant Miramas (un peu plus de 25 000, mairie PS), puis Tarascon (plus de 13 000 habitants, mairie droite) et Saint Martin de Crau (environ 11 000 habitants, mairie PS).
Le canton d’Istres Nord est PS, avec une élection en 2008, le candidat socialiste devançant la candidate PCF de 1 606 voix au premier tour et l’emportant au second avec plus de 1 800 voix d’avance sur le candidat UMP.
Le canton des Saintes Maries de la Mer, longtemps PS, a réélu le maire, ancien député UMP, avec 1 327 voix contre seulement 497 au candidat DVG.
Celui d’Arles Est, enfin, a placé en tête Claude Vulpian, le maire PS de Saint Martin de Crau, avec plus de 48 % et 6 131 voix d’avance sur le candidat PCF, arrivé second.
A noter que Claude Vulpian a obtenu 4 035 voix dans sa commune et une avance de 3 745 suffrages sur le candidat communiste, dépassant par là même les 62 % au premier tour.
Détail : il a fait moins de voix dans sa commune au second tour qu’au premier, d’autant qu’il s’est retrouvé seul candidat à ce stade de l’élection…
En 2011, la gauche s’est écroulée sur Tarascon, laissant le DVD Lucien Limousin battre la candidate FN au second tour mais le canton d’Arles Ouest, qui recoupe une part importante du centre historique de la ville et une bonne moitié de la Camargue, a confirmé la position du maire communiste de la ville, Hervé Schiavetti.
Au premier tour, celui-ci est arrivé en tête avec 47 % des voix, devant le FN, légèrement sous les 25 % ( avec un candidat transfuge de la droite ), et une UMP sous les 10 %.
Le PS a perdu de 2 303 voix sur le canton, l’écart en voix étant sans doute réduit par la participation affaiblie.
La vérité des faits commande de dire que la gauche devrait conserver le siège mais le tout est de savoir avec qui.
Le maire PCF d’Arles, qui avait un temps caressé l’espoir d’un mandat sénatorial ?
Claude Vulpian, mais qui a contre lui le fait de ne plus être de la première jeunesse ?
Le maire de Miramas, Frédéric Vigouroux ?
Une non candidature de Vulpian, me semble t il, réduirait assez sensiblement le vote socialiste sur le canton Arles Est, où la cote personnelle de l’intéressé est déterminante.
Penser que la droite, sans doute affaiblie par un score relativement élevé du FN et divisée, notamment sur son point fort, c'est-à -dire Tarascon, puisse gagner le siège semble improbable.
Résumons nous, pour le coup.
La gauche devrait gagner les 3e, 4e et 7e circonscriptions sur Marseille, et pourrait ajouter les 8e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e et 16e en dehors de la cité phocéenne.
Elle peut également, me semble t il, menacer les positions de la droite, dans certaines configurations, dans les 9e et 15e, ce qui est tout de même assez intéressant.
Par contre, il me semble qu’elle n’a aucune chance sérieuse dans les 2e et 6e circonscriptions de Marseille et que la 1ere, comme la 5e, peuvent être autant en balance que les 9e et 15e.
12/16 pour la gauche voire 14/16 ?
Ce serait quand même un drôle de truc, j’avoue…
En 1997, la gauche avait obtenu 8 élus et la droite 8, avec un 3/5 sur Marseille et 5/3 sur le reste du département.
En même temps, tout cela me semble encore une fois dépendre des conditions suivantes : quel résultat de la présidentielle ? quelle place du FN lors du premier tour des législatives ? quelle configuration de élections ( que feront par exemple des élus comme Jean Pierre Bertrand, Eric Le Disses ou encore Lucien Limousin ?) ? quelle participation électorale réelle ?
Nous verrons ce qu’il en est dans les semaines et mois à venir…