de vudeloin » Ven 21 Oct 2011 16:23
Pour bien mesurer les choses ou préparer une évaluation de la situation du printemps prochain, partons de l’élection de 2007 où Nicolas Sarkozy finit par l’emporter avec 53,06 % des voix au second tour et un peu plus de 2,2 millions de voix d’avance sur Ségolène Royal.
La candidate socialiste était, cependant, arrivée en tête dans un certain nombre de départements, comme nous allons le voir.
Région par région, les résultats avaient été les suivants
Alsace : Sarkozy 65,5 % avec 65,6 % dans le Bas Rhin, 65,4 % dans le Haut Rhin
Aquitaine : Royal en tête sur l’ensemble de la région (51,7 % des voix), avec 53,4 % en Dordogne, 51,7 % en Gironde, 52,8 % dans les Landes, 52,5 % dans les Pyrénées Atlantiques, seul le Lot et Garonne choisissant Sarkozy à 54 %.
Auvergne : Royal en tête avec 50,6 % sur l’ensemble de la région, grâce à l’Allier (51,2 %) et au Puy de Dôme (54 %), le Cantal (55,8 %) et la Haute Loire (54,2 %) préférant le candidat de l’UMP.
Bourgogne : la région avait massivement voté Sarkozy à 54,3 %, grâce aux scores de la Côte d’Or (56,1 %), de la Saône et Loire (52,9 %) et de l’Yonne (58,7 %).
Seule la Nièvre, vieille terre de gauche et notamment mitterrandiste, avait voté Royal à 52,9 %.
Bretagne : signe de temps changeants, Ségolène Royal l’avait emporté avec 52,6 % sur l’ensemble de la région.
Elle était arrivée « naturellement « en tête dans les Côtes d’Armor (55,5 %), mais aussi dans le Finistère (53,9 %), et dans l’Ille et Vilaine (52,4 %).
Seul le Morbihan (51,1 %) avait voté pour Sarkozy mais, comme on l’aura remarqué, avec un score inférieur au score national.
Centre Val de Loire : la région avait nettement choisi le candidat de l’UMP (avec 55 % des voix), et l’avait notamment placé en tête dans l’Eure et Loir (58,2 %), l’Indre et Loire (52,7 %), le Loir et Cher (55,9 %) et le Loiret (58,5 %).
Même le Cher, malgré sa tradition de gauche, avait voté Sarkozy avec 51,4 %.
Du coup, seule l’Indre avait placé en tête la candidate du PS avec 50,2 %
Champagne Ardennes : triomphe de Nicolas Sarkozy avec 58,5 %, le candidat de l’UMP réalisant le grand chelem sur les quatre départements : Ardennes (53,5 %), Aube (61,7 %), Marne (59,2 %) et Haute Marne (59,1 %).
Dans les quatre cas, notons que nous sommes au dessus du score national.
Corse : victoire écrasante de Sarkozy avec 60,1 %, avec un score de 61,7 % en Corse du Sud et de 58,8 % en Haute Corse.
Franche Comté : Sarkozy victorieux avec 55,5 % sur l’ensemble de la région, grâce à un autre grand chelem, avec 55,8 % dans le Doubs, 55 % dans le Jura, 55,8 % en Haute Saône et 54,8 % dans le Territoire de Belfort.
Comme en Champagne Ardennes, on sent qu’une certaine campagne ( le « travailler plus pour gagner plus » ) avait pu rencontrer un écho dans la Région.
Languedoc Roussillon : succès également pour Nicolas Sarkozy avec 54,1 % de par son score dans le Gard (56,1 %), l’Hérault (54 %), la Lozère (55,7 %) et les Pyrénées Orientales (55,7 %).
Seule l’Aude a résisté à la vague UMP avec un score de 51,9 % devenant de plus en plus faible au fur et à mesure qu’on se rapprochait de la côte…
L’évolution sociologique globale de la Région ( exode des jeunes sans emploi et arrivée massive d’une population de retraités parfois relativement aisés ) s’est traduite dans le scrutin de 2007.
Limousin : le vote Royal fut majoritaire en 2007 avec 54,6 % des votes, ce qui regroupait des scores de 53 % en Corrèze, 53,3 % en Creuse et 56,2 % en Haute Vienne, un grand chelem à gauche à l’image d’une Région à forte tradition républicaine.
Lorraine : succès du candidat UMP avec 54,6 %, fondé sur sa performance dans la Meuse (56,9 %), en Moselle (56,6 %) et dans les Vosges (54,7 %).
Nicolas Sarkozy l’avait même emporté en Meurthe et Moselle avec 51,1 %, malgré les scores encore respectables de Ségolène Royal dans le Pays Haut.
Midi Pyrénées : Ségolène Royal l’avait emporté avec 53,3 % des votes.
Elle était arrivée en tête en Ariège (59,6 %), en Haute Garonne (54,5 %), dans le Gers (52,5 %), le Lot (56,4 %), les Hautes Pyrénées (57,4 %) et le Tarn (50,7 %).
Le candidat UMP était en tête en Aveyron (50,8 %) et dans le Tarn et Garonne (53 %).
Nord Pas de Calais : la Région avait basculé à droite, donnant 50,3 % au candidat UMP, de par son score de 51,75 % dans le Nord, celui-ci contrebalançant les 52 % de Royal dans le Pas de Calais.
Basse Normandie : succès sans difficulté de Sarkozy avec 54,2 %, avec 51,2 % dans le Calvados, 56,2 % dans la Manche et 57,7 % dans l’Orne, dans un ordre assez traditionnel dans cette Région.
Haute Normandie : victoire du candidat UMP avec 52,5 %, basés sur un score de 57,4 % dans l’Eure et de 50,2 % en Seine Maritime.
A ce stade, nous avons 40 départements à droite et 22 à gauche.
Pays de Loire : succès plus étroit de Sarkozy avec 51,7 %.
Le candidat de l’UMP l’emporte en Maine et Loire (54,1 %), en Mayenne (55,4 %), en Vendée (57,1 %).
Il gagne de peu dans la Sarthe (50,4 %).
Ségolène Royal a arraché la Loire Atlantique (52,8 %) et, de fait, évité le grand chelem sarkozyste dans cette Région.
Picardie : la vieille région industrielle a voté Sarkozy à 54,5 %, celui-ci cumulant des scores de 53,4 % dans l’Aisne, 58,3 % dans l’Oise et 50,5 % dans la Somme.
Poitou Charentes : la terre d’élection de Ségolène Royal l’a placé en tête avec 51,3 %, un pourcentage porté par la Charente (52,9 %) et les Deux Sèvres (54,8 %).
La Charente Maritime est restée à droite (51,9 %) tandis que la Vienne de Jean Pierre Raffarin a voté Royal (51,4 %).
Provence Alpes Côte d’Azur : signe du fort rassemblement de votes de retraités en sa faveur, Nicolas Sarkozy avait largement remporté l’élection dans la Région en obtenant une moyenne de 61,8 % des suffrages, second score régional au plan métropolitain.
Cette moyenne était due aux scores des Alpes de Haute Provence (53,2 %), des Hautes Alpes (53,7 %) et des Bouches du Rhône (58 %) mais surtout à ceux des Alpes Maritimes (68,1 %) et du Var (65,5 %).
Le Vaucluse (60,7 %) complétait le grand chelem sarkozyste dans ce Sud Est méditerranéen.
Rhône Alpes : 56,3 % pour Nicolas Sarkozy dans cette Région importante du pays.
Le score du candidat de l’UMP atteignait 60,5 % dans l’Ain, 54,9 % dans la Drôme, 54,4 % dans la Loire, 57,1 % dans le Rhône, 57,3 % en Savoie et culminait à 63 % en Haute Savoie.
Aucun département ne votait pour Ségolène Royal, puisque Sarkozy gagnait en Ardèche (avec 51,6 %) et dans l’Isère (52,1 %).
En Ile de France, la situation était claire.
Majorité pour Sarkozy, avec 52,5 % des voix et gauche cantonnée sur ses bastions de la petite couronne.
Le candidat UMP était en tête sur la Seine et Marne (56,25 %), les Yvelines (58,7 %), l’Essonne (52,1 %), le Val d’Oise (52,3 %).
Il gagnait bien évidemment dans les Hauts de Seine (55,65 %), de justesse à Paris (50,2 % et moins de 4 000 voix d’avance), et échouait de peu dans le Val de Marne (49,8 % et 2 400 voix de débours), plus nettement en Seine Saint Denis (43,5 % et près de 74 000 voix de retard).
Sur l’ensemble de la métropole, le candidat de droite est donc arrivé en tête dans 68 départements, n’en laissant que 28 à la candidate socialiste.
Ces 28 départements sont :
Dordogne, Gironde, Landes, Pyrénées Atlantiques, Allier, Puy de Dôme, Nièvre, Indre, Côtes d’Armor, Finistère, Ille et Vilaine, Aude, Corrèze, Creuse, Haute Vienne, Deux Sèvres, Vienne, Charente, Val de Marne, Seine Saint Denis, Pas de Calais, Loire Atlantique, Ariège, Haute Garonne, Gers, Lot, Hautes Pyrénées et Tarn.
Sur ces 28 départements, on notera que tous, à l’exception de la Vienne et de l’Indre, ont un conseil général présidé par un élu de gauche.
Qu’ils sont également largement représentés à l’Assemblée Nationale par des élus de gauche.
Sur un total de 154 sièges actuellement répartis dans ces départements, la gauche en détient 114 ( 106 élus SRC et 8 élus GDR dont 2 EELV ), la droite et le centre 40 (32 UMP, 5 NC et 3 NI dont 2 Modem).
Nonobstant le découpage Marleix, la gauche peut envisager gagner un nombre réduit de positions dans ces départements, singulièrement dans le Val de Marne où la droite avait obtenu 8 sièges de député sur 12 en 2007.
A noter qu’au Sénat, la gauche est également très influente dans cette série de départements, avec 51 élus du groupe PS – EELV, 6 élus CRC, 5 élus RDSE – PRG, soit un total de 62 sièges face à 2 Modem, 2 Nouveau centre et 19 UMP, soit 23 sièges.
En 2007, la gauche disposait de 47 élus dans cette série de départements et elle a donc accru sa représentation de 15 sénateurs entre les renouvellements 2008 et 2011.
De fait, si le candidat de gauche du second tour de la présidentielle est élu, on retrouvera normalement ces 28 départements dans la liste de ceux qui auront voté pour lui.
Il y ensuite un ensemble de départements où la candidature Sarkozy avait atteint un score compris entre 50 et 53 %.
Ce sont les suivants :
Saône et Loire, Morbihan, Cher, Indre et Loire, Meurthe et Moselle, Aveyron, Tarn et Garonne, Nord, Calvados, Seine Maritime, Sarthe, Somme, Charente Maritime, Ardèche, Isère, Essonne, Val d’Oise, Paris, soit un ensemble de 18 départements.
13 de ces départements ont un exécutif de gauche aujourd’hui, avec des départements qui ont basculé depuis 2007 (Cher, Indre et Loire, Somme).
Au Sénat, les renouvellements 2008 et 2011 ont largement rééquilibré les forces en faveur de la gauche qui dispose désormais de 31 élus PS et apparentés, 9 élus CRC et 3 RDSE – PRG dans cet ensemble de 18 départements, soit 43 élus.
La droite et le centre ne peuvent plus compter que sur 26 élus UMP, 7 UC et 1 NI, soit 34 élus.
Entre 2008 et 2011, la gauche a gagné des élus dans le Morbihan (2), l’Indre et Loire (1), l’Aveyron (2), le Nord (1), l’Ardèche (1), l’Isère (1) et Paris (1) soit au total 9 gains.
La situation des députés sortants de 2007 dans cette série est assez différente : on compte en effet 54 élus SRC et 9 élus GDR, soit 63 sièges dans cet ensemble alors qu’on dénombre 72 députés UMP, 4 Nouveau centre et 2 NI, soit au total 78 élus de droite.
Une bonne partie de l’issue des législatives 2012 est sans doute concentrée dans ces départements car le différentiel actuellement favorable à la droite devrait se modifier, singulièrement dans l’Essonne et le Val d’Oise où les positions de l’UMP me semblent les plus en cause.
Restent enfin les 50 départements métropolitains qui avaient donné une nette majorité au candidat Sarkozy.
Certains de ces départements sont aujourd’hui gérés par la gauche : l’Ain, l’Aisne, les Alpes de Haute Provence, les deux départements corses, le Doubs, la Drôme, le Gard, l’Hérault, le Jura, la Loire, le Lot et Garonne, l’Oise, les Pyrénées Orientales, la Haute Saône, la Seine et Marne, le Vaucluse, soit un bloc de 17 départements où les élections municipales, cantonales, régionales, sénatoriales ont conduit à renforcer la gauche et affaiblir la droite.
On y compte ainsi 28 sénateurs de gauche contre 19 de droite et du centre, mais on y trouve aussi 13 députés de gauche pour 61 de droite et du centre.
Autant dire que nombre de sièges en bascule seront dans ces départements.
Il importe ici de noter que si le candidat de gauche obtient 55 % des suffrages au second tour, il réalisera une performance améliorée de 17 % sur 2007.
Cela signifie, par exemple, qu’à 45 % ; Sarkozy réduira son score de 16 % en moyenne partout.
C'est-à -dire que dans tout département où le score 2007 se situe entre 50 et 58 % pour Sarkozy, le second tour 2012 peut conduire à voir le candidat de gauche en tête.
Alors imaginez ce que cela pourrait donner aux législatives de n’avoir, après la présidentielle, qu’une poignée de départements favorables à la droite : Alpes Maritimes, Aube, Eure et Loir, Loiret, Marne, Haute Marne, Bas Rhin, Haut Rhin, Haute Savoie, Var, Yonne, Yvelines soit moins d’une quinzaine.
La représentation parlementaire de ces départements est majoritairement de droite ( il n’y a que deux députés de gauche dans la liste de départements ci-dessus ) mais la position peut être entamée, même là …
Nous pouvons donc regarder désormais les positions de la droite par ensemble de départements, maintenant que nous avons défini les quatre catégories : départements de gauche, départements de droite avec avantage réduit, départements de droite avec avantage normal, départements de droite forte.
Première catégorie : 28 départements
Seconde catégorie : 18 départements
Troisième catégorie : 17 départements gérés à gauche + 21 à droite
Quatrième catégorie : 12 départements.