de vudeloin » Ven 14 Jan 2011 12:26
Beaucoup de frénésie ou beaucoup d’imagination, ou les deux en même temps, je ne sais pas trop…
Bon, faisons le point.
VOYNET ne se représente au Sénat ( où l’on pourra regretter la qualité de sa syntaxe et de son expression ), peut être bien parce qu’elle pense pouvoir revenir au Palais Bourbon où elle représenta quelques jours le Jura en 1997, en allant chercher la circonscription de Montreuil en 2012, toujours détenue par son ennemi intime, le député apparenté communiste Jean Pierre BRARD.
Regardons un peu à droite et au centre.
Il y a six sièges en Seine Saint Denis et plus de 2 000 grands électeurs.
En clair, le quotient se situe aux alentours de 350 voix pour un élu et, de ce point de vue, je ne vois encore, malgré les mouvements divers, que la liste PS – Verts et la liste PCF pour dépasser ce seuil d’office au premier partage.
Selon mes estimations ( assez proches de celles de l’ami Salvat ), la gauche pèse, malgré le sketch noiséen, 1 330 voix environ dans le collège des délégués municipaux ( et cela ne s’arrange pas avec les parlementaires, conseillers généraux et régionaux ) et la droite et le centre 670.
En 2004, dernière consultation, droite et extrême droite avaient recueilli 758 suffrages, et les différentes listes de gauche 1 145.
On est donc sur un profil assez nettement différent ( moins 80 à 90 votes d’un côté, près de 200 votes de plus de l’autre ).
Le centre, au sens large du terme – si l’on peut m’excuser ce paradoxe – détient les plus importantes mairies gérées par l’opposition départementale ( Epinay, Drancy, Noisy le Sec ).
Mais tous les conseillers municipaux de ces villes ne sont pas centristes ( il leur arrive même d’être candidat ou candidate UMP ) et l’on ne peut, par conséquent, accorder d’office les 230 suffrages que représentent les municipalités centristes du département à l’actif d’une liste centriste.
Je vois mal, pour donner un exemple précis, Olivier DELEU, chef de file de l’UMP à Noisy le Sec – et chargé de mission auprès du Président de Voies Navigables de France, si je ne m’abuse – voter sans état d’âme pour un sénateur centriste, maire du Bourget.
Surtout quand son épouse, après avoir longtemps servi d’assistante parlementaire à Philippe MARINI, rapporteur général du Budget au Sénat, travaille aujourd’hui chez LAGARDE, mais à Bercy…
Et la même remarque vaut pour Brigitte ESPINASSE ou Thierry KONIECZNY à Epinay sur Seine…
Se pose ensuite la question suivante : l’UMP va-t-elle vouloir perdre son second siège, en ouvrant la place aux centristes ?
Scénario peu vraisemblable surtout que quelques uns des enjeux du scrutin de septembre 2011 dépassent les limites de la Seine Saint Denis et que chaque voix comptera quand il s’agira d’élire, le 1er octobre, le Président du Sénat…
En 1995, l’UMP avait initié, dans le département, le coup de la liste dissidente.
Il y avait une liste officielle, menée par feu Robert CALMEJANE, Maire de Villemomble et bref député ( entre 68 et 73 ) du département, avec Ernest CARTIGNY, conseiller municipal d’Aubervilliers et Vice Président RDSE de droite du Sénat et une liste dissidente menée par Christian DEMUNYCK, Maire de Neuilly Plaisance et alors député.
Le RPR avait, intelligemment, si l’on peut dire, réparti ses voix sur les deux listes et le sortant centriste avait été remplacé avantageusement par un dissident qui avait bien entendu réintégré aussi sec le groupe parlementaire.
Nous avions en effet eu 668 votes pour la liste PCF, 469 pour la liste PS, 356 pour la liste officielle d’union RPR – UDF et 257 pour la liste dissidente.
Le tout sur un ensemble de 1 928 suffrages, notamment impacté par la présence d’une liste du Front National, pour lequel le scrutin de 1995 avait constitué le pic d’influence aux élections locales dans le département.
En résumé, sachant que la droite ne pouvait obtenir que deux des six sièges, le RPR avait donc joué au « billard à trois bandes « pour se les réserver.
Pour mémoire, encore, je rappellerai qu’à la surprise de quelques uns, René MONORY s’était retrouvé rejeté du « plateau « de la Présidence du Sénat et qu’il avait remplacé, une semaine après les sénatoriales, par Christian PONCELET.
Tout cela pour dire que l’UMP, largement contrôlée par les ex RPR dans le département, ne me semble pas désireuse de faire une place au Centre.
Et que le vieux proverbe du ‘ » jamais deux sans trois « va se mettre en œuvre, et que deux listes UMP risquent de voir le jour face à la liste centriste.
Ce jeu audacieux risque toutefois de se confronter à un autre danger : celui de voir la gauche aller quérir un cinquième élu…
Ceci dit, peut être que cette perspective est déjà intégrée dans la tête des élus UMP, ce qui justifierait d’autant d’aller devant les électeurs avec deux listes différentes, histoire de ratisser large et, au besoin, d’éviter ce que l’on voit quelquefois dans certaines villes de gauche de la banlieue, c'est-à -dire un vote à gauche des élus d’opposition lors des sénatoriales.
Deux trois autres points, au passage, dans cette note un peu longue, j’en conviens.
Un, il n’a jamais été établi que les électeurs FN de Seine Saint Denis aient été d’anciens électeurs communistes.
Un examen plus attentif de certaines données locales – quand on descend au niveau du bureau de vote, en particulier – montre que le FN a, dans ses années de splendeur électorale, souvent tiré parti de la faiblesse organique de la droite ( voir les municipales de 1995 à Saint Denis où la droite classique, n’ayant aucune chance d’être élue dans une ville de ce type, arrive à se présenter sur deux listes concurrentes ! ), et notamment de la trame trop légère de ses réseaux et que ses points forts ont souvent été les quartiers plutôt conservateurs ( à l’échelle de certaines villes, c’est quand la droite dépasse les 35 % ) des mêmes localités.
L’abstention n’arrangeant rien, le résultat peut être spectaculaire.
J’avais ainsi noté, en lisant la presse locale, que les bureaux de vote de la Plaine Saint Denis ( avant l’opération de requalification menée à compter de la réalisation du Stade de France ) pouvaient accorder jusqu’au tiers des suffrages aux candidats frontistes.
Mais ils votaient en proportion moindre que les autres quartiers de la ville de Saint Denis ( déjà pas toujours flamboyants de ce côté ci ) et n’avaient jamais constitué de « bastions « du vote communiste.
Le débat reste ouvert mais la force du FN a aussi été de disposer d’un réseau de sections et de militants organisés, un temps, sur ce département.
En 2008, tout cela a disparu, puisque le Front n’a présenté aucune liste aux municipales.
Deux, la population séquano dionysienne est extrêmement changeante et la permanence des résultats électoraux est donc une donnée assez peu nettement établie.
Les renouvellements de population sont constants : on arrive jeune fonctionnaire de province et on est nommé en banlieue ou à Paris, mais c’est dans le 93 qu’on vous attribue votre premier logement ; on est ancien habitant d’un taudis parisien et l’on trouve enfin un logement social par le 1 % patronal, mais c’est à Saint Denis, Bondy ou Aulnay sous Bois, et caetera.
De fait, chaque élection est un nouveau combat pour chaque parti politique qui ne peut compter que sur ses propres forces du moment donné pour rassembler un électorat le dimanche du vote.
Chaque force a un socle de voix, plus ou moins conséquent, et elle cherche donc, à chaque fois, à le bonifier de quelques « nouveaux « électeurs…
Trois, sur la féminisation du Conseil général, je crois qu’elle n’est pas absente aujourd’hui, pour peu que je me souvienne, pas plus que la diversité ( horrible concept ), puisque le conseiller de Stains s’appelle Azzedine Taibi, celui de Saint Denis Nord Est Bally Bagayoko, celle de Saint Denis Nord Ouest Florence Haye et j’en passe…
J’allais oublier Abdel Sadi à Bobigny ou Evelyne Yonnet à Aubervilliers…
Quatrième et dernier point, j’ai indiqué plus haut que la gauche était, finalement, plus forte aujourd’hui qu’en 2004.
Mais elle est aussi plus diverse, avec une relative augmentation des élus et des voix de EELV, mais aussi un nombre croissant d’élus de gauche sans étiquette affichée.
Et comme le PS , le PCF et les Verts sont traversés de courants divers, bon courage à celui qui peut dire exactement comment les voix se répartiront, même si je pense que la liste PS devrait accroître l’écart avec la liste PCF.